Africa-Press – Comores. Dans le cadre des activités de la campagne « Octobre rose » organisées par l’ACCF en 2021, sur 673 mammographies réalisées, 8 cas de tumeurs malignes ont été enregistrés. Face à ce chiffre, l’association exhorte encore une fois le ministère de la santé de multiplier les efforts pour qu’un service de cancérologie voit le jour dans les meilleurs délais.
L’association de la lutte contre le cancer chez la femme (ACCF) a réuni vendredi 16 septembre dernier à Moroni ses partenaires et amis, pour présenter le bilan des activités de sa campagne « Octobre rose » édition 2021. L’occasion pour les participants de poser des questions clés liées au cancer chez la femme. L’association pour qui les objectifs et interventions ont une seule visée, apporter du soutien aux femmes atteintes d’un cancer et briser les tabous, profite d’octobre rose pour intensifier ses activités de sensibilisation à l’endroit du public sur l’importance du dépistage précoce du cancer du sein et du col de l’utérus. C’est aussi le moment propice pour renforcer le plaidoyer auprès des décideurs politiques, des donateurs et des partenaires techniques et financiers pour un engagement politique et fort.
« Depuis sa création, l’ACCF organise une série d’activités médiatiques, éducatives et sportives dans le cadre d’octobre rose. Elle négocie également avec le Centre d’imagerie médical de Ngazidja et le cabinet de Dr Kader à Anjouan pour permettre aux femmes à faibles revenus de faire le dépistage du cancer du sein par la mammographie. Quant aux femmes de Mohéli, elles font le déplacement jusqu’à Moroni pour bénéficier du dépistage gratuit », souligne Zahara Abdallah, la présidente de l’ACCF. Un dilemme que l’ACCF espère résoudre cette année pour permettre aux femmes de Mohéli de participer massivement à cette campagne.
Dans une brève présentation, il a été démontré que l’ACCF avec l’appui du PNUD, a fait réaliser des frottis cervicaux sur un échantillon de 200 femmes avec le concours de Dr Halifa, un anatomopathologie. Cet échantillon est loin d’être représentatif de la population comorienne totale, néanmoins, les résultats restent tout de même frappants. Au total, les lésions précancéreuses de haut grade (HSIL) associées aux lésions de cancer représentent en tout 20,5% des effectifs (41 patiente). Les lésions cancéreuses (carcinome et adénocarcinomes) représentent à elles seules une prévalence de 12%.
En ce qui concerne le cancer du sein, sur 404 mammographies faites lors de la campagne octobre 2020, les résultats ont révélé 84 tumeurs soit 20,79% dont 5 tumeurs malignes. En 2021, sur 673 mammographies réalisées, 8 cas de tumeurs malignes ont été enregistrés. Malheureusement, jusqu’à ce jour, le pays ne dispose pas des moyens de dépistage des cancers chez la femme au niveau des structures. « La femme diagnostiquée avec cancer ne sait pas où aller, le pays ne disposant pas encore d’un service adapté pour la prise en charge, la débrouillardise est de mise. Certaines femmes ont perdu la vie, faute de soins, parce qu’elles n’ont pas eu les moyens de partir à l’extérieur. Et celles qui ont eu la chance de partir, abandonnent le chemin faute des moyens pour les traitements… », déplore celle qui n’a pas manqué de rappeler que l’ACCF a négocié avec la ministre de la santé pour qu’un quota des évacuations sanitaires lui soit accordé pour en faire bénéficier à ces femmes.
En 2022, grâce à un financement de l’OMS, l’ACCF met en œuvre un projet de communication dans l’ensemble de trois iles pour sensibiliser les hommes, les femmes et les jeunes pour une meilleur connaissance du dépistage précoce des cancers gynécologiques et diminuer les tabous. Pour rappel, l’ACCF s’est rapprochée du ministère de tutelle pour une réflexion de l’élaboration dans un proche avenir d’un plan stratégique national de lutte contre le cancer gynécologique. Elle exhorte encore une fois le ministère de la santé et ses partenaires de multiplier les efforts pour qu’un service de cancérologie voit le jour.
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