Ministère des affaires étrangères : Encore un scandale lié au trafic de visas

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Ministère des affaires étrangères : Encore un scandale lié au trafic de visas
Ministère des affaires étrangères : Encore un scandale lié au trafic de visas

Africa-Press – Comores. Un citoyen affirme avoir remis une importante somme d’argent au secrétaire général du ministère des affaires étrangères en vue d’obtenir des visas Schengen. Le mis en cause dont le nom se retrouve régulièrement cité dans des scandales de ce genre, balaie d’un revers de la main les accusations. L’accusateur, lui, est entre les mains de la gendarmerie, comme une démonstration de la superpuissance de l’accusé.

L’accusateur en garde-à-vue, aucune enquête sur l’accusé qui n’est pourtant pas à sa première implication supposée dans des fraudes aux visas Schengen. C’est la tournure qu’a prise ce nouveau scandale de trafic de visas attribué au ministère des affaires étrangères par un citoyen qui, visiblement harcelé par ses « co-clients », a fini par se fendre d’une vidéo pour raconter sa mésaventure dans l’espoir, peut-être, de retrouver la paix. Dans ce témoignage poignant et dont il « assume l’entière responsabilité », il explique avoir remis une « avance de près de 9 millions » de nos francs au « secrétaire général du ministères des affaires étrangères » en vue de l’obtention de visas Schengen, moyennant, bien entendu, d’une commission qui peut aller jusqu’à plusieurs millions de nos francs pour chaque « client ».

« Je fais cette déclaration et en porte l’entière responsabilité ». Comme une prémonition à ce qui allait suivre, c’est ainsi que ce « client » a débuté son témoignage. « J’ai demandé au secrétaire général du ministère des affaires étrangères de me trouver un moyen de quitter ce pays pour aller à l’étranger (en Europe). Il m’a demandé de chercher d’autres clients pour former une équipe. Ce que j’ai fait. Les co-clients ne connaissent que moi, qui ai collecté l’argent pour le lui remettre. Au fur et à mesure, j’ai réalisé qu’il était en train de nous rouler dans la farine. Depuis il y a deux semaines, il est inaccessible. Nous sommes 9 clients et avons déboursé une avance de près de 9 millions de nos francs ». Celui qui se présente comme une victime affirme avoir opté pour ce témoignage dans une vidéo qu’il a enregistrée lui-même pour « fuir la facture salée » des journalistes qu’il avait contactés.

Il faut dire que l’autorité dont il est question ne jouit pas d’une bonne réputation. L’année dernière, un cadre du même ministère était arrêté pour des soupçons de trafic de visas Schengen. Toutes nos sources proches du dossier s’accordent à dire que ledit cadre était « l’homme à tout faire du secrétaire général » et qu’il était « impossible d’agir seul ». En 2018, alors qu’il occupait le poste de secrétaire général adjoint avant d’être promu plus tard secrétaire général, le même personnage, encore lui, était mis en cause dans une affaire d’arnaque d’étudiants comoriens voulant aller poursuivre leurs études au Maroc. Ces derniers ont manifesté pendant plusieurs jours devant le ministère des affaires étrangères pour revendiquer soit leur argent qu’ils affirment avoir donné à celui qu’on sait déjà, soit leurs visas pour le Maroc qu’il a promis de leur faire délivrer. L’affaire avait provoqué un profond malaise à tel point que, par la voix du secrétaire d’État à la coopération de l’époque, Djoumoi Said Abdallah, le ministère était obligé de le lâcher.

Sans doute l’accusé se défend-il bec et ongles et tente de s’en sortir blanc comme neige. « Toutes ces affaires ont fait l’objet d’instructions judiciaires. Je n’ai pas été personnellement impliqué. Certaines personnes cherchent coûte que coûte à me salir pour des fins que j’ignore », confie-t-il à La Gazette des Comores suite à une série de questions qui lui a été envoyé sur la messagerie WhatsApp. Il poursuit: « Pour cette dernière affaire de la vidéo qui circule, j’ai porté plainte auprès du procureur de la République et le dossier est en cours d’instruction. Je reste serein et attend la décision de la justice ». Décidément, sa « sérénité » a payé puisque quelques minutes plus tard, il reviendra vers nous, nous annoncer tout fier de lui, l’arrestation de son accusateur par la gendarmerie et son déferrement au parquet le lundi 8 avril. L’échange avec le numéro 1 de l’administration des Affaires étrangères a eu lieu samedi 6 avril.

Cette affaire, comme beaucoup d’autres, suscitent beaucoup d’interrogations: pourquoi est-ce toujours le même nom qui revient sur toutes les lèvres à chaque scandale de fraudes aux visas ? N’est-il pas temps, enfin, d’ouvrir une enquête au sein du ministère des affaires étrangères, et plus particulière au secrétariat général ? Ou bien le mis en cause bénéficierait-il d’une protection ? De qui ? Jusqu’au moment où nous bouclions ces lignes, le procureur de la République que nous avons contacté n’avait pu qu’accuser réception de nos questions. Quant aux réponses, que tout le monde est en droit d’attendre, l’attente risque d’être encore plus longue.

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