Africa-Press – Comores. Recherché depuis 2021 et récemment expulsé de Tanzanie, il est désormais entre les mains de la justice comorienne. Escroquerie, calomnie, chantage: les accusations se multiplient, tout comme les personnes soupçonnées de complicité. Une affaire qui promet de faire grand bruit.
Le procureur de la République Abdou Ismael a confirmé ce vendredi 23 mai lors d’un point presse que le dossier de Nourdine Mpingo, dit Bachar, a officiellement été transféré au parquet, et qu’il sera prochainement soumis à l’appréciation d’un juge d’instruction. Ce dernier devra déterminer si les accusations portées contre lui sont suffisamment étayées pour ouvrir une procédure judiciaire complète. Un article publié dans notre édition du 14 mai dernier, faisait déjà état d’une série de plaintes pour escroquerie déposées contre l’influenceur depuis plusieurs mois. Le même article révélait aussi que Bachar faisait l’objet d’un mandat de recherche émis depuis 2021. D’après les propos du procureur, de nouveaux éléments sont apparus à la suite des enquêtes menées par la gendarmerie.
« Nous ne parlons plus seulement d’escroquerie. Il y a désormais des soupçons sérieux de calomnie, de chantage et d’extorsion de fonds à l’encontre de plusieurs citoyens. Il aurait menacé des personnes pour les faire taire », a-t-il déclaré. Selon toujours le parquet, sept à huit personnes sont déjà soupçonnées d’avoir facilité les actions de Bachar, en l’aidant à diffuser des accusations mensongères ou à faire pression sur ses cibles. « Même ceux qui l’ont aidé à calomnier les gens ou à intimider ses victimes pour obtenir leur silence sont visés », précise-t-il. Il est possible que ce chiffre augmente à mesure que l’enquête se poursuit.
Plusieurs nouvelles plaintes ont été déposées ces derniers jours, notamment pour insultes publiques. « Il a déjà été prévenu. Il y aura un procès pour cela aussi », a-t-il confirmé. L’affaire prend aussi une dimension internationale, puisque Bachar avait fui à l’étranger, où il vivait en situation irrégulière. C’est ce qui aurait conduit les autorités tanzaniennes à le renvoyer aux Comores, sans pour autant qu’il s’agisse d’une véritable extradition. « Quand une personne est recherchée dans un pays étranger, il existe deux options: l’expulsion, lorsqu’elle est en séjour irrégulier, ou l’extradition, si les deux pays ont une convention judiciaire », explique le procureur. Dans ce cas précis, Bachar aurait été expulsé pour séjour illégal, avant d’être immédiatement pris en charge par les autorités comoriennes, qui avaient maintenu le dossier ouvert depuis 2021.
Contrairement à certaines idées reçues, le procureur de Moroni n’a pas le pouvoir de faire arrêter quelqu’un dans une autre île de l’Union sans passer par son homologue local. « Même à Anjouan ou Mohéli, nous devons passer par le procureur compétent de l’île concernée. Pour l’étranger, c’est encore plus encadré », a-t-il précisé, souhaitant répondre aux critiques sur la manière dont Bachar a été ramené au pays. L’étape suivante dépend désormais de la décision du juge d’instruction, qui devra examiner l’ensemble des éléments réunis par le parquet. « Nous espérons qu’il y aura assez d’informations pour renvoyer l’affaire devant un tribunal. Ce sera alors à Bachar de prouver ses accusations ou de citer ses sources », a martelé le procureur. Nous allons suivre de près cette affaire qui secoue le pays depuis plusieurs mois. Une chose est certaine, l’affaire Bachar ne fait que commencer.
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