Ibrahim Halidi Abderemane, un « génie » politique !

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Ibrahim Halidi Abderemane, un « génie » politique !
Ibrahim Halidi Abderemane, un « génie » politique !

Africa-Press – Comores. Quand j’ai commencé à lire les mémoires politiques “Les Comores, Unité dans la pluralité”, je me suis souvenu de la phrase du couturier Allemand Karl Lagerfeld qui disait, je cite « je publierai mes mémoires après ma mort, avant je ne peux pas, j’ai trop de comptes à régler ». Les mémoires posthumes de l’ancien chef du gouvernement sied bien à s’y méprendre aux propos à l’homme à la queue de cheval.

S’il y a quelqu’un qui a bien connu feu Ibrahim Halidi ça doit être Mohamed Dhakoine Abdou, l’ami, le frère d’enfance qui l’a si bien rappelé. « Nous avons partagé durant notre enfance le même lit, les mêmes repas, les mêmes types de vêtements », dit-il. Et l’ancien commis de l’Etat d’ajouter que « nous étions comme des frères siamois ». C’est tout naturel, que les deux se retrouvent bien des années plus tard à batailler ensemble dans l’arène politique autour de leur formation politique (UDD) dans la conquête du pouvoir dans les années 1990.

En réalité Ibrahim Halidi n’a pas attendu la décennie 90 pour se coltiner à la politique. Il y est né en quelque sorte. Dès 1975, alors qu’il devait commencer sa terminale, il fit son entrée en politique à la suite du coup d’Etat d’Ali Soilihi du 3 août 1975 comme il le raconte si bien. « Le 18 septembre 1975, des responsables politiques anjouanais, partisans du président déchu, ont tenu une réunion à Mremani. La réunion fut présidée par Chaharane Said Ali et j’étais le secrétaire de la réunion », raconte-t-il dans le chapitre consacré à la révolution populaire. Si sa prise de contact avec la politique était pour défendre la cause du président déchu, la suite de sa trajectoire politique est tout autre. Il va gravir les échelons jusqu’à devenir le numéro 2 du pouvoir révolutionnaire.

Mais avant, le jeune Ibrahim avait déjà fait ses armes en devenant dès avril 1976 le coordinateur de la jeunesse révolutionnaire à Ndzouani. Cette effervescence révolutionnaire aux Comores coïncidait bien avec une sorte de renaissance des mouvements d’émancipation un peu partout en Afrique. Quinze ans après les indépendances, les mouvements de libération avaient perdu de leur superbe, bien que des poches de résistance continuaient (Angola, Guinée-Bissau…) à faire vivre l’idée d’une Afrique totalement indépendante. Des nouveaux leaders charismatiques (Jonas Savimbi, Amilcar Cabral…) ont pris le flambeau des Nkrumah, Modibo Keita et autres Julius Nyerere.

Toujours en avril 1976, lors d’un congrès tenu à Moroni, le jeune lycéen fut désigné coordinateur du Comité National révolutionnaire “une sorte de président de l’Assemblée Nationale”. Ainsi le jeune venu du fin fond du Nyumakele devient le deuxième personnage de l’Etat derrière le Mongozi. Une chose impensable surtout dans une société anjouanaise bipolarisée par le clivage, nobles et wamatsaha. « Un clivage très net entre quatre villes côtières dont Mutsamudu, Domoni, Ouani, et Moya et le reste des localités », comme il l’a si bien rappelé. Des idées que l’ancien premier ministre ne cessera de combattre tout au long de sa vie.

Son souhait était que les anjouanais puissent « casser les barrières. Faire en sorte que le Mutsamudien se sente chez lui dans le koni », comme il avait confié Amad Mdahoma du journal Al-Watwan en 1991. Si Ibrahim Halidi était foncièrement attaché à son île, il n’était pas moins un nationaliste convaincu mais surtout pragmatique. Un pragmatisme qui l’a expliqué en ce terme. « Il ne peut y avoir de démocratie réelle dans un pays accidenté géographiquement comme le notre sans clarifier la nouvelle répartition des pouvoirs, sans clarifier le débat politique dans le seul souci de mettre en place un État de droit où le “mwanahatru”[notre enfant] n’aura plus de place ». Nous sommes là en 1991 au micro de Pétan MOGNIHAZI, dix ans avant l’avènement de la tournante (2002). Et depuis mes Comores n’y arrive toujours pas à trouver le modèle approprié pour faire avancer le pays… .

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