Le ministre de la Santé critiqué pour avoir manqué la journée mondiale des maladies tropicales

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Côte d’Ivoire: Le ministre de la Santé critiqué pour avoir manqué la journée mondiale des maladies tropicales
Côte d’Ivoire: Le ministre de la Santé critiqué pour avoir manqué la journée mondiale des maladies tropicales

Africa-PressCôte d’Ivoire. Le ministre de la Santé néglige une rencontre sur les maladies tropicales négligées

« Société ivoirienne face aux défis des maladies tropicales négligées : enjeux et perspectives » était le thème de la célébration de la 68 ème journée mondiale des lépreux et la 1ère édition de la journée mondiale des maladies tropicales négligées.

L’amphithéâtre Pr Tidou Abiba, du nom de la présidente de l’université Jean Lorougnon Guédé a servi de cadre, samedi 30 janvier dernier à la présentation des résultats de la lutte contre ces maladies tropicales négligées en Côte d’Ivoire, pays à forte concentration endémique pour 12 des 17 de ces maladies.

Le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, présent à Daloa, a préféré se faire représenter à ce rendez-vous scientifique.

Tout un message sur l’intérêt.

Sous l’impulsion du programme national pour l’élimination de la lèpre (PNEL) et l’appui de l’OMS, des enseignants-chercheurs et chercheurs du secteur de la santé publique ont échangé dans le cadre du panel tenu autour du sujet.

Selon Dr N’da Assiè Marcellin, directeur coordonnateur du PNEL, « la lèpre n’est pas finie, elle n’est pas liée à la sorcellerie, c’est une maladie comme les autres dont on peut guérir sans séquelles. »

515 cas ont été dépistés en 2020. « C’est encore énorme avec un pourcentage élevé de femmes et d’enfants » a insisté Dr Marcellin Assiè. Néanmoins, la lèpre est éliminée en tant que « problème de santé publique » en Côte d’Ivoire avec la région de Man, demeurée « hyper-endémique depuis plus de trois ans » a-t-il précisé.

Pour en finir avec cette maladie, le médecin a prescrit « le dépistage de façon précoce des cas de lèpre, rompre la chaîne de transmission, entreprendre la recherche opérationnelle sur la résistance anti-microbienne. »

Dans le cadre de ce panel, Pierre Yves Thiebault, président du conseil de surveillance de la Fondation Raoul Follereau, a reconnu que « le nombre de cas repart à la hausse » avant de prescrire, pour ordonnance, de « trouver une stratégie peu onéreuse, efficace et durable pour booster le dépistage précoce et ainsi préparer une génération sans lèpre » en Côte d’Ivoire.

Ulcère de Burulli et pian

L’ulcère de Buruli a été présenté par le Pr Kaloga Mamadou, meilleur dermatologue ivoirien en 2018. Il a indiqué que 25 districts sanitaires sont endémiques sur les 113 du pays. Il a recommandé « le renforcement des capacités des acteurs de santé de premier contact, le renforcement du plateau technique des établissements sanitaires de prise en charge. »

Le Pr Kaloga a assuré que 100 % des cas sont pris en charge avant de relever 339 cas en 2020. Il a relevé « l’insuffisance des ressources financières » avant de recommander la mobilisation des scientifiques nationaux pour travailler sur cette maladie.

Ce panel a aussi mis en relief le pian, méconnu de la population. Une étude sur cette maladie a été lancée dans 15 districts sanitaires afin de mobiliser des données qui permettront d’élaborer une stratégie de lutte nationale.

Problèmes de financement

« Ignorer une maladie, c’est ignorer un parent, une communauté quelque part » a rappelé le Pr Tidou Abiba Sanogo, présidente de l’université Jean Lorougnon Guédé. Elle a insisté sur l’appui attendu des autorités gouvernementales pour la valorisation de substances naturelles pour le traitement des maladies tropicales négligées.

Or, comme pour renchérir les propos du Pr Tidou, sa consoeur le Pr Solange Kakou-Ngazoa, de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire a dénoncé le manque de moyens financiers pour mener la recherche scientifique. « Nous avons un problème de financement des laboratoires, un manque de personnel et de compétences, un faible budget pour les laboratoires » a-t-elle soutenu. L’OMS reconnaît, par la voix du Dr N’dri Raphaël, que « les mesures financières ne sont pas à la hauteur de l’impact de ces maladies. »

Partage d’expériences

La bonne nouvelle concerne la trypanosomiasme humaine africaine ou maladie du sommeil qui est déclarée éliminée en tant que problème de santé publique soit -1 cas sur 10 000 habitants. Le projet objectif est l’éradication totale en 2025, a fait savoir le Dr Kouakou Lingué.

La dracunculose ou ver de Guinée, la gale, la filariose lymphatique ou éléphantiasis, présente dans 99 districts sanitaires sur 113 dans le pays, l’onchocercose, le trachome, la schistosomiasme sont des maladies tropicales négligées qui menacent encore des populations ivoiriennes.

Un partage d’expériences a permis au représentant du Niger, le Dr Gado Moussa de présenter le tableau dans son pays, dans un contexte sécuritaire délétère. « Le terrorisme ne facilite pas l’accès facile aux lieux où la lèpre sévit » a-t-il reconnu, dénonçant le poids des croyances religieuses dans la propagation de la maladie. Dr Gado a surtout relevé qu’il y a « un sous-dépistage dans le pays » où 333 nouveaux cas ont été dépistés.

 

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