Africa-Press – Comores. Empêchés de se réunir dans un lieu privé de la capitale, une centaine de notables de Ngazidja appelle à la mobilisation et promet d’aller jusqu’au bout pour obtenir la vérité des urnes du double scrutin du 14 janvier dernier. Ces dignitaires coutumiers interpellent le chef de l’Etat et l’armée sur la gravité de la crise post-électorale actuelle.
Après avoir été empêchés de se réunir au foyer Awlad El Comor, hier mercredi 24 janvier, de nombreux notables venant de différentes régions de Ngazidja ont tenté d’exprimer leur inquiétude sur la tournure que prend la crise post-électorale à quelques heures de la proclamation par la cour suprême des résultats définitifs des élections du président de l’Union et des gouverneurs du 14 janvier dernier. Le notable originaire de Oichili Abdou Cheha a expliqué que le but de la réunion était d’évaluer la situation actuelle et proposer des solutions d’apaisement, mais malheureusement la gendarmerie a été dépêchée pour l’interdire.
Une situation qu’il qualifie de déplorable. « Les heurts de ces derniers jours, ce ne sont pas des délinquants mais des jeunes, dont beaucoup d’entre eux sont diplômés mais n’ont aucune perspective d’avenir dans ce pays qui est le leur. Nous, leurs parents voulons lancer notre cri d’alarme. On voulait mettre en place une commission de médiation entre le régime et l’opposition afin de trouver une solution. Nous aussi en tant qu’électeurs, avons notre mot à dire. Et nous serons prêts au sacrifice comme l’ont été nos ancêtres patriotes », a-t-il martelé devant les médias à la sortie de la salle où devait se tenir la rencontre et d’ajouter « vous avez le pouvoir de choisir entre la paix ou la discorde ».
Mbae Charif, un autre notable, revient à la charge. Selon lui, il s’attendait à cette interdiction car le pays n’est plus en démocratie. Il appelle à la mobilisation des comoriens. « Hier, c’était nos enfants et aujourd’hui c’est nous leurs parents qui disons non. La peur doit changer de camp. On sait que les résultats sont faux et nous espérons que la cour suprême ne va pas faire pire, sinon ils en assumeront les conséquences. Ce matin on nous a humiliés et déshonorés. Nous nous sacrifierons pour ce pays au nom de ses valeureux martyrs », tacle-t-il. « C’est à nous de poursuivre le combat, jusqu’à l’investiture prévue en mai prochain. Le patriotisme ne s’achète pas. Nous sommes derrière nos enfants », prévient-il.
« J’adresse un message à l’armée et au chef de l’Etat-major. Nous sommes vos parents, vous avez des familles. Votre rôle est d’assurer la sécurité de cette nation, de maintenir la paix et la stabilité. Prenez exemple de ce qui se passe ailleurs. Il y a 3 mois, vous avez tué le jeune Fahad et voilà que Mouslim aussi est parti en martyr. Et jusqu’à quand ? », s’interroge-t-il. Le notable se défend de toute appartenance partisane, « nous n’avons aucune casquette politique, nous demandons la libération immédiate de nos enfants et nos frères, si Azali veut la paix dans ce pays ». Ils préconisent même un gouvernement de transition.
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