Remise du journaliste Hugues au Bénin par le gouvernement

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Remise du journaliste Hugues au Bénin par le gouvernement
Remise du journaliste Hugues au Bénin par le gouvernement

Africa-Press – Côte d’Ivoire. La remise du journaliste béninois Hugues, réfugié au Togo, aux autorités de son pays d’origine continue de susciter des interrogations. Interpellé à Abidjan le 10 juillet dernier, dans le cadre d’un séminaire organisé par le ministère ivoirien de la Transition numérique, il a été rapidement renvoyé au Bénin. Un retour qui soulève aujourd’hui des doutes sur le respect de la législation ivoirienne en matière d’extradition et sur la conformité au principe de non-refoulement inscrit dans la Convention de Genève relative au statut des réfugiés.

Face à la presse, ce mercredi, à l’issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a livré les premières explications officielles.

Le ministre a d’abord tenu à préciser que le journaliste Hugues faisait partie d’un groupe d’environ cinquante journalistes invités par le ministère de la Transition numérique.

« Il n’y avait aucune vérification approfondie sur le passé de chaque participant. Nous ignorions qu’il bénéficiait du statut de réfugié au Togo », a-t-il déclaré.

Sur la question de la légalité de l’opération, Amadou Coulibaly a souligné que cette remise s’est faite dans le cadre d’une coopération régulière entre la Côte d’Ivoire et le Bénin.

« Dans ce genre de cas, et dans le cadre d’une coopération entre deux États, des remises sont opérées entre services de police. Cela se fait dans plusieurs domaines, y compris dans les affaires familiales ou sociales. »

Cependant, le ministre a admis ne pas disposer de toutes les informations détaillées, précisant qu’il n’appartient ni au ministère de l’Intérieur, ni à celui de la Justice, mais qu’à sa connaissance, aucune procédure formelle d’extradition n’avait été initiée.

Interpellé sur le fait que le journaliste détenait un titre de voyage mentionnant son statut de réfugié, ce qui aurait dû empêcher sa remise, le ministre a répondu avec prudence: « Vous me donnez là des informations que je n’avais pas. Si un tel document existait, il aurait été important qu’il soit signalé. »

Cette réponse soulève des zones d’ombre importantes, notamment sur la prise en compte — ou non — du principe de non-refoulement, un engagement international contraignant pour tout État signataire de la Convention de 1951, dont la Côte d’Ivoire fait partie.

L’affaire pose de sérieuses questions juridiques et diplomatiques. Le flou autour de la procédure suivie — extradition formelle ou simple remise « police à police » — ainsi que l’absence d’un contrôle judiciaire préalable inquiètent les défenseurs des droits humains.

L’opinion attend désormais que les ministères de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères s’expriment officiellement sur ce dossier, pour éclaircir les responsabilités et préserver l’image d’un État de droit respectueux de ses engagements internationaux.

Le cas du journaliste béninois Hugues pourrait bien devenir un test pour la politique ivoirienne en matière de respect des droits des réfugiés. Dans un contexte sous-régional tendu, où la coopération sécuritaire est cruciale, la frontière entre diplomatie, légalité et droits humains semble plus fragile que jamais.

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