Africa-Press – Congo Kinshasa. Le paradoxe entre l’accord de paix signé entre la RDC et le Rwanda et la réalité sur le terrain continue de susciter de vives réactions au sein de la société civile et de la classe politique.
Alors que les opinions divergent, certains acteurs regrettent la poursuite de l’agression malgré l’entérinement de l’accord le 4 décembre dernier, tandis que d’autres soutiennent le processus tout en espérant une amélioration de la situation sécuritaire dans les tout prochains jours.
La société civile de Karisimbi, en ville de Goma, se dit particulièrement inquiète. Elle affirme que, jusqu’à ce jour, aucun acte palpable ne reflète l’esprit des engagements pris entre la RDC et le Rwanda sous les auspices du président américain Donald Trump.
Christian Kalamo, président de cette structure citoyenne, fait savoir que les éléments de la coalition M23-AFC, soutenus par le Rwanda, continuent « d’occuper et de prendre de nouveaux espaces, en violation manifeste de l’esprit et de la lettre de l’accord », en dépit des engagements pris entre la RDC et le Rwanda sous les yeux des grandes puissances.
Alors que l’accord prévoyait le retrait des troupes rwandaises et un cessez-le-feu immédiat, aucun élément ne s’est retiré à ce jour. Le doute persiste donc sur l’effectivité de cet accord de Washington, qui conserve encore un caractère essentiellement symbolique au regard de la réalité vécue sur le terrain. Pendant ce temps, les populations civiles continuent de subir les affres de la rébellion du M23-AFC, soutenue par le Rwanda.
« Les civils, qui devraient être les premiers bénéficiaires d’un processus de paix, ne voient ni protection renforcée, ni retour à la stabilité, ni accès sécurisé aux services de base », regrette-t-il.
La société civile du territoire de Lubero, quant à elle, mise davantage sur les démarches diplomatiques. Elle estime que, tôt ou tard, l’accord de paix signé à Washington produira le résultat escompté, à savoir le rétablissement de la paix. Son président, Muhindo Tafuteni, appelle les autorités congolaises à redoubler d’efforts pour accélérer ce processus.
« Sur le terrain, rien n’a changé comme on s’y attendait, Uvira est tombé. Mais cela n’empêche pas que, sur le plan diplomatique, nous pensons que le pays a gagné quelque chose, même si le terrain n’a pas encore produit un résultat visible. Nous reconnaissons que cette guerre ne se joue pas seulement sur le plan militaire, mais aussi, et surtout, sur le plan diplomatique », a-t-il déclaré dans une interview exclusive accordée à TazamaRdc.
Cette position rejoint celle de Ngulumira Amisi Frédéric, militant du parti RDC-KML. Cet acteur politique félicite les parties prenantes au conflit pour avoir franchi ce pas décisif vers la paix à travers l’accord de Washington. Toutefois, il insiste sur la nécessité de voir cet engagement se concrétiser réellement sur le terrain, estimant que la compassion envers les populations victimes doit être une motivation centrale des signataires.
« Cela ne devrait pas rester une simple expression d’intention. S’ils croient en Dieu et s’ils ont encore une part d’humanité, quels que soient leurs intérêts, ils doivent avoir pitié de cette population de l’Est de la RDC », a-t-il déclaré.
Pour rappel, l’accord de paix a été signé le 4 décembre 2025 aux États-Unis entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, respectivement de la RDC et du Rwanda. Il a été parrainé par le président américain Donald Trump, en présence des grandes puissances et des représentants des pays de la région des Grands Lacs, en qualité de témoins.





