Africa-Press – Comores. En seulement quelques années, la situation du paludisme à Anjouan a connu une évolution inquiétante. En 2019, les services de santé de l’île enregistraient environ 50 cas par an, un niveau relativement maîtrisé grâce aux campagnes de prévention et aux efforts de dépistage. Mais dès 2023, la dynamique a changé et plus de 200 cas ont été recensés, marquant une remontée brusque de la maladie. L’année suivante a été encore plus alarmante, avec près de 500 cas enregistrés, soit un niveau dix fois supérieur à celui d’il y a cinq ans.
Pour 2024, la tendance reste préoccupante. Jusqu’au mois d’octobre, les équipes sanitaires ont déjà comptabilisé 471 cas, soit presque autant que l’année précédente, et l’année n’est même pas terminée. En résumé, bien que le total n’ait pas encore dépassé le record de 2023, la hausse reste constante, confirmant une progression dangereuse. Selon le docteur Idrisse Abdoussalam, point focal du Programme insulaire de lutte contre le paludisme à Anjouan, cette évolution suscite une profonde inquiétude parmi les responsables sanitaires. Contrairement aux attentes, le nombre de personnes touchées ne diminue pas, et reste comparable aux niveaux préoccupants de l’année passée. Pour lui, « la maladie demeure bien présente dans le pays », malgré les efforts mis en œuvre pour la contenir.
Lors d’un point de presse, le docteur Abdoussalam explique que « la majorité des cas recensés ne sont pas autochtones, mais proviennent des îles voisines, notamment Ngazidja et la Tanzanie, où la circulation du parasite reste active ». Ce phénomène complique la lutte où les patients arrivent déjà infectés, alimentant une transmission que les autorités tentent d’interrompre depuis plusieurs années. Face à cette situation, la direction régionale de la santé d’Anjouan a renforcé son dispositif. Des agents sanitaires ont été déployés aux frontières, en particulier dans les ports et points de transit fréquentés. Leur mission: sensibiliser les voyageurs, les informer sur les risques et surtout les encourager à se faire dépister gratuitement. « Ce sont souvent les personnes qui effectuent la traversée qui ramènent le paludisme dans le pays » , souligne le docteur Abdoussalam, insistant sur la nécessité de dépistages réguliers.
La prévention repose également sur un geste simple mais crucial: dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide. Cet outil, largement distribué lors des campagnes nationales, demeure l’un des moyens les plus efficaces pour stopper la transmission. Le point focal du Programme de lutte contre le paludisme réaffirme que « la direction régionale de la santé ne ménage aucun effort. Elle multiplie les actions, les contrôles et les sensibilisations, mais appelle à une mobilisation collective ». Car sans la participation active de la population, dépistage, prévention, usage des moustiquaires, les chiffres continueront d’augmenter.
Et en 2024, avec 471 cas déjà recensés, le message est clair: la vigilance n’a jamais été aussi nécessaire. À insister, selon encore Dr Idrisse que depuis 2014, on a enregistré 0 cas d’origine anjouanaise. Tous ces cas sont importés des îles voisines, c’est ainsi que la vigilance doit être doublée dans les frontières de l’île.
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