Paris, Madrid ou Bruxelles… Pour les compagnies africaines, ces destinations seront bientôt plus chères

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Paris, Madrid ou Bruxelles… Pour les compagnies africaines, ces destinations seront bientôt plus chères
Paris, Madrid ou Bruxelles… Pour les compagnies africaines, ces destinations seront bientôt plus chères

Africa-Press – Congo Brazzaville. Pour Rwandair, Air Sénégal ou encore la RAM, le plein de carburant dans les aéroports européens coûtera bientôt plus cher : les eurodéputés ont en effet validé, le 13 septembre, le principe de l’incorporation d’une part de carburants durables d’aviation (SAF) dans leur kérosène.

Le 13 septembre, les députés européens ont validé l’accord conclu en avril entre la Commission, le Parlement et le Conseil européen, visant à réduire les émissions de CO2 du secteur de l’aviation.

Ce texte imposera aux fournisseurs de carburant d’aviation d’intégrer au kérosène une part croissante de carburants durables d’aviation (CAD, ou SAF, sustainable aviation fuels) : 2 % en 2025, 70 % d’ici à 2050, pour tous les vols au départ d’un aéroport européen.

Tous les vols, c’est-à-dire même ceux opérés par une compagnie extra-européenne, Air Sénégal, la RAM, Rwandair ou Ethiopian Airlines, par exemple. Cela n’entraînera pour ces dernières que peu de changements logistiques, les fournisseurs de carburant au sein des aéroports étant tenus de veiller à l’approvisionnement.

Facture en hausse

Elles n’auront de fait « qu’à » régler la facture, le surcoût induit par le nouveau mélange étant actuellement estimé à 50 %, selon un rapport publié en France par l’Académie des technologies, en mars. Selon ce document, ce surcoût pourrait cependant évoluer au gré de l’avancée des technologies et de l’optimisation des infrastructures.

Si cet accord « envoie un signal aux producteurs et au marché, en l’absence d’un cadre politique global visant à encourager une production moins coûteuse et des règles d’approvisionnement plus souples, les mandats seuls risquent simplement d’entraîner une énorme augmentation des coûts » pour les compagnies, avait réagi l’Association internationale du transport aérien (Iata) dans un communiqué, lors de la signature de l’accord. L’organisation professionnelle craint aussi que les déséquilibres de disponibilité de carburants durables en fonction des pays et des régions ne contraignent l’UE « à devoir importer du SAF pour atteindre ses propres objectifs, ce qui entraînera une augmentation des coûts et une diminution des bénéfices environnementaux ».

Quoi qu’il en soit, l’introduction de ces carburants ne devrait pas poser de problème technique aux compagnies africaines, bien que les aéronefs utilisés sur le continent soient souvent plus anciens que la moyenne mondiale. Important producteur de SAF , le pétrolier TotalEnergies assure ainsi à Jeune Afrique qu’ « il est possible d’incorporer du SAF dans le kérosène dès à présent jusque 50 % sans modification des infrastructures logistiques, des avions et des moteurs existants, fonctionnant déjà au kérosène ».

Manque criant de raffineries locales

Les compagnies africaines n’auront, en revanche, aucune obligation en ce qui concerne les vols au départ de leurs hubs, où le SAF est encore quasi introuvable. Ainsi, Ethiopian Airlines, le géant du continent, en est encore à la définition de sa feuille de route stratégique sur le sujet, et à la recherche d’un partenaire de long terme pour la fourniture de carburant durables, expliquait son directeur général, Mesfin Tasew, dans un entretien à Jeune Afrique en mars dernier.

Pour sa part, TotalEnergies, qui se présente comme « un acteur majeur de l’avitaillement en Afrique, avec une présence dans plus de 100 aéroports internationaux et régionaux dans plus de 29 pays africains », indique n’avoir aucune production locale de SAF, alors que certaines raffineries dans lesquelles il détient une participation produisent du kérosène traditionnel, à l’image de Natref en Afrique du Sud et la Société ivoirienne de raffinage (SIR), en Côte d’Ivoire.

Selon le texte européen, peuvent être considérés comme relevant du SAF « les biocarburants, les carburants à base de carbone recyclé et les carburants d’aviation de synthèse », mais pas « les biocarburants produits à partir de cultures destinées à l’alimentation humaine ou animale ». Une précision qui n’est pas universelle. Ainsi, aux États-Unis, « la législation ne supprime pas explicitement les carburants produits à partir de cultures alimentaires, mais demande un minimum de réduction des émissions de CO2 », précise TotalEnergies.

* Cet article a été publié initialement le 28 avril 2023 et mis à jour le 14 septembre 2023.

Source: JeuneAfrique

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