Une maladie corallienne met en danger l’équilibre des récifs des Caraïbes

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Une maladie corallienne met en danger l’équilibre des récifs des Caraïbes
Une maladie corallienne met en danger l’équilibre des récifs des Caraïbes

Africa-Press – Comores. Une menace plane sur les récifs coralliens des Caraïbes. Il s’agit d’une maladie qui bouleverse l’équilibre délicat de ces écosystèmes marins. Elle porte le nom de “maladie corallienne liée à la perte de tissus”, soit en anglais stony coral tissue loss disease (SCTLD).

Cette maladie n’est pas nouvelle. Elle a été découverte pour la première fois en 2014 au large de la Floride. Depuis lors, elle s’est étendue dans l’Atlantique occidental et la quasi-entièreté des Caraïbes, provoquant des ravages parmi les coraux, essentiels pour la diversité sous-marine. Elle touche désormais plus d’une vingtaine d’espèces de coraux.

Une maladie qui se propage à toute vitesse

Si les chercheurs étudient activement les causes de la maladie et son mode de transmission, les agents pathogènes responsables n’ont toujours pas été identifiés. Le succès des traitements antibiotiques pour soigner les coraux suggère qu’il pourrait s’agir d’une ou plusieurs bactéries.

La maladie attaque la surface des coraux, détruisant tout le tissu vivant sur son passage jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Les coraux infectés sont reconnaissables aux taches blanches qui s’étendent sur la colonie, entraînant la nécrose du corail.

Une fois le corail mort, il s’érode avec de l’action des vagues. Le processus est très rapide. Ainsi, en quelques semaines ou quelques mois, une colonie de coraux peut complètement disparaître.

Une étude dirigée par une équipe de chercheurs américains publiée le 3 mai dans la revue Sciences Advances révèle que la destruction de la population de coraux liée à cette maladie menace la biodiversité marine.

Les experts ont analysé les données des programmes de conservation coralliens des îles Vierges américaines, des Dry Tortugas, de Porto Rico et des récifs au large de la Floride. Grâce à ces informations, ils ont examiné les effets potentiels de la maladie sur les poissons et les communautés marines des récifs.

Les données recueillies révèlent une diminution de 30 à 60 % de la couverture corallienne dans les régions touchées depuis 2014, précipitant certaines espèces de coraux vers l’extinction locale.

D’ici 10 ans, certains récifs perdront jusqu’à 50% de leurs poissons

Les chercheurs estiment que la maladie va modifier les communautés marines de manière complexe. Si dans 10 ans la population de poissons de certains sites devrait avoir décliné jusqu’à 50 %, d’autres verront une augmentation de certains poissons herbivores.

Ce qui explique ces bouleversements, c’est qu’une fois que les coraux ont disparu, certaines espèces compétitives comme les algues, le corail de feu et les cyanobactéries prolifèrent. En l’absence de concurrents, elles se répandent dans les espaces vacants laissés par les coraux décimés, créant un environnement dominé par les algues.

L’apparition de ces espèces pourrait paraître avantageuse, offrant un habitat pour certains herbivores marins ou leur fournissant une source de nourriture. Mais malgré cela, elles ne remplissent pas les mêmes fonctions que les coraux solides.

“Les macroalgues ne favorisent pas autant la biodiversité que les coraux parce qu’elles ne créent pas d’habitat solide”, a expliqué dans un communiqué de presse Sara Swaminathan, chercheuse en sciences de l’ingénierie environnementale à l’université de Floride. “Elles peuvent être positives pour les herbivores, mais pas pour les autres organismes qui ont besoin d’un endroit pour s’installer et croître, se cacher ou s’accoupler”.

En effet, les coraux poussent dans des formes complexes, offrant ainsi un habitat propice aux espèces animales qui s’y protègent et s’y développent contrairement aux macroalgues.

Les récifs coralliens sont en danger depuis quelques années

Cette maladie vient s’ajouter à une liste déjà longue de menaces qui pèsent sur les récifs coralliens. Les épisodes récurrents de blanchissement dû au réchauffement climatique, ainsi que d’autres maladies marines, ont déjà fragilisé ces écosystèmes.

Et les conséquences de cette maladie vont bien au-delà de la perte de biodiversité marine. Les récifs coralliens jouent un rôle crucial dans la protection des côtes contre les tempêtes et les ouragans.

La résilience naturelle de certains coraux offre cependant un mince rayon d’espoir pour la restauration des récifs. L’équipe de chercheurs a estimé qu’au bout de 10 ans, les coraux sensibles à la maladie auront diminué d’environ 97% dans les Caraïbes, les coraux résistants à la maladie pourraient augmenter d’environ 46%.

Des efforts de recherche et de surveillance intensifs sont en cours pour comprendre et combattre la maladie. Les probiotiques se sont révélés prometteurs pour ralentir ou arrêter les lésions actives. Jusqu’à présent, la maladie ne s’est pas propagée au-delà de l’Atlantique occidental et des Caraïbes.

La poursuite de la surveillance dans les Caraïbes permettra de déterminer si ces tendances se poursuivent dans le temps ou si elles atteignent d’autres équilibres. Les récifs les plus touchés, ou ceux qui risquent d’être touchés à l’avenir, pourraient tirer le meilleur parti d’une restauration avec des espèces coralliennes résistantes.

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