Africa-Press – Congo Kinshasa. L’ancien député Daniel Safu a pris la décision de ne plus combattre Félix Tshisekedi aux côtés de Moïse Katumbi. L’opposant a officialisé son départ du parti Ensemble pour la République dans une lettre adressée à son ex-leader. Safu intègre désormais la plateforme Sauvons la RDC, pilotée par l’ancien chef de l’État Joseph Kabila.
Dans son courrier, le désormais ex-ex-cadre Ensemble officialise une séparation qu’il qualifie de mûrement réfléchie. « J’ai l’honneur et l’avantage de vous informer de ma démission du parti Ensemble pour la République ». Il précise ainsi que sa « démission prendra effet à compter de la date de la réception de la présente lettre par les instances compétentes du parti ».
À travers cette prise de position, Safu met en avant une divergence devenue, selon lui, structurelle avec la ligne du parti Ensemble pour la République. Il accuse la formation de Katumbi d’avoir délaissé les priorités nationales au profit d’un « particularisme politique » incompatible avec les défis actuels.
Pour Safu, l’enjeu relève d’une vision de rassemblement capable de faire face à ce qu’il identifie comme une dérive de l’État. Il évoque ainsi la nécessité « d’éradiquer toute velléité à la tyrannie » et « de contribuer à la restauration de l’État de droit ».
Une démission portée par l’inquiétude nationale
Safu décrit un pays fragmenté, où les forces politiques et citoyennes chargées de défendre la démocratie se dispersent. Une fragmentation qui, selon lui, affaiblit la capacité de résistance face à des tendances autoritaires croissantes.
Cette analyse le conduit à plaider pour une coordination de l’opposition plus structurée autour d’un leadership unifié. Il estime fondamental de dépasser les ambitions individuelles pour embrasser une vision élargie de l’intérêt général. Dans sa lettre, il fait allusion à un leadership doté « de dimension nationale, de statut d’homme d’État et de stature universelle ».
Cette insistance sur la cohésion confirme, selon ses proches, que son départ d’Ensemble ne relève pas d’un simple repositionnement, mais d’un choix idéologique assumé. Face à ce qu’il qualifie de « tyrannie tribale féroce », il croit fermement que la dispersion des oppositions constitue un handicap majeur. Selon lui, la situation actuelle nécessite « un responsable unique sur le plan opérationnel… ».
Pourquoi le choix de la plateforme kabiliste?
Safu se tourne ainsi vers la plateforme Sauvons la RDC, devenue, à ses yeux, un pôle politique en pleine croissance autour de Joseph Kabila. Le radical opposant affirme que les objectifs inscrits dans les textes fondateurs de cette structure l’ont convaincu de franchir le pas. « Les objectifs de la plateforme Sauvons la RDC justifient ma démission, pour mon adhésion sans réserve », explique-t-il.
Il précise que son propre mouvement, Flamme, rejoint également cette dynamique, dans une démarche de défense de la souveraineté populaire. D’après lui, son choix témoigne d’une intégration politique complète, et non d’un départ isolé.
L’ancien katumbiste se fixe même une mission ambitieuse: bâtir une alternative capable de « terrasser et de neutraliser cette dérive autocratique ». Son appel, adressé aux citoyens et aux forces engagées, se veut mobilisateur: « Qu’il me soit permis ici de lancer un vibrant appel ». L’heure est à « une adhésion consciente et massive » à cette plateforme, qu’il considère comme la seule alternative crédible. Pour Safu, la plateforme kabiliste apparaît comme l’outil le plus structuré pour organiser une résistance politique sérieuse, contrairement à ce qu’il perçoit comme la fragmentation d’Ensemble pour la République.
Malgré ses critiques appuyées, Safu clôt sa lettre avec courtoisie envers Moïse Katumbi. « Tout en vous remerciant pour la confiance que vous avez accordée », écrit-il, laissant entendre que son départ ne relève pas d’une querelle personnelle, mais d’une conviction politique profonde. Reste à voir comment Ensemble pour la République réagira à cette défection, et comment Sauvons la RDC intégrera cette nouvelle figure dans sa stratégie de repositionnement national.





