
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Affi N’guessan dans le département d’Agboville (Ph KOACI)
Depuis son divorce consommé avec l’ancien président Laurent Gbagbo dont il fut le Premier ministre, Pascal Affi N’guessan ne rate aucune occasion quand il s’agit de charger son ex-patron.
Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’guessan, c’est le divorce politique consommé depuis la volonté de l’ancien pensionnaire de la cour pénale internationale (CPI) d’abandonner entre les mains du député de Bongouanou, le Front populaire ivoirien (FPI) qu’il a cofondé quelques années après l’avènement du multipartisme en Côte d’Ivoire.
Affi N’guessan qui devra faire ses preuves sur le terrain politique après la volonté de Gbagbo de créer le Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) est depuis quelques jours en tournée.
Au terme d’une série de meetings politiques, Pascal Affi N’guessan était devant les populations du département d’Agboville plus précisément à Guiessiguié, village et chef-lieu de sous-préfecture de feu N’Dori Raymond François, ex vice-président du Front Populaire Ivoirien.
Devant ses hôtes, Pascal Affi N’guessan n’a pas manqué de dire que le temps de Laurent Gbagbo est passé et qu’il faut résolument se tourner vers l’avenir avec un nouveau contrat social.
Retraçant son vécu politique dans le FPI, Pascal Affi N’guessan a expliqué comment il a fait ses premiers pas au sein de cette formation politique avec Simone Gbagbo.
« Je suis militant du FPI depuis 1986. En son temps, j’étais directeur des études et des stages à l’école nationale supérieure des PTT. Malgré ça, j’ai choisi la clandestinité. Je suis entré au FPI par mon Ami Bouikalo aujourd’hui, vice-président chargé de l’école du parti. Nous nous sommes rencontrés en France où je venais de terminer les études en 1984. Et il m’a dit qu’il y a un mouvement en création pour prôner le multipartisme et la démocratie. « Si tu arrives à Abidjan, contacte Simone Gbagbo, c’est elle qui dirige le mouvement ». C’est comme ça quand je suis rentré, j’ai rencontré Simone et nous avons commencé à travailler dans la clandestinité en 1986. C’est deux années plus tard que j’ai fait la connaissance de Gbagbo qui venait d’arriver d’exil. Notre premier contact, c’est à l’École Nationale Supérieure des PTT où j’étais directeur. J’étais le secrétaire général de la section clandestine là-bas. Et nous avons continué à travailler. C’est moi qui ai payé la caution du siège du FPI en zone 4. J’ai été maire FPI en 1990. J’ai été le directeur de cabinet de Gbagbo dans l’opposition. Je suis président du FPI depuis juillet 2001. », a-t-il relaté.
L’ancien Premier ministre n’est pas allé du dos de la cuillère avec ses anciens camarades aujourd’hui, membres du PPA-CI. Il a fait savoir que ceux qui l’accusent d’avoir trahi sont ces derniers qui se cachaient au plus fort de la crise postélectorale en 2010-2011, au lendemain de la chute de régime Gbagbo.
« Quand Gbagbo a été arrêté, je pouvais fuir comme beaucoup, mais après les militants me demanderaient : où étais-tu ? Quand Mamadou Coulibaly et Yao Paul N’dré faisaient allégeance à Ouattara, je pouvais faire autant pour avoir la vie sauve et la liberté, mais j’ai choisi de dénoncer et de réclamer la libération de Gbagbo au cours d’une conférence de presse à l’hôtel la Pergola où nous étions pour discuter. Malgré ça, ce sont ceux qui se sont cachés et ont fui qui m’ont traité de traître parce que pour eux, on ne doit rien faire tant que Gbagbo est en prison. Les rebelles m’ont arrêté à l’hôtel la pergola, ils m’ont bastonné, volés mon argent et me jeter dans une prison abandonnée à Bouna. », a-t-il expliqué.
Enfin, Pascal Affi N’guessan a dénoncé le jeu politique trouble qu’ont eu les « Gbagbo ou rien » lors des élections législatives de 2016.
« En 2016, si les Gor (Gbagbo ou rien Ndlr) n’avaient pas battu la campagne contre les candidats du FPI, il nous suffisait d’avoir 30 députés pour contraindre Ouattara à ne pas changer les lois en 2020 surtout que le PDCI est sorti du RHDP. Les 30 députés FPI avec ceux du PDCI auraient empêché ces lois. Quand on n’a pas les moyens juridiques pour empêcher, la seule voie qui nous restait, c’était la rue. Je peux même dire que c’est moi qui ai été trahi. Mais, un homme politique, c’est aussi ça. Être tenace, objectif, avoir une vision et ne jamais faiblir quelles que soient les circonstances. », a-t-il dit pour conclure.
Jean Chrésus, Abidjan
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