Africa-Press – Comores. Lorsque nous faisons appel à notre mémoire, une multitude de souvenirs comme des scènes ou des détails d’une conversation (mémoire sémantique) s’assemblent pour former un modèle appelé “prototype”. Une fois stockés dans notre mémoire, les faire ressurgir n’est pas toujours si simple et leur représentation ne correspond pas toujours au modèle original.
Pourtant, des chercheurs de l’université de Birmingham (Royaume-Uni) expliquent, dans un article paru dans la revue Communications Psychology, que nous avons conscience des souvenirs biaisés qui nous sont restitués !
Résultats biaisés et baisse de confiance vont de pair
Pour le prouver, les chercheurs ont demandé à 218 personnes (71% de femmes, 24 ans en moyenne) de participer à six expériences similaires qui consistaient dans leur globalité à utiliser leur mémoire visuelle. Elles consistaient à retenir une association d’objets colorés et de restituer leur couleur après avoir été distraits. Ensuite, les participants devaient donner leur taux de confiance (je suis sûr/je ne suis pas sûr/je suppose) qu’ils accordaient à leur réponse. Le taux de réponse biaisée a été mesuré en tenant compte de l’éloignement de la couleur originale.
Un algorithme a ensuite donné le taux d’erreur des résultats en fonction des candidats. Un constat clair: ceux ayant des résultats biaisés sont aussi ceux ayant une baisse de confiance sur leur réponse.
Trois hypothèses surgissent alors: est-ce le rappel du souvenir qui provoque une réponse altérant la confiance ? Est-ce au contraire le rappel qui influence la confiance impactant la réponse ? Ou est-ce que le rappel influence les deux à la fois ?
Pour le savoir, le test de confiance sur le prototype du souvenir a été posé en amont, pendant et en aval des réponses. Les participants ont donc pu déterminer leur confiance envers leur mémoire sur la capacité à refournir l’information fournie (ici la couleur des objets). Les résultats montrent que la confiance prédit les distorsions de nos souvenirs mais n’influence en rien nos prototypes.
Les premières erreurs arrivent pendant la mémorisation
Bien que nous ne sachions toujours pas comment notre conscience métacognitive (la conscience de nos propres processus cognitifs et leur régulation) est influencée par nos prototypes, nous savons désormais que lorsque nos souvenirs semblent prototypiques, nous diminuons notre confiance en eux.
Une étude publiée en 2008 par la revue Neuron a montré que les premières erreurs de prototype arrivent pendant la mémorisation. Le fait qu’il soit possible d’avoir déjà conscience d’une représentation biaisée dès la mémorisation soulève la question de savoir si la confiance est un signal lié à la reconstruction du prototype, ou si justement nous avons simplement conscience des faiblesses de notre mémoire.
Les personnes âgées ne reconnaissent pas leurs erreurs concernant leurs souvenirs
Une étude publiée en 2012 dans la revue Psychology and Aging a aussi prouvé sur 56 cobayes (d’âge moyen 77 ans) que la précision des souvenirs diminue avec l’âge ; les seniors ont tendance à être confiants sur leurs souvenirs qui se révèlent être erronés. Ce constat signifie donc que la conscience métacognitive diminue avec l’âge.
Cette absence de conscience n’est pas valable lors de la mémorisation: au contraire, leur confiance diminue, signe d’une conscience de leur capacité restreinte pour le processus de mémorisation.
Les chercheurs envisagent de réaliser de futurs travaux pour savoir comment la confiance sur la restitution de souvenirs erronés prédit les capacités mémorielles liées à l’âge et comment ces souvenirs pourraient être utilisés comme prédicteurs de futurs troubles de la mémoire (comme celui de la maladie d’Alzheimer).
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