Azali À la Présidence de L’Ua: Bilan Positif Attendu

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Azali À la Présidence de L'Ua: Bilan Positif Attendu
Azali À la Présidence de L'Ua: Bilan Positif Attendu

Mohamed Ali Nasra

 

Africa-Press – Comores. Pendant une année, les Comores ont occupé la présidence tournante de l’Union africaine, une première historique pour un État insulaire. Ce mercredi 4 juin à Moroni, le président Azali Assoumani a dressé le bilan de ce mandat, qu’il décrit comme « courageux et visionnaire ».

Saluée par de nombreuses voix de la diplomatie africaine, cette présidence soulève toutefois des interrogations au sein de l’opinion comorienne: quelles retombées concrètes pour le pays? Et que restera-t-il des engagements pris? Face à un parterre de diplomates et de représentants du monde éducatif, le chef de l’État est revenu sur les moments marquants de son mandat à la tête de l’Union africaine (UA) en 2023. Il a évoqué « un immense défi relevé », une « audace d’exprimer tout haut ce que l’Afrique pense tout bas », mais surtout, il a insisté sur les « graines semées pour l’avenir du continent ». Dans son allocution, le président Azali Assoumani a mis en exergue plusieurs avancées de son mandat à la tête de l’Ua: l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), la reconnaissance accrue des États insulaires dans les négociations climatiques, l’appui à la jeunesse et à l’entrepreneuriat africain, ainsi que les efforts pour « faire taire les armes » sur le continent. « Nous avons semé les graines qui, je l’espère, porteront demain les fruits de la transformation de l’Afrique », a-t-il affirmé avec optimisme.

Mais dans les ruelles de Moroni, le discours présidentiel suscite des réactions plus nuancées.

« C’est bien que notre pays ait présidé l’Ua, c’est une fierté, mais moi je veux voir des changements ici, chez nous », confie Ramlati Said, commerçante à Volo-Volo. « Est-ce que cette présidence nous a rapprochés de l’électricité 24h/24? De routes en bon état? » Ce décalage entre le prestige diplomatique sur la scène continentale et les attentes concrètes de la population locale est tangible. Si le chef de l’État se réjouit du respect et des félicitations reçus de la part de nombreux dirigeants africains et partenaires internationaux, beaucoup de citoyens comoriens estiment que cette reconnaissance restera symbolique tant que les problèmes quotidiens, électricité, infrastructures, emploi ne seront pas résolus. « On a dit que c’était la première fois qu’un petit État insulaire présidait l’Ua, c’est vrai, et cela prouve qu’on peut être petit mais avoir de l’influence. Mais cette influence, on la ressent quand? », interroge Mahmoud Ali, étudiant à l’Université des Comores. « On parle d’économie bleue, de climat… mais moi, j’aimerais qu’on parle de nos diplômes qui ne sont même pas reconnus à l’étranger. »

Face à ces interrogations, le président Azali Assoumani a reconnu les obstacles rencontrés, notamment sur le plan budgétaire, au cours de l’année de présidence. Il a souligné l’importance d’une mobilisation collective pour accompagner le continent sur la voie de la stabilité et du développement durable. Portant une vision d’« Afrique unie, responsable et autonome », il a appelé à capitaliser sur les acquis de son mandat et à poursuivre les efforts de transformation à l’échelle régionale. Un message ambitieux, qui reste toutefois confronté aux attentes pressantes d’une population comorienne en quête de résultats concrets dans son quotidien.

Mais sur les bancs d’un modeste kiosque à café, Hamada M’madi, retraité, exprime ses doutes: « Il y avait la guerre au Soudan, des coups d’État au Sahel… Tant mieux s’il a essayé d’y apporter des réponses. Mais ici, chez nous, est-ce que la voix du peuple est entendue comme il l’a été à Addis-Abeba? C’est ça qu’on attend aujourd’hui: pas seulement porter la voix de l’Afrique, mais écouter celle des Comores. » Derrière les critiques, une certaine fierté transparaît malgré tout. Le symbole est fort. Le président l’a souligné: représenter le continent durant un an, au nom d’un pays d’à peine un million d’habitants, était « un immense honneur ».

« C’est quand même fort », admet Halima Ahmed, professeure de lycée. « L’Afrique a écouté un Comorien pendant un an. Maintenant, à nous de capitaliser. Mais il faut que ça se voie dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les relations avec les autres pays. » Le chef de l’État a conclu son allocution en lançant un appel à « ne pas laisser cette étape historique sans lendemain », affirmant sa volonté de continuer à porter haut les intérêts des Comores et de l’Afrique toute entière. Une ambition forte, qui ne prendra tout son sens que si elle s’accompagne désormais de mesures concrètes et tangibles sur le terrain, au bénéfice des Comoriens.

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