
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Alors que le nom de Tidjane Thiam est de plus en plus cité comme une alternative crédible dans la course à la présidentielle de 2025, le Conseiller municipal Dr Alioune Bakayoko appelle à un regard critique sur la figure du « technocrate providentiel ».
Dans une tribune incisive, il démonte ce qu’il qualifie de « mythe de la compétence », et interpelle l’opinion publique sur la réelle capacité de l’ex-banquier à gouverner un pays comme la Côte d’Ivoire.
Titulaire d’un diplôme de Polytechnique et ancien ministre du Plan, Tidjane Thiam a dirigé deux grandes institutions financières : Prudential au Royaume-Uni, puis Credit Suisse en Suisse. Mais derrière ces titres prestigieux, le Dr Bakayoko évoque « des échecs retentissants ».
À Prudential (2009–2013), Tidjane Thiam tente une acquisition de 35,5 milliards de dollars visant à racheter AIA, filiale asiatique d’AIG. Cette opération, mal préparée, se solde par un échec cuisant. Plus de 450 millions de dollars sont perdus dans le processus, et les actionnaires exigent sa démission.
À Credit Suisse (2015–2020), la situation empire. L’institution est secouée par un scandale d’espionnage interne, impliquant la filature illégale d’un ancien dirigeant. En parallèle, la banque enchaîne les pertes et voit sa valeur boursière divisée par deux. L’ère Thiam prend fin par une démission contrainte, sur fond de tension et d’isolement. Trois ans plus tard, la banque s’effondre complètement et est rachetée par UBS. « Sa gestion a profondément fragilisé l’institution », estime Dr Bakayoko.
Le conseiller municipal va plus loin en dénonçant un style de gouvernance autoritaire, fait de décisions unilatérales et d’une culture du secret. « À l’heure où la Côte d’Ivoire a besoin de transparence et de responsabilité, les méthodes de Tidjane Thiam sont inquiétantes », insiste-t-il.
De retour sur la scène politique ivoirienne, Thiam se présente comme un homme neuf, un technocrate au-dessus des partis. Mais selon Dr Bakayoko, ce positionnement est une illusion soigneusement entretenue, car il se veut apolitique, mais manœuvre avec des réseaux issus de l’ancien système, il se dit rassembleur, mais ses équipes passées décrivent un homme solitaire, distant, parfois méprisant. Et il revendique la compétence, mais ses résultats manquent de preuves concrètes.
« Un pays n’est pas une entreprise », martèle Dr Bakayoko. Contrairement à une société cotée en bourse, un État ne peut être restructuré, ni optimisé selon des logiques de rendement. « Un pays, c’est un peuple, une mémoire, des urgences sociales. Or Tidjane Thiam n’a jamais été élu, jamais enraciné dans une base populaire, ni engagé sur le terrain ivoirien. »
L’auteur regrette une absence de présence locale : ni projet citoyen, ni engagement social significatif, ni proximité réelle avec les Ivoiriens. Pour lui, Tidjane Thiam est un « observateur de passage », dont la relation au pays semble guidée davantage par l’opportunité que par la vocation.
Pour Dr Alioune Bakayoko, la Côte d’Ivoire mérite mieux qu’un CV prestigieux et des articles élogieux venus de Londres ou de Zurich. Le vrai leadership, dit-il, ne repose ni sur le marketing personnel ni sur des PowerPoints, mais sur l’écoute, l’humilité et la capacité à unir.
« L’expérience montre que les grands patrons ne font pas forcément de bons présidents. Et dans le cas de Tidjane Thiam, tout semble indiquer qu’il serait un très mauvais choix pour diriger un État aussi complexe que le nôtre. »
Wassimagnon
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