
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le Courant Démocratie et Valeurs (CDV), né d’une fronde interne au Front Populaire Ivoirien (FPI), a annoncé ce lundi 4 août 2025 son soutien à la candidature d’Alassane Ouattara pour la présidentielle du 25 octobre. Devant la presse, Issiaka Sangaré, président du comité stratégique du CDV, a justifié cette décision par un choix stratégique, assumé et revendiqué, au nom de l’intérêt supérieur de la nation.
C’est à Cocody, devant la presse et les militants du courant, que M. Issiaka Sangaré a pris cet engagement. Le leader du CDV, dissident du FPI, a jeté un pavé dans la mare en annonçant le soutien sans équivoque de son mouvement au président sortant Alassane Ouattara, candidat déclaré à sa propre succession.
« Nous avons décidé de soutenir la candidature du président de la République, Son Excellence Alassane Ouattara », a-t-il proclamé, justifiant cette décision par le bilan élogieux du candidat du RHDP.
Sur ce soutien à Ouattara, Issiaka Sangaré a été catégorique : « Le bilan du président est positif. Sa gouvernance a permis des avancées notables dans la réconciliation, les infrastructures, l’économie, le social, la sécurité, l’éducation et la liberté de la presse », a-t-il souligné, saluant la performance macroéconomique du pays (croissance constante du PIB, endettement maîtrisé à 58 %), les progrès dans les secteurs des mines et des hydrocarbures, ainsi que les investissements massifs dans les infrastructures et la santé qu’il met à l’actif du candidat du RHDP.
Il a également relevé « la floraison de chaînes de télévision et de journaux » comme indicateurs d’une liberté d’expression vivace.
Interpellé par les journalistes sur la nature réelle de ce ralliement, Issiaka Sangaré a récusé toute accusation d’opportunisme. « Nous ne sommes pas dans une quête personnelle. Nous voulons renforcer notre parti, affaibli par les départs successifs au PPA-CI et au MGC, et construire une opposition républicaine », a-t-il justifié.
Il a estimé que le RHDP, bien qu’hégémonique, a su ouvrir ses bras au FPI lorsque d’autres formations s’en détournaient : « En 2020, quand EDS et le PDCI nous ont tourné le dos, c’est le RHDP qui nous a accueillis », rappelle-t-il.
Selon lui, cette posture politique s’inscrit dans une volonté de bâtir « une digue républicaine », contre les discours extrémistes et les rivalités stériles. « La politique doit se nourrir de valeurs. Nous voulons une opposition qui laisse prévaloir les intérêts du pays », a-t-il martelé.
Issiaka Sangaré est revenu sur les raisons ayant conduit à la création du Courant Démocratie et Valeurs le 26 octobre 2024. Une scission justifiée, selon lui, par des « dysfonctionnements dans la gouvernance du parti, un déni de démocratie et une dérive autocratique » incarnés par Pascal Affi N’Guessan. Point de rupture : la fin abrupte du partenariat signé entre le FPI et le RHDP en mai 2023.
« Ce partenariat n’avait pas une vocation électoraliste, mais il a permis au FPI d’obtenir cinq vice-présidences régionales, 19 adjoints au maire et 195 conseillers. Sa rupture, sans évaluation préalable, a été un acte unilatéral contraire à toute éthique politique », a-t-il regretté.
Malgré le désengagement du FPI, le CDV, de son côté, a poursuivi ses activités. Il revendique aujourd’hui une implantation dans 25 des 31 régions du pays. « Toutes les délégations régionales sont représentées ici dans cette salle », a insisté le conférencier, saluant une forte adhésion des militants à leur ligne politique : une opposition républicaine fondée sur les valeurs et le respect des institutions.
Avant de clore son propos, M. Sangaré a appelé toutes les structures, militants et sympathisants du Courant Démocratie et Valeurs à s’engager résolument dans le parrainage citoyen pour Alassane Ouattara. Il a qualifié cette mobilisation d’« acte patriotique en faveur d’un projet porteur d’espérance pour la Côte d’Ivoire ».
Par cette prise de position, le président du comité stratégique du CDV envoie un message clair à l’état-major d’Affi N’Guessan : « Supprimer le Courant Démocratie et Valeurs des textes, c’est refuser la démocratie interne. Le débat contradictoire est l’essence même d’un parti démocratique. Nous ne partageons plus les mêmes valeurs. »
Alors que la présidentielle d’octobre s’annonce serrée, ce ralliement d’une frange du FPI au RHDP est sans doute une pièce stratégique dans le jeu politique ivoirien. Il reste désormais à observer l’impact de ce soutien sur les équilibres régionaux et l’adhésion des militants de base à cette nouvelle orientation.
Wassimagnon
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press