Africa-Press – Congo Kinshasa. Le ministre des Infrastructures et travaux publics (ITP), John Banza Lunda, prévoit dans son canevas 2026, l’identification du charroi automobile, du patrimoine mobilier et immobilier des services publics de l’Etat. Concernant singulièrement les véhicules terrestres, un récent rapport des ITP fait état de la « non-déclaration auprès du ministère des Infrastructures et travaux publics des véhicules de l’État lors de leur acquisition par la plupart des Cellules de gestion des projets et des marchés publics » (CGPMP).
Cette situation n’est pas un fait nouveau, déjà sous Kabila, l’Observatoire de la dépense publique (Odep) avait crié haro sur la confusion savamment entretenue par des ministres sur des véhicules sous gestion de Service des transports administratifs (STA), un service spécialisé des ITP. Mais ces cinq dernières années, aux ITP, l’on déplore « le refus d’organisation des missions mixtes de contrôle par la tutelle politique et administrative ». Ce qui fait que le service public attitré pour gérer les véhicules de l’État n’a aucune « maîtrise du charroi automobile de l’État ». Et pour 2026, le ministère des ITP annonce vouloir en finir avec le phénomène, « non-respect de la durée légale de déclassement des véhicules par les différents services de l’État, ce qui réduit considérablement leur valeur vénale après-vente ».
Voilà 5 ans déjà que les experts du ministère des Infrastructures et travaux publics proclament que l’État congolais ne dispose pas d’un charroi automobile. Les véhicules achetés notamment par les ministères et autres institutions étatiques, ne sont nullement repris dans les registres de STA. Ce service fait remarquer qu’il n’existe pas un système comptable des véhicules, qui sont achetés par les différents services de l’État. « Nous n’avons pas non plus de moyens pour contraindre les acquéreurs à communiquer à l’autorité de tutelle les nombres exacts des véhicules achetés au courant de l’année », s’est confié aux médias un haut cadre du Service de transport administratif.
Et de renchérir, « les véhicules achetés par l’État ne portent pas l’immatriculation « STA ». Les bénéficiaires de véhicules achetés par les fonds publics préfèrent l’immatriculation des privés. Ce qui fait perdre les traces et ce qui ne permet pas non plus au ministère des ITP d’identifier régulièrement les véhicules achetés par l’État ». La situation de STA est plus confuse en provinces où il n’existe pas de mécanismes mis en place par l’État congolais pour l’identification des véhicules achetés par les différentes autorités, notamment au niveau des gouvernorats, des Assemblées provinciales et des administrations provinciales.
Selon les récentes estimations, au moins dix mille véhicules ont échappé au contrôle de l’État suite aux embouteillages administratifs occasionnés par les décideurs congolais. La dernière fois qu’un ministre des ITP a opéré une mission de récupération des véhicules date d’il y a 18 ans, en 2007. Ce fut du temps de intraitable (feu) Pierre Lumbi Okongo. Ce dernier avait amorcé des recherches visant à mettre la main sur les véhicules de l’État spoliés, volés ou vendus à vil prix par ses prédécesseurs tant à Kinshasa qu’en provinces. Mais ces recherches n’ont permis de récupérer que 70 véhicules sur les 4 870 retracés.
Il se rapporte que certains véhicules de luxe essentiellement des Jeeps 4×4 ont été évacués vers Brazzaville et d’aucuns ont eu l’idée mafieuse d’enterrer des automobiles sinon de les faire modifier jusqu’au numéro du châssis. Même pour Kinshasa, le Service de transport administratif ne dispose pas de statistique des acquisitions par administration ou institution et fait ses prévisions de manière aléatoire.
Le STA note, en effet, l’absence savamment entretenue d’une base des données. Ce qui complique le déclassement. « Nous ne disposons pas d’une base de données des véhicules de l’État, révèle ce fonctionnaire. Nous faisons face à une opposition des services pour le contrôle des acquisitions des véhicules de l’État ». Curieusement, il est des véhicules des particuliers, apprend-on au STA, qui roulent avec l’immatriculation « STA » pour échapper au contrôle de la police de roulage.





