Africa-Press – Comores. Dormir à même le sol, bouteille en plastique en guise d’urinoir, faire des risettes et des courbettes pour avoir l’autorisation de se laver et de se brosser les dents. En deux mots, le directeur de campagne de Bourhane Hamidou, Daoud Halifa, décrit les conditions de la garde à vue à la gendarmerie de Moroni où il aura passé une dizaine de jours : absence d’humanité.
Un témoignage poignant. Trois jours après sa libération, l’ancien directeur de campagne de Bourhane Hamidou, candidat à la dernière présidentielle, s’est fendu d’une vidéo dans laquelle il décrit les conditions de la garde à vue à la gendarmerie de Moroni où, comme beaucoup d’autres opposants politiques, il était détenu entre le 17 et le 25 janvier. L’ex gardé à vue a constaté des atteintes graves à la dignité, et donc au droit. « On m’a jeté dans une cellule de 2 mètre carré dont le sol en carreaux était d’une saleté répugnante. Il y avait un gardé à vue avant moi. Un Anjouanais. On est resté jusqu’au début de la nuit. On ne nous a fourni ni drap, ni oreiller. J’étais obligé d’enlever mon jean et l’utiliser comme oreiller. Pour uriner, deux bouteilles étaient mises à notre disposition, dans la cellule ».
Trois jours après l’arrivée de M.Daoud dans cellule où il était rejoint par d’autres militants de l’opposition, ils sont transférés dans une pièce adjacente beaucoup plus large. « 20 mètres carré », selon son estimation. « A chaque demi-heure, des nouvelles personnes nous rejoignaient. La plupart d’entre elles étaient passées à tabac. Nous étions environ quinze, entassés les uns contre les autres. On avait toutes les peines du monde pour dormir », se souvient-il. A nouveau, ils sont transférés dans une autre pièce. Un « bureau » de 4 à 5 mètres carré. Ici, ils sont trois. Puis le nombre des détenus est reparti à 8. « On a fait 10 jours (9, plus exactement, Ndlr). Nous n’avions pas la permission de nous doucher. Même pour se brosser les dents, c’était la croix et la bannière. Un jour il pleuvait on a dû supplier les gendarmes pour qu’ils nous laissent nous laver sous la pluie.
M.Daoud regrette que le pays « ait perdu ses repères ». « C’est triste qu’une personne âgée comme moi ait à subir des conditions pareilles. Cela démontre que le pays a perdu son humanité et ses repères. On ne respecte rien ni personne ». Celui qui n’était jusqu’alors qu’un intermittent politique est tellement choqué qu’il décidé dorénavant de s’engager pleinement dans la vie politique pour lutter contre un système judiciaire qu’un rapport issu des Assises nationales de février 2018 décrit comme corrompu jusqu’à la moelle.
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