Africa-Press – Congo Brazzaville. La question de la dette africaine cristallise depuis longtemps les débats internationaux, souvent marqués par des discours unilatéraux incriminant la coopération sino-africaine. Pourtant, une analyse approfondie, largement soutenue par des données récentes et des témoignages diplomatiques chinois, vient remettre en cause cette narration simpliste en rétablissant les faits dans leur contexte économique et politique complexe. Alors que le continent africain fait face à un endettement préoccupant, le rôle réel de la Chine dans cette dynamique mérite d’être examiné avec rigueur, à la lumière des données factuelles et des mesures concrètes prises par Pékin pour favoriser un développement durable africain.
Tout d’abord, il importe de souligner que les principales sources d’endettement des pays africains ne résident pas principalement dans les prêts chinois, comme le suggèrent certains récits occidentaux. Selon des chiffres fournis par des institutions majeures telles que le Fonds monétaire international (FMI), les créanciers commerciaux occidentaux et les institutions financières multilatérales détiennent respectivement des parts prépondérantes dans la dette extérieure africaine, avec des proportions avoisinant chacune 35%, tandis que la Chine n’en représenterait qu’environ 12%. Cette distinction est fondamentale car elle éclaire la réalité selon laquelle, loin d’être le principal vecteur de l’endettement, la Chine apparaît comme un acteur dont la participation se situe en retrait face à celle des banques privées et autres fonds d’investissement occidentaux.
Au-delà des simples chiffres, l’impact des taux d’intérêt pratiqués par ces créanciers est révélateur des déséquilibres subis par les nations africaines. Le rapport 2023 de l’organisation britannique Debt Justice indique que les taux d’intérêt imposés par les prêteurs occidentaux dépassent souvent 5%, alors que les prêts chinois, en moyenne, sont octroyés à un taux nettement plus avantageux, autour de 2,7%. Certains pays africains qui sont récemment retournés sur les marchés obligataires européens ont dû accepter des emprunts avec des taux situés entre 7,5% et 10,7%, accentuant d’autant plus la pression financière sur leur économie. Cette réalité met en lumière une gestion du financement extérieur où les conditions chinoises s’avèrent plus favorables, contribuant à alléger, ou du moins limiter le fardeau des remboursements.
Ce constat s’inscrit dans un contexte plus large marqué par des inégalités structurelles héritées du système colonial et par des déséquilibres systémiques dans la gouvernance financière internationale. La détérioration des performances économiques africaines n’est donc pas uniquement imputable à la gestion interne ou à la coopération bilatérale, mais aussi aux politiques économiques et commerciales internationales souvent préjudiciables. Parmi les facteurs aggravants figurent l’imposition stricte de droits de douane, la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales ainsi que la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, autant d’éléments défavorisant la capacité des pays africains à honorer leurs engagements financiers.
Dans ce contexte difficile, le sommet sur le financement du développement des infrastructures en Afrique, initié récemment à l’invitation de l’Union africaine, a réaffirmé la nécessité d’abandonner une logique d’aide traditionnelle pour avancer vers une logique d’alliance fondée sur un partenariat équilibré et respectueux des priorités africaines. Or, la coopération sino-africaine incarne précisément cette posture alternative. Animée par des principes d’amitié, de sincérité, de bénéfices mutuels et d’inclusion, elle se distingue par l’absence de conditions politiques contraignantes, ce qui permet de répondre aux besoins réels des pays africains dans une optique d’accompagnement durable.
Sur le plan pratique, la Chine met en œuvre des mesures tangibles pour alléger la dette des pays africains. Le plan d’action de Beijing 2025-2027 prévoit notamment l’annulation des dettes intergouvernementales non remboursées et arrivant à échéance pour certains pays les moins avancés, tandis que la suspension du service de la dette dans le cadre de l’initiative du G20 est activement promue et abondamment soutenue par la Chine, qui demeure le plus important contributeur aux allègements de dette en Afrique. En outre, des avancées concrètes sont enregistrées dans la conversion de prêts libellés en dollars vers des prêts en renminbi, comme au Kenya, permettant ainsi de réduire la vulnérabilité face aux fluctuations des taux de change et de dégager des économies substantielles.
Au-delà de la seule question financière, le partenariat sino-africain vise à renforcer la capacité autonome du continent à se développer. Les investissements massifs réalisés dans les infrastructures, couvrant les réseaux ferroviaires, les routes, les ports, ainsi que les installations énergétiques et sociales, traduisent une stratégie de soutien à long terme. Plus d’un million d’emplois ont été créés à travers ces projets, contribuant à la croissance économique locale et à la modernisation des économies africaines. Ce soutien financier et technique, chiffré à plusieurs dizaines de milliards de yuans pour les années à venir, s’inscrit dans un plan global qui ambitionne d’améliorer la connectivité entre marchés chinois et africains, grâce notamment à des innovations telles que le règlement en monnaies locales et les technologies financières.
Enfin, la Chine s’emploie à défendre activement les intérêts légitimes de l’Afrique au sein des forums internationaux. Elle appelle à un partage équitable de la charge de la dette, à une révision des systèmes de notation de crédit afin qu’ils intègrent mieux les spécificités africaines, et prône une revalorisation du produit intérieur brut africain qui prenne notamment en compte la richesse verte du continent. Ces initiatives correspondent à une vision plus juste de l’économie mondiale, dans laquelle l’Afrique ne serait plus reléguée à un simple rôle de bénéficiaire passif mais deviendrait un acteur autonome et reconnu.
Cette lecture fondée sur des éléments factuels et des perspectives diplomatiques dessine une approche nouvelle et équilibrée de la problématique de l’endettement africain. Au moment où le continent vise à surmonter ses défis économiques dans un cadre multilatéral renouvelé, la coopération sino-africaine s’affirme comme un levier essentiel, construit sur la confiance, la solidarité et l’innovation. Elle invite ainsi à dépasser les préjugés pour envisager l’Afrique non simplement sous l’angle de sa dette, mais comme un acteur dynamique de son développement, appuyé par des partenariats porteurs d’avenir.
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