
Africa-Press – Côte d’Ivoire. À l’occasion de la 17e édition du Festival des Musiques Urbaines d’Anoumabo (FEMUA), la sécurité routière a occupé le devant de la scène lors d’un panel de haut niveau organisé le 16 avril 2025 à l’Institut National de la Jeunesse et des Sports (INJS) d’Abidjan.
Intégré à la rubrique « Carrefour Jeunesse », cet échange a réuni des autorités ivoiriennes et guinéennes autour d’un sujet crucial: la persistance des accidents de la route et les solutions à y apporter.
Présidé par le ministre ivoirien des Transports, Amadou Koné, et son homologue guinéen, Tamba Benoît Kamano, Secrétaire général du gouvernement de la République de Guinée, ce panel a permis de dresser un état des lieux de la sécurité routière en Côte d’Ivoire et de partager les expériences de la Guinée, invitée d’honneur du festival.
Le thème du jour, « Persistance des accidents de la circulation: à qui la faute ? Quelle solution ? », a donné lieu à des discussions franches et constructives, notamment sur les responsabilités partagées et les efforts nécessaires pour inverser la tendance.
La Côte d’Ivoire a lancé en 2021 une stratégie nationale de sécurité routière couvrant la période 2021-2025. À mi-parcours, les résultats sont contrastés. Le ministre Amadou Koné a salué des avancées significatives, en mentionnant, une baisse de 24 % des accidents (passant de 10 054 à 8 089 entre 2021 et 2023), une diminution de 9 % du nombre de tués (de 833 à 765), et une légère réduction du nombre de blessés (de 13 075 à 12 897).
Cependant, il a aussi alerté sur la remontée inquiétante des chiffres fin 2024, avec une hausse de 14 % des tués et de 17 % des blessés.
« Nous devons redoubler d’efforts si nous voulons atteindre nos objectifs: -25 % d’accidents en 2025 et -50 % d’ici 2030 », a-t-il affirmé.
Les statistiques dévoilées sont sans appel: les jeunes de 5 à 29 ans sont les principales victimes des accidents de la route en Côte d’Ivoire. Les usagers de deux et trois roues paient le plus lourd tribut, représentant 70 % des victimes et 60 % des décès. Le ministre a insisté sur l’urgence de renforcer l’éducation au civisme routier dès le plus jeune âge.
Il a également souligné le rôle central de la coordination interministérielle, impliquant les ministères des Transports, de l’Éducation, de la Défense, de la Santé et de l’Intérieur.
Prenant la parole, le ministre guinéen Tamba Benoît Kamano a partagé les difficultés similaires rencontrées par son pays. Selon lui, dans son pays, 3500 morts et 5 000 blessés ont été recensés entre 2019 et 2023. Trois priorités ont été identifiées pour améliorer la situation, créer une agence nationale dédiée à la sécurité routière, renouveler un parc automobile vieillissant et réformer le code de la route et le système de permis de conduire.
Il a également mis en lumière la problématique des jeunes conducteurs de poids lourds, souvent âgés de moins de 25 ans, et mal préparés à la conduite professionnelle.
En intégrant cette thématique dans le programme du festival, le commissaire général du FEMUA, Salif Traoré (A’Salfo), a voulu élargir l’impact de l’événement au-delà du domaine musical. Le « Carrefour Jeunesse » s’impose désormais comme une plateforme de réflexion citoyenne, mobilisant la jeunesse autour de causes d’intérêt général.
En conclusion, les intervenants ont rappelé que la réussite d’une stratégie de sécurité routière repose sur un engagement collectif: autorités publiques, société civile, partenaires techniques, secteur privé, mais aussi citoyens et jeunes usagers.
Le message est clair, chaque acteur doit jouer sa partition pour que les routes africaines ne soient plus synonymes de danger, mais de vie.
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