La révolte lycéenne de mars 68, un devoir de mémoire

28
La révolte lycéenne de mars 68, un devoir de mémoire
La révolte lycéenne de mars 68, un devoir de mémoire

Africa-Press – Comores. Au Palais du peuple, l’esprit 68 a été célébré hier jeudi 20 octobre, lors d’une exposition photographique relatant la première révolte des jeunes comoriens et grévistes contre le colonialisme français, suite au crash du vol d’Air Comores survenu à Moroni le 27 mars 1968. Pendant l’exposition, les jeunes lycéens de l’époque comme Mbae Toyb, Jaffar El Macelie, Mohamed Said Abdallah Mchangama, Daoud Boinaheri et bien d’autres ont tenté de raviver un pan de l’histoire en parlant d’une période charnière qui a conduit le pays à l’indépendance en 1975.

L’organisation de l’événement s’expliquait d’emblée comme « le devoir de mémoire ». Tel est le principe de l’exposition photographique de la révolte lycéenne de mars 1968 ouverte hier jeudi 20 octobre au Palais du peuple, pour se clôturer le lundi 24 octobre prochain. Comme l’a dit l’initiateur de l’événement Mbae Toyb, cela fait déjà plus d’un demi-siècle que la révolte a eu lieu. Une révolte faite par un groupe de jeunes lycéens dont « Guepards », « Léopard » et « Éléphant ». Des noms des animaux mais qui symbolisaient la force et la volonté des jeunes de l’époque contre les autorités coloniales de cette époque.

Présent sur le lieu, Daoud Boinaheri, a rappelé que « la cause de notre révolte était le crash de l’avion héron de la compagnie Air Comores survenu le 27 mars 1968 qui a fait 16 morts, alors qu’au moment du crash, on était en plein cours au lycée de Moroni. On avait sauté les grillages pour secourir les passagers et on était les premiers à arriver sur les lieux. Mais un journaliste français de l’ORTF nous a accusés à tort de piller l’épave de l’avion au lieu de sauver des vies », regrette Boinaheri. Il s’agissait d’une grave accusation qui a provoqué leur courroux. Alors des mouvements de révolte se sont succédés contre les autorités coloniales ». Suite à cela, les lycéens se sont divisés en deux camps, les grévistes et les non grévistes puis des affrontements ont eu lieu au lycée Saïd Mohamed Cheikh, nécessitant l’intervention de la légion étrangère, le régiment des parachutistes de La Réunion qui ont blessé les lycéens locaux à coup de matraque, de fusil et de lacrymogènes.

Daoud Boinaheri a parlé d’une intervention musclée. « Lors cette intervention, nous fîmes nombreux à être emprisonnés pendant une période de 2 mois », dit-il, tout en montrant une photo prise lors de leur libération. Mais de là, la révolte a continué, sans faille avec des « Te Dum » comme l’a dit Voltaire des chansons composées pour donner le courage à la révolution lycéenne. Ainsi, cette révolte a eu comme conséquence directe le développement du nationalisme comorien, la transformation du mouvement étudiant Comorien en France, la révolte lycéenne et le mouvement étudiant anticolonialiste et anti impérialiste qui ont été des catalyseurs du processus d’indépendance de l’archipel, notamment à travers des partis comme le PASOCO.

A ces transformations provoquées par les jeunes, le directeur de cabinet qui représentait le ministre de l’éducation nationale lors des événements a défendu le devoir de mémoire, pour chaque homme et chaque femme, puis combien un mot peut stimuler un événement tragique et enfin comment la force de la jeunesse peut jouer un rôle sur le changement de la société et des idées progressistes. Surtout il n’a pas manqué l’occasion de rappeler le rôle stratégique de l’éducation nationale. « Depuis 1975, le ministère de l’éducation a réalisé des progrès remarquables sur le système éducatif bien que des efforts restent à faire. Cela s’explique surtout par la formation des jeunes cadres comoriens, citant le chiffre de 14 500 étudiants accueillis cette année par l’université des Comores », souligne-t-il. Et de rassurer que le ministère continue de jouer son rôle. Cette exposition est réalisée sous le double parrainage de l’assemblée de l’Union des Comores et le ministère de l’éducation nationale.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Comores, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here