Africa-Press – Côte d’Ivoire. Et maintenant au tour de Noël Akossi-Bendjo ? Il y a une semaine, le Tout-Abidjan bruissait de cette rumeur : l’ancien maire du Plateau, financier du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), serait en train de rejoindre le parti présidentiel. Comme des dizaines de cadres depuis 2018 et la création du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), ce baron de la formation d’Henri Konan Bédié est-il en train de franchir le Rubicon ?
Les supputations sont parties d’un article publié par le media Africa Intelligence, et plus particulièrement de cette phrase : « Plusieurs voix au sein du parti s’inquiètent par ailleurs des supposées velléités de départ de l’ancien maire de la commune du Plateau, Noël Akossi-Bendjo », était-il écrit. Même au conditionnel, elle a fait la une des médias ivoiriens dans les jours qui ont suivi.
« Je suis PDCI et je le reste »
Dans un contexte où les cadres du vieux parti se sont publiquement inquiété de défections de leurs camarades et ont demandé au président Henri Konan Bédié de les rassurer, tout murmure laissant présager un autre départ est pris au sérieux. « Les défections auxquelles nous assistons ces derniers temps ne sauraient nous ébranler. À la croisée des chemins, chacun choisit la voie qui [correspond] le mieux à sa personnalité et à son degré de conviction », avait répondu Bédié le 29 janvier à Daoukro, lors de la cérémonie de vœux du Nouvel an du PDCI.
La rumeur a eu un tel retentissement que le principal intéressé, Noël Akossi-Bendjo, a dû publier un démenti. Contacté par Jeune Afrique, il insiste : « Je suis PDCI et je le reste. Tout ce qui a été écrit, ce sont des informations sans fondement. » Depuis son retour d’exil le 3 juillet 2021, Bendjo a retrouvé une place au sein du PDCI. En octobre de la même année, Bédié l’a nommé conseiller spécial chargé de la réconciliation. Il a pris part, aux côtés de Niamkey Koffi et de Georges Philippe Ezaley, deux poids lourds du parti, à la cinquième phase du dialogue politique qui s’est ouvert en décembre 2021.
« Disponible » pour le chef de l’État
En plus du contexte de débauchages et de conflits internes, la rumeur du départ de l’ancien maire du Plateau prospère sur un terreau fertile. Parmi les membres du PDCI à avoir rejoint le parti au pouvoir figurent l’un de ses proches, Yapi Raymond N’Dohi, ancien maire de Koumassi.
De plus, son siège est resté désespérément vide lors des deux derniers grands événements du parti, à savoir la cérémonie de vœux à Daoukro et la remise du prix Félix Houphouët-Boigny/Unesco pour la recherche de la paix à Yamoussoukro le 8 février, dont Bédié est le « protecteur » alors même que plusieurs cadres du parti avaient fait le déplacement. Cela signifie-t-il que Bendjo prend ses distances avec sa famille politique ? « Non, explique-t-il. Je suis actuellement à Abengourou où des réunions familiales avaient été planifiées de longue date. » Il assure également remplir la mission que l’ancien président lui a confiée. « J’ai fait des tournées pour amener les Ivoiriens à se réconcilier, à commencer par ceux qui sont membres du PDCI », dit-il.
Obstacle de taille
Selon nos informations, Bendjo aurait fait part de « sa disponibilité pour accompagner le chef de l’État » après son retour en Côte d’Ivoire en 2021. « Si cela ne veut pas forcément dire qu’il va nous rejoindre, on ne peut pas non plus dire qu’il n’a eu aucun contact avec des cadres du RHDP », temporise un cadre du parti au pouvoir.
Un éventuel débauchage de Bendjo, ancien maire de la commune la plus riche d’Abidjan, serait une prise importante pour le RHDP. Mais pour l’heure, un obstacle de taille demeure sur son avenir politique. Pendant son exil, Bendjo avait été condamné par contumace dans une affaire de détournement de fonds publics, faux et usage de faux à vingt ans de prison, plus de 10 milliards de francs CFA d’amende et cinq ans de privation de droits. Une condamnation pour laquelle il aimerait bénéficier d’une amnistie, afin de briguer un nouveau mandat électif.
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