Cacao et avenir de l’alliance Côte d’Ivoire-Ghana

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Cacao et avenir de l'alliance Côte d'Ivoire-Ghana
Cacao et avenir de l'alliance Côte d'Ivoire-Ghana

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Si la campagne cacaoyère ivoirienne 2025-2026 s’est ouverte avec un prix d’achat aux planteurs record, à 2 800 F CFA le kilo, Abidjan doit composer avec un environnement adverse, marqué par les difficultés de son voisin, qui pourrait perdre sa place de deuxième producteur mondial au profit de l’Équateur.

Croire en l’« Opep du cacao » malgré l’adversité. C’est l’état d’esprit qui prévalait le 1er octobre, à Abidjan, lors du lancement de la campagne de commercialisation de la récolte de cacao, temps fort annuel du secteur de l’or brun en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves.

Présidée par le chef de l’État Alassane Ouattara, candidat à un quatrième mandat lors du scrutin du 25 octobre, l’édition 2025-2026 de la cérémonie, à laquelle ont participé quelque 8 000 petits producteurs, a été marquée par l’annonce d’un prix d’achat record du cacao, à 2 800 francs CFA le kilo.

Traduction de la flambée des cours intervenue début 2023 et de leur maintien à un niveau élevé depuis, ce prix est aussi le résultat des efforts de la Côte d’Ivoire et du Ghana, deuxième producteur mondial de fèves, pour obtenir une meilleure rémunération de leurs planteurs.

650 000 tonnes attendues pour Accra

Assurant près de la moitié de l’approvisionnement mondial, Abidjan et Accra, via leur régulateur respectif, le Conseil café cacao (CCC) et le Ghana Cocoa Board (Cocobod), se sont associés depuis 2018 dans une alliance baptisée Opep du cacao afin de peser davantage dans un marché mondialisé du chocolat.

Outre l’objectif commun de l’amélioration des revenus des petits producteurs, les deux pays entendent harmoniser leur politique cacaoyère, mettant l’accent sur la qualité de leurs fèves, la durabilité de leur filière et la nécessité de développer la transformation locale.

Dans ce cadre, l’ambiance festive de la cérémonie a été assombrie par une crainte, celle de voir à court terme le voisin ghanéen, qui a annoncé en août un prix d’achat à environ 2 500 F CFA le kilo, perdre sa place de numéro deux mondial au profit de l’Équateur.

En effet, bien qu’Accra devrait tenir son rang lors de la campagne qui s’ouvre, avec une récolte 2025-2026 estimée à 650 000 tonnes selon le Cocobod, contre une prévision de 570 000 tonnes pour Quito, la hiérarchie pourrait s’inverser dès la saison suivante.

L’Équateur, dont le secteur cacaoyer est en plein boom, table sur une récolte de 650 000 tonnes à l’horizon 2026-2027, une performance que le Ghana, en perte de vitesse ces dernières années, aurait des difficultés à atteindre, le recul ghanéen risquant d’affaiblir son association avec la Côte d’Ivoire et, par ricochet, de pénaliser cette dernière.

400 milliards de F CFA par saison

Pour autant, le camp ivoirien, qui table sur une récolte 2025-2026 d’environ 1,8 million de tonnes de cacao, veut garder la tête froide. Dans son discours, le président Ouattara a salué le partenariat avec son voisin quand le patron du CCC, Yves Brahima Koné, a lui mis en avant une filière qui permet au régulateur ivoirien d’engranger quelque 400 milliards de F CFA par saison grâce notamment à l’introduction d’un différentiel de revenu décent (DRD) de 400 dollars par tonne imposé aux multinationales par Abidjan et Accra.

« Nous ne sommes pas inquiets », a assuré un membre de la direction de l’Initiative Côte d’Ivoire-Ghana qui pilote la collaboration entre les deux pays. « Il y a quelques années, l’Indonésie était présentée comme un acteur montant, avec une production de 600 000 à 700 000 tonnes. Mais, aujourd’hui, ce pays ne produit que quelque 160 000 tonnes », a-t-il exposé pour illustrer les difficultés des nouveaux pays producteurs de cacao à s’imposer.

Parallèlement, ajoute-t-il, le Ghana parie sur une relance de sa production via la distribution massive auprès des producteurs de nouveaux plants de cacao à haut rendement, le Cocobod ayant lancé, dès 2022, un programme de distribution de quelque 140 millions de plants.

Du côté des industriels, la montée en puissance de la production de l’Équateur est accueillie favorablement, perçue comme un moyen de diversifier les origines, même si la qualité des fèves ouest-africaines est considérée comme supérieure à celle du pays sud-américain, dont les sols contiennent du cadmium. « Même si l’Équateur a déjà son portefeuille de clients, nous suivons ce pays producteur qui pourrait, à terme, changer la donne pour les pays africains », estime le responsable d’un acteur du négoce de fèves.

Source: JeuneAfrique

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