Affaire « maoulid de Mbeni » : Opposition et société civile condamnent l’usage disproportionné de la force

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Affaire « maoulid de Mbeni » : Opposition et société civile condamnent l’usage disproportionné de la force
Affaire « maoulid de Mbeni » : Opposition et société civile condamnent l’usage disproportionné de la force

Africa-Press – Comores. Les violences policières qui ont émaillé la semaine dernière la cérémonie religieuse de maoulid de la ville de Mbeni, causant une vingtaine de blessés et d’importants dégâts matériels, ont soulevé l’indignation de l’opposition et de la société civile.

Une ferme condamnation des actes de vandalisme mais surtout de l’utilisation excessive de la force publique pour disperser une foule de civils non armés.

Suites aux évènements qui se sont produits à Mbeni le 12 octobre dernier, une vingtaine de personnes ont été blessées dont douze par balles, selon plusieurs sources concordantes de la ville, dans une altercation entre les jeunes et un détachement de militaires.

La ville a été coupée du reste de l’ile jeudi et vendredi derniers, et l’on parle de plusieurs dizaines d’arrestations, et des maisons saccagées.

L’opposition tout comme la société civile condamnent ferment les actes de vandalisme et le comportement « irresponsable et inhumain » de l’armée.

Le parti Ulezi par la voix de son secrétaire général Natuk Mouzaoir, s’indigne et monte au créneau.

« Je ne peux pas comprendre qu’à chaque intervention dans une localité, elle utilise automatiquement des balles réelles pour tuer ! Qui donne l’ordre de tirer ? N’y-a-t-il pas une graduation dans les interventions ou elle a changé de doctrine ? Notre institution n’est-elle pas dotée d’armes de dispersion et dissuasion des foules ? Sont autant de questions qu’un responsable politique doit se poser », s’interroge-t-il, tout en appelant les autorités à calmer la situation et arrêter de mettre de l’huile sur le feu.

« Le peuple comorien a beaucoup souffert de l’État répressif ! Une enquête impartiale doit être diligentée dans les plus brefs délais pour qu’une chaîne des responsabilités soit établie et que chacun réponde de ses actes.

L’État de droit doit reprendre place pour que les Comores redeviennent un havre de paix où il fera bon vivre », ajoute-t-il.

Même son cloche pour le président du CNT Mouigni Baraka Saïd Soilihi, qui déplore l’intervention des militaires pour le maintien de l’ordre.

Il se doute même de la pertinence d’un arrêté qui interdit le Maoulid Nabawi dans la journée alors que les heures propices ont toujours été les après-midi.

« Quel est le mobile recherché ? Cela fait plus de 20 ans que la ville de Mbeni célèbre le maoulid à 16 heures.

Le fait de prendre un arrêté spécialement pour viser la ville de Mbeni, je pense que c’est un acte vraiment irresponsable.

Cela démontre que ces gens ne se soucient ni du pays ni de ses résidents.

Un dialogue serein et transparent entre les comoriens est notre seule solution.

Tous ces actes laissent place à la haine, à la rancune, à des blessures entre comoriens », prévient-il, en rappelant les évènements douloureux de Ntsoudjini, Ikoni, Bahani et Ndzaouze.

Malheureusement, aucune correction ni sanction n’a été prise à l’encontre des militaires auteurs de ces bavures.

« Sont-ils en mesures de justifier ces ordres de missions ? Au lieu que le Chargé de la défense se félicite, il doit recadrer les militaires sur les limites à ne pas franchir.

Je ne pense pas qu’il est autorisé au militaire de vandaliser des maisons ou d’arrêter tout le monde.

Je me joints aux comoriens et aux résidents de Mbeni pour condamner ces actes », poursuit-il.

Mouigni Baraka déplore aussi les actes de vandalisme des jeunes de Mbeni.

« Aujourd’hui des frères à l’instar de Dr Abdoulhakim, quelle que soit la couleur politique ont été privés de leur bien et ont nulle part pour dormir », regrette celui qui appelle au bon sens et à la libération de la ville de Mbeni et des personnes arrêtées.

Quant au Front commun des forces vives, il parle d’une agression dirigée non seulement contre la ville de Mbéni, mais aussi et surtout contre tous les comoriens.

« Tous ces dérapages, toutes ces bavures, tous ces crimes et cette manière de gouverner sont inacceptables, nous les condamnons sans réserve.

Que les auteurs de ces actes, ces crimes odieux sachent qu’ils auront un jour à rendre des comptes devant la justice », dénonce-t-il, tout en lançant un appel pressant et solennel à tous les hommes et les femmes épris de paix et de liberté à se mobiliser pour faire régner l’ordre, la liberté et la justice.

Interrogée par La Gazette des Comores, la Commission nationale des droits de l’homme et des libertés se veut prudente.

« Nous sommes en train de rassembler les éléments qui ont causé ces violences extrêmes.

Dans les deux camps, il y a de la responsabilité mais nous en parlerons dans les prochains jours », tente de rassurer Mme Sittou Raghadat Mohamed, la présidente de la CNDHL.

En parlant de responsabilité, le président du Réseau jeunes leaders pour la paix Chamsoudine Said Mhadji déplore les actes qui se sont produits à Mbeni.

Militant de la paix, il n’a pas manqué de souligner que le plus difficile reste à faire.

« Depuis mercredi nous sommes à l’écoute.

Nous avons même appelé afin de s’imprégner de la situation.

Le plus dur reste à affaire, nous espérons faire regagner la paix pour que tout redevienne à la normale même si nous savons que cela va être très difficile », déclare-t-il.

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