Africa-Press – Congo Kinshasa. En République démocratique du Congo, l’appréciation du franc congolais (CDF) suscite de vives inquiétudes sur la santé des finances publiques. Pour le député et professeur d’université Godé Mpoy, cette décision monétaire, non adossée à une étude d’impact économique rigoureuse, risque de fragiliser l’ensemble du cadre budgétaire de l’État.
« Lorsqu’on prend une mesure monétaire, il faut faire des simulations », avertit Godé Mpoy.
Selon lui, l’appréciation forcée du CDF entraîne un assèchement de la monnaie nationale dans les banques, sans réelles retombées structurelles. Cette situation perturbe les variables macroéconomiques, à commencer par le budget de l’État.
La majorité des recettes publiques en RDC, impôts, douanes, redevances minières est perçue en dollars américains. Pourtant, le budget de l’État est établi en francs congolais, sur la base d’un taux de change anticipé.
Selon lui, l’appréciation forcée du CDF entraîne un assèchement de la monnaie nationale dans les banques, sans réelles retombées structurelles. Cette situation perturbe les variables macroéconomiques, à commencer par le budget de l’État.
La majorité des recettes publiques en RDC, impôts, douanes, redevances minières est perçue en dollars américains. Pourtant, le budget de l’État est établi en francs congolais, sur la base d’un taux de change anticipé.
« Lorsqu’on prend une mesure monétaire, il faut faire des simulations », avertit Godé Mpoy. “Lorsque le taux du dollar baisse artificiellement, cela réduit automatiquement la valeur des recettes en francs. Résultat: moins de ressources pour l’État, qui peine alors à financer ses fonctions essentielles, comme le paiement des fonctionnaires”, affirme Godé Mpoy.
La RDC étant une économie minière, la plupart des entreprises opèrent en dollars. Les retenues fiscales, comme l’IPR (impôt professionnel sur les rémunérations), sont donc payées en devises. Si ces montants doivent être convertis à un taux sous-évalué, cela réduit d’autant les rentrées fiscales prévues dans le budget, déjà calibrées sur un taux plus élevé. Conséquence directe un déficit budgétaire inévitable.
« Le gouvernement risque de perdre au moins 2 milliards », alerte Mpoy, mettant en cause la viabilité du cadrage macroéconomique actuel.
Godé Mpoy identifie trois sources de fragilité de la monnaie nationale; le facteurs économiques: forte dépendance aux exportations minières. le facteurs monétaires: dollarisation de l’économie, gestion contestée des réserves de change et enfin la balance des paiements: importations élevées, déficit structurel.
Il met en garde sur la stratégie de la BCC de recourir aux réserves de change. Puiser dans les réserves de change pour soutenir artificiellement le CDF peut conduire à leur épuisement, mettant en péril la souveraineté monétaire du pays.
Face à cette situation, le gouverneur de la Banque Centrale du Congo, André Wameso, a présenté au gouvernement huit recommandations pour préserver la stabilité macro-économique:
Renforcer la surveillance du marché des changes ;
Coordonner les politiques conjoncturelles ;
Favoriser l’émission de titres en CDF ;
Revoir les avantages fiscaux pour mieux mobiliser les recettes ;
Maîtriser les dépenses publiques ;
Encourager l’utilisation du franc congolais ;
Diversifier l’économie pour réduire la dépendance au secteur minier.
Malgré la baisse récente du taux d’inflation et la reprise des cours du cuivre (+4,3%) et du cobalt (+16,9%), le franc congolais s’est déprécié de 2,64% sur le marché parallèle fin octobre, signe de tensions persistantes.
La question du taux de change et de la gestion du franc congolais n’est pas qu’un débat d’experts. Elle concerne directement les citoyens, les jeunes entrepreneurs, les ONG, et les investisseurs locaux. Un déficit budgétaire peut retarder les salaires, freiner les projets publics, et miner la confiance économique.
Pour la RDC, il devient urgent d’aligner politique monétaire et réalisme budgétaire, en tenant compte de la structure dollarisée de l’économie et de ses fragilités structurelles.
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