Un Poisson Sans Dents Révolutionne L’Évolution

1
Un Poisson Sans Dents Révolutionne L'Évolution
Un Poisson Sans Dents Révolutionne L'Évolution

Africa-Press – Congo Brazzaville. À première vue, Norselaspis glacialis ne paie pas de mine. Son crâne fossilisé, découvert il y a plusieurs années au Spitzberg sur l’archipel du Svalbard, est à peine plus grand qu’un ongle. Il semblait trop petit pour livrer beaucoup d’informations mais grâce à une microtomographie synchrotron, réalisée à la source suisse SLS, les chercheurs ont obtenu un modèle 3D d’une précision exceptionnelle. Il révèle l’anatomie interne de ce poisson du Dévonien inférieur (410 à 407 millions d’années).

Le cœur d’un requin sous la peau d’une lamproie

« C’est comme si on ouvrait une capsule temporelle », explique, dans un communiqué, Tetsuto Miyashita, du Musée canadien de la Nature, qui a dirigé l’étude. Et ce qu’il y a découvert chamboule un scénario bien établi. Jusque-là, les paléontologues pensaient que la nage rapide et la prédation n’étaient apparues qu’après l’évolution des mâchoires. Or, Norselaspis glacialis affiche déjà des traits associés aux vertébrés à mâchoires: une oreille interne développée avec un vestibule haut ainsi que des otoconies (les cristaux impliqués dans l’équilibre chez les humains) encore en place.

Son système sensoriel semble donc capable de détecter les vibrations, de percevoir l’orientation et les accélérations. Dans ses orbites, les empreintes de 7 muscles oculaires révèlent aussi un contrôle visuel fin, preuve qu’un tel agencement était déjà présent chez les premiers vertébrés.

A l’intérieur du corps, les restes du cœur révèlent une pompe de grande taille reliée à un réseau de vaisseaux conçu pour alimenter rapidement tout le corps. « On pourrait dire que Norselaspis avait le cœur d’un requin sous la peau d’une lamproie », résume Tetsuto Miyashita.

Un sprinteur des grands fonds

Ses nageoires pectorales sont fixées sur une solide ceinture osseuse et sont orientées vers l’avant et le bas. Elles sont adaptées aux mouvements rapides, accélération, freinage ou changements de direction brusques. Ces caractéristiques étaient jusqu’ici associées à des poissons apparus plus tard, dotés de mâchoires et de dents pour capturer leurs proies. Les mâchoires, concluent les chercheurs dans un publication dans la revue Nature, n’ont pas déclenché la révolution des vertébrés, elles sont venues en profiter après coup.

Pour les auteurs, cette évolution précoce pourrait être liée à un grand bouleversement écologique, la « Nekton Revolution », un terme qui désigne les organismes aquatiques capables de se déplacer activement, contrairement au plancton passif. A cette époque (il y a environ 410 à 400 millions d’années), les créatures marines se sont mises à conquérir l’ensemble des milieux marins possibles, au large comme en profondeur. Dans ce contexte, Norselaspis apparaît comme un sprinteur des fonds marins, capable d’échapper aux menaces et de se faufiler entre les courants. « Nous manquions d’images intermédiaires pour comprendre l’ordre d’apparition de ces innovations », précise Michael Coates, de l’Université de Chicago. « Cette découverte change notre manière de voir les débuts des vertébrés ».

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Brazzaville, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here