Africa-Press – Côte d’Ivoire. Un climat d’exaspération croissant agite la filière Café-Cacao, à la veille d’un tournant décisif pour la structuration de l’Organisation Interprofessionnelle Agricole (OIA) Café-Cacao. Au cœur de la polémique: la non-publication, depuis près de deux semaines, du rapport final du cabinet indépendant JAD Expertise, mandaté pour vérifier les données de représentativité et de volume revendiquées par les deux organisations de producteurs candidates au Collège des producteurs – l’ONPCC-CI de Siaka Diakité et l’ASPCACC-CI de Sermé Karim.
Transmis pour publication depuis bientôt quatorze jours, le rapport final de cette mission d’audit est toujours bloqué sans justification officielle. Une situation perçue par de nombreux producteurs comme une tentative de manipulation des résultats en faveur de certains candidats jugés proches des sphères décisionnelles. Ces manœuvres, si elles sont avérées, contreviennent directement aux textes régissant l’OIA Café-Cacao et vont à l’encontre de la volonté clairement exprimée des producteurs.
Durant plus de quatre mois, les deux OPA candidates ont mené un travail de terrain considérable pour actualiser leurs données de représentativité, en sillonnant les principales zones de production.
Une mobilisation logistique et financière majeure, entièrement à la charge des producteurs, en raison de l’absence de soutien du Conseil Café-Cacao. Ce fort engagement témoigne de la volonté des acteurs de base d’instaurer une gouvernance plus représentative et transparente de leur filière.
Face à ce qu’ils considèrent comme une tentative de confiscation de leur droit à une représentation juste et légitime, plusieurs producteurs alertent: la situation est explosive. Si le rapport n’est pas publié dans les plus brefs délais, des soulèvements populaires ne sont pas à exclure.
Ils en appellent à la responsabilité du Comité Technique OIA Café-Cacao, du Ministre d’État, Ministre de l’Agriculture du Développement Rural et des Productions Vivrières, ainsi que du Directeur Général du Conseil Café-Cacao, pour faire toute la lumière sur cette affaire et éviter un climat de tension dans les zones de production.
Il est utile de rappeler que le Collège des producteurs au sein de l’OIA Café-Cacao détient 60% des sièges au Conseil d’Administration, un pouvoir décisionnel majeur qui confère aux producteurs un rôle central dans l’avenir de leur filière. Cette configuration voulue par l’État traduit une volonté forte de démocratie agricole. En ce sens, toute tentative de manipulation des résultats du rapport de JAD Expertise serait un recul inacceptable.
À noter que d’autres filières agricoles ont déjà officiellement reçu leur feuille de route, à l’instar des OIA INTERPECHE-CI, INTERPOR-CI, INTERQUA, OIA GR-CI et INTERPRU, qui ont été investies le 28 juin dernier à la CAISTAB par le Ministre des Ressources Animales et Halieutiques. Ces structures interprofessionnelles ont pour mission de fédérer les acteurs des chaînes de valeur agricoles, promouvoir les intérêts communs et garantir une régulation efficace des filières.
Le blocage de la publication du rapport de JAD Expertise suscite une vive inquiétude dans la filière Café-Cacao. Pour préserver la paix sociale et respecter l’esprit des réformes agricoles en cours, les autorités compétentes sont appelées à faire preuve de transparence, en publiant sans délai les résultats de la mission d’audit. Il y va de la crédibilité des institutions et de la stabilité de toute une filière stratégique pour l’économie nationale.
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