Africa-Press – Côte d’Ivoire. Cinquante milliards de dollars d’investissements par an dans le secteur gazier à l’échelle mondiale jusqu’en 2028. Tel est le pronostic du cabinet de conseil Roland Berger, qui indique dans un récent rapport que cette hausse des investissements est dopée par la volonté de l’Europe – qui a boycotté les importations russes – de diversifier ses sources d’approvisionnement.
Selon la même étude, la production de gaz devrait connaître une croissance annuelle de 0,6 % d’ici à 2030, avant de retomber à 0,3 % par an jusqu’en 2050. Car, d’ici là, de nouvelles capacités productives seront en service, les investissements ne dépasseront donc pas les 20 milliards de dollars par an.
Rôle du GNL
D’après la même source, au cours des cinq prochaines années, les flux financiers seront essentiellement concentrés sur des projets de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment avec le développement des trains de liquéfaction, des terminaux d’exportation ou de regazéification.
L’engouement est tel que la pénurie de GNL peut devenir un scénario plausible. C’est du moins ce qu’a indiqué Shell dans ses résultats de 2022. Selon les projections de la major, la demande mondiale de GNL pourrait atteindre les 700 millions de tonnes en 2040. Un niveau nettement supérieur à celui défini par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) pour respecter la trajectoire de décarbonation.
À ce jour, la capacité mondiale ne dépasse pas les 500 millions de tonnes annuelles, avec de plus en plus de pays africains qui s’ajoutent à la liste des producteurs.
Place de l’Afrique
Depuis janvier 2023, et selon Refinitiv Eikon, l’Algérie est devenue le premier exportateur de GNL d’Afrique, dépassant le Nigeria. La Guinée équatoriale, l’Égypte, la Libye, et bien plus récemment le Mozambique, sont quant à eux des producteurs expérimentés de GNL.
En parallèle, de nouveaux pays entrent dans la danse. Le Sénégal et la Mauritanie, par exemple, qui placent beaucoup d’espoir dans l’exploitation future de cette ressource. À telle enseigne que Macky Sall a indiqué que son pays pourra produire jusqu’à de 2,5 millions de GNL dans les cinq années à venir, et 10 millions en 2030.
Avec des réserves actuelles qui s’élèvent à environ 39 milliards de mètres cubes de gaz, selon l’ONG américaine Global Energy Monitor, le Maroc est, lui aussi, bien placé pour devenir un exportateur majeur de GNL. Sans oublier l’Éthiopie, et sa future zone industrielle de Damerjog, où devrait être édifiée une usine de liquéfaction de GNL en partenariat avec Djibouti.
Nombreuses sont les entreprises africaines (Sonatrach, Nigeria LNG Limited, Egyptian Natural Gas Holding Company (EGAS), Sonagas…), et internationales (Marathon Oil, BP, TotalEnergies, Shell, ExxonMobil…) qui ont misé sur les ressources gazières du continent.
Mais, pour les experts de Roland Berger, la grande majorité des investissements n’auront pas lieu en Afrique. Ils se feront essentiellement en Amérique du Nord (en particulier aux États-Unis) et au Moyen-Orient (surtout au Qatar), avec 10 à 20 milliards de dollars annuels engagés dans chacune de ces régions. En effet, les projets d’exploration et d’exploitation dans ces zones y ont débuté il y a plusieurs années et ont récemment connu une nette accélération avec la demande croissante. En Afrique, le développement de ce secteur en est encore à ses débuts.
Ainsi, l’intensification des investissements aux États-Unis et au Qatar mettent à mal les prévisions de certains cabinets d’analyse, à l’instar d’Akap Energy, qui prévoit depuis trois ans qu’en 2025 l’Afrique produira 20 % des besoins mondiaux en GNL.
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