Par Florence Richard
Africa-Press – Côte d’Ivoire. En Côte d’Ivoire, le président réélu Alassane Ouattara a opté pour la sécurité en privilégiant les sortants et en imposant des poids lourds dans certaines circonscriptions, laissant peu de place au renouvellement attendu.
Faire mieux. Mieux que 137 députés élus en 2021 sur les 255 sièges que compte l’hémicycle et que les 168 membres que compte désormais son groupe après une série de ralliements. À moins de deux mois des élections législatives du 27 décembre, l’objectif que s’est fixé le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est aussi clair qu’ambitieux, après un scrutin présidentiel remporté sans difficulté par son président, Alassane Ouattara.
Au terme d’arbitrages internes plus tendus que prévu dans quelques-unes des 205 circonscriptions du pays, le chef de l’État a opté pour la sécurité en maintenant les sortants et en imposant des poids lourds dans certaines localités, laissant peu de place aux nouveaux entrants et aux jeunes, pourtant nombreux à avoir fait acte de candidature.
Les ministres et cadres mobilisés
Comme en 2021, la quasi-totalité de l’équipe gouvernementale est mobilisée, l’occasion pour Alassane Ouattara de jauger à nouveau la légitimité populaire des uns et des autres, alors qu’il entend procéder à un remaniement en janvier. Plusieurs ministres sont candidats à leur réélection: Mamadou Touré (Promotion de la jeunesse) battra campagne chez lui à Daloa, Mariatou Koné (Éducation nationale) à Boundiali, Amadou Coulibaly (Communication) à Korhogo, Anne Ouloto (Fonction publique) à Toulepleu ou encore Amadou Koné (Transports) à Bouaké, où il est maire. Le Premier ministre Robert Beugré-Mambé sera quant à lui candidat à Songon.
Le ministre de la Défense et frère du chef de l’État, Téné Birahima Ouattara, élu du Tchologo (Nord), sera sur la ligne de départ à Abobo, immense commune du district d’Abidjan acquise au RHDP et dirigée par Kandia Camara, députée sortante nommée depuis à la présidence du Sénat.
Jusque-là député d’Agboville, le président de l’Assemblée nationale Adama Bictogo aura pour sa part la lourde tâche de convaincre les électeurs de Yopougon, commune dont il est maire, mais où l’opposition, partie divisée aux municipales, reste encore très puissante. Une tâche facilitée par l’annonce récente d’un boycott du scrutin par le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, qui dénonce un climat de répression dans le pays. À Yamoussoukro, le RHDP a fait le choix d’Augustin Thiam, frère de Tidjane Thiam, qui y occupe depuis 2011 le poste de ministre-gouverneur. Il pourrait se retrouver confronté à sa sœur, Yamousso Thiam, pressentie pour représenter le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) dans la capitale.
Peu de jeunes, beaucoup d’indépendants
Plusieurs proches collaborateurs d’Alassane Ouattara seront aussi candidats. Patrick Achi, l’ancien Premier ministre aujourd’hui conseiller à la présidence, et Fidèle Sarassoro, directeur de cabinet du chef de l’État, se représenteront à Adzopé et Sinématiali. L’ex-ministre des Affaires étrangères Marcel Amon-Tanoh, un temps en rupture avec Alassane Ouattara, se présentera à Jacqueville, dans la région des Grands Ponts. Figure montante du parti, le fils de l’ancien Premier ministre Seydou Diarra, le quadragénaire Cédric Diarra, battra quant à lui campagne dans le nord du pays, à Odienné.
Préférant faire prévaloir la fidélité à un vieux compagnon de route, Alassane Ouattara ne se sera pas résolu à écarter le doyen de l’Assemblée nationale et président du groupe parlementaire du RHDP, l’octogénaire Mamadou Diawara, qui rempilera pour une nouvelle campagne électorale, à Adjamé, grande commune commerçante d’Abidjan.
Le parti au pouvoir a pourtant vu affluer de très nombreuses candidatures après sa victoire écrasante à la présidentielle, dont celles d’un grand nombre de jeunes impliqués à divers degrés pendant la campagne et prêts à incarner le renouvellement générationnel promis par Alassane Ouattara.
Faute d’avoir été retenus, certains ont décidé de se lancer en candidats indépendants et pourraient rallier le RHDP en cas de victoire, comme ce fut le cas après le scrutin de 2021, permettant à la majorité d’approcher la majorité qualifiée des deux tiers. Ces « sans étiquette » étaient majoritaires en 2016 – 790 sur 1 390 postulants – et en 2021 – 762 sur les 1 266 candidats retenus – et constitueront sans nul doute l’une des clés de ces prochaines élections, dont la date de limite de dépôt des candidatures a été fixée au 12 novembre. La campagne s’ouvrira le 18 décembre et durera une semaine.
Source: JeuneAfrique
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