Les dents de la terre : la spectaculaire et redoutable dentition des tigres à dents de sabre

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Les dents de la terre : la spectaculaire et redoutable dentition des tigres à dents de sabre
Les dents de la terre : la spectaculaire et redoutable dentition des tigres à dents de sabre

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Aberrantes, inutiles, démesurées, les gigantesques quenottes des tigres à dents de sabre ? Parce que ces animaux ont aujourd’hui totalement disparu, on pourrait le penser et considérer ces félins comme des aberrations de la nature, à remiser dans les oubliettes de l’évolution. Rien n’est pourtant plus faux comme vient de le démontrer une équipe internationale constituée de chercheurs britanniques, américains, australiens et belges qui vient de publier une large étude comparative dans les pages du journal Current Biology.

Pour déterminer l’efficacité de ces canines géantes, les chercheurs ont imprimé en 3D des répliques en acier des dents et les ont soumises à quantité de tests mécaniques assortis de simulations informatiques avancées. Le but étant d’évaluer la double contrainte à laquelle ces appendices étaient soumis. Etre des poignards assez effilés pour parvenir à perforer les chairs et tissus des proies, tout en demeurant suffisamment solides pour ne pas se briser sous la pression de la morsure.

Pour cela, les chercheurs ont analysé pas moins de 95 dentitions de divers carnivores, dont 25 espèces d’animaux à dents de sabre.

Au moins apparues cinq fois au cours de l’évolution

En effet, l’imagerie populaire n’a retenu de ces derniers que le félidé représenté dans les films d’animation de “L’âge de glace“, Diego. Improprement nommé “Tigre à dents de sabre“, ce mammifère carnivore n’a en réalité aucun lien de parenté avec les tigres. C’est un Smilodon, de la famille aujourd’hui éteinte des Machairodontinae, et dont il existait plusieurs espèces vivant durant le Pléistocène entre 2,5 millions d’années et 10.000 ans avant notre ère. D’un poids pouvant aller jusqu’à 400 kg, d’une longueur de 2 m et mesurant plus de 1 m au garrot, les Smilodon possédaient une musculature bien plus développée que nos grands félins actuels et faisaient régner la terreur sur le continent américain avec leurs canines supérieures longues de 30 cm.

Mais ils sont loin d’avoir été les seuls animaux pourvus d’une telle dentition. On estime que les dents-de-sabre sont apparues indépendamment au moins cinq fois chez les mammifères.

La mort par perforation plutôt que suffocation

Parmi ceux dotés des quenottes les plus incurvées se trouvent par exemple, les Barbourofelis, des prédateurs d’Amérique du Nord et d’Eurasie vivant entre 13,6 et 4,9 millions d’années. Et bien avant eux, voilà une trentaine de millions d’années, chassaient les Hoplophoneus, des petits animaux d’une centaine de kilos pourvus également de dents de sabres.

Mais la caractéristique s’est également retrouvée chez les Thylacosmilus, des prédateurs proches des marsupiaux qui habitaient l’Amérique du Sud entre 3 et 9 millions d’années.

Bref, cette profusion démontre que, loin d’être une aberration, la dentition à dents de sabre dut conférer un avantage indéniable aux carnivores qui en possédaient. Munis de telles armes, ces derniers tuaient d’ailleurs probablement leurs proies différemment des félins actuels, imaginent les chercheurs. Au lieu de provoquer une suffocation en verrouillant fermement leur mâchoire sur la gorge de leurs victimes, les animaux à dents de sabre devaient les poignarder et les laisser se vider de leur sang.

Des canines perforantes mais très fragiles

Les calculs des chercheurs ont par ailleurs montré que les canines les plus fines et incurvées auraient nécessité moitié moins de force que des canines “modernes“ pour perforer de la chair animale. Même si, selon leurs simulations, une telle efficacité avait un coût: les morphologies les plus extrêmes des dents de sabre, celle des Barbourofelis, des Smilodon ou des Thylacosmilus, en faisaient les plus fragiles. Les contraintes subies auraient ainsi pu être de 3 à 6 fois plus importantes que celles expérimentées par des canines droites.

Pour autant, ce n’est probablement pas pour cette raison que cette morphologie n’existe plus aujourd’hui. Les chercheurs avancent l’hypothèse que les carnivores à dents de sabre ont progressivement disparu au fur et à mesure que les grosses proies se sont raréfiées au sein de leurs écosystèmes. Leur morphologie hautement spécialisée s’est alors retrouvée dans un goulot d’étranglement évolutif laissant la place à des carnivores plus généralistes et moins regardants à se mettre quelque chose sous la dent.

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