Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les discussions du cinquième dialogue politique en Côte d’Ivoire débuteront très bientôt. Les formations politiques et organisations de la société civile y participant ont toutes adressé leurs propositions au gouvernement à cet effet. Mais des voix soutiennent d’ores et déjà qu’il ne faudra espérer grand-chose de cette nouvelle rencontre.
Pour cet ancien ministre qui a occupé tour à tour, de 2012 à 2016, les portefeuilles de la Fonction publique, de l’Enseignement supérieur, puis de l’Habitat et du logement, sous la présidence d’Alassane Ouattara, cette nouvelle phase du dialogue politique n’est ni plus ni moins qu’une « farce orchestrée sous la houlette du RHDP [Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, le parti au pouvoir, ndlr] avec la complicité de l’opposition significative ».
Il estime que tous les 40 candidats (sur 44 en tout) à l’élection présidentielle d’octobre 2020 dont la candidature avait été invalidée par le Conseil constitutionnel (notamment l’ancien chef d’État Laurent Gbagbo, l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, mais aussi Gnamien Konan lui-même) « auraient dû être associées d’une manière ou d’une autre au processus ».
Pour un climat sociopolitique apaisé
Comme l’indique le gouvernement, l’objectif de cette cinquième phase du dialogue qui rassemble des acteurs politiques (21 formations, à savoir huit groupements et 13 partis individuels) et responsables d’organisations de la société civile (au nombre de 26) est de « poursuivre l’enracinement d’un climat sociopolitique apaisé, permettant, tout à la fois, le bon fonctionnement des institutions comme celui du débat démocratique et la poursuite du développement économique vigoureux du pays, dans un contexte de stabilité et de concorde nationale ».
Les trois premières phases de ces discussions nationales entamées en 2018 ont échoué à permettre d’organiser une élection présidentielle consensuelle et pacifique en octobre 2020. En effet, les violences sur fond de contestations contre la candidature d’Alassane Ouattara, ont officiellement fait 85 morts et près de 500 blessés.
La quatrième phase, qui s’est déroulée en décembre 2020, soit deux mois seulement après la présidentielle, avait permis d’apaiser un tant soit peu les tensions, et de faciliter la tenue des législatives en mars 2021. Aussi les autorités considèrent-elles comme « une chance » le fait que les débats de fond de la cinquième phase démarrent en ce début janvier, en dehors d’un calendrier électoral, les prochaines élections locales étant prévues en 2023, et la présidentielle en 2025.
Mais si le gouvernement ivoirien présente ce nouvel acte du dialogue politique comme ouvert et inclusif, tout le monde ne partage pas cet avis. Tout comme Gnamien Konan, Charles Blé Goudé -définitivement acquitté en mars 2021 par la Cour pénale internationale, en même temps que son coaccusé Laurent Gbagbo, des charges de crimes contre l’humanité qui pesaient sur eux, mais toujours en attente du passeport que doivent lui remettre les autorités ivoiriennes pour permettre son retour au pays- déplore lui aussi l’absence de son parti, le Cojep, aux discussions. Ce à quoi Mamadou Touré, le porte-parole adjoint du gouvernement interrogé par RFI, a répondu qu’il y a « plus de 200 partis politiques en Côte d’Ivoire et que si tous ces 200 partis devaient se retrouver autour de la table des discussions, on aurait quelques difficultés ».
Le président de La Nouvelle Côte D’Ivoire dénonce par ailleurs des « manœuvres antidémocratiques » du gouvernement. En tout état de cause, le dialogue politique est de nouveau sur les rails. Et les sujets de discussion sont nombreux. En plus des griefs ordinaires contre la Commission électorale indépendante (la structure chargée d’organiser les élections) et le Conseil constitutionnel, les partis d’opposition demandent, entre autres, la libération des prisonniers civils et militaires des crises électorales de 2010-2011 et 2020, ainsi que le retour de tous les exilés. Autant de sujets qui demeurent sensibles.
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