En Côte d’Ivoire, le réseau politico-business de la nouvelle présidente du Conseil constitutionnel

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En Côte d’Ivoire, le réseau politico-business de la nouvelle présidente du Conseil constitutionnel
En Côte d’Ivoire, le réseau politico-business de la nouvelle présidente du Conseil constitutionnel

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Nommée le 9 mai, Chantal Nanaba Camara prendra ses fonctions le 21 juillet. Tout au long de sa carrière, elle a tissé sa toile dans les sphères d’influence.

Chantal Nanaba Camara, l’actuelle présidente de la Cour de cassation, la plus haute juridiction du pays, prendra la tête du Conseil constitutionnel en juillet prochain. Elle sera la première femme à ce poste. Cette nomination, décidée par Alassane Ouattara dont elle est proche, n’a surpris personne dans le système judiciaire ivoirien.

Magistrate hors hiérarchie, 69 ans, elle doit toute une partie de sa carrière au chef de l’État qui, depuis son accession au pouvoir en 2011, n’a cessé de la promouvoir. Ce dernier confie souvent en coulisses qu’il a une « dette morale » envers elle. Lorsqu’il était dans l’opposition, elle était considérée par les caciques du pouvoir, à tort ou à raison, comme étant pro-Ouattara.

En 2020, à l’issue des réformes institutionnelles, Chantal Nanaba Camara est devenue présidente du Conseil supérieur de la magistrature, un poste réservé habituellement aux présidents de la République. Elle a ensuite gravi tous les échelons au sein de la sphère judiciaire, et reçu la plus haute distinction dans l’ordre national du mérite ivoirien. Elle sera très en vue en 2025, au moment de la validation des candidatures à l’élection présidentielle.

En fin de mandat à la tête du Conseil constitutionnel, il s’apprête à céder sa place à Chantal Nanaba Camara. Tous deux sont issus de la même promotion à l’École de la magistrature et leurs parcours sont assez similaires. Ils se sont en effet succédé à différentes fonctions au sein de l’appareil judiciaire depuis l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir.

Selon nos informations, c’est Mamadou Koné qui a soufflé le nom de la magistrate au président après que ce dernier l’a sollicité. Lui-même est pressenti pour lui succéder à la tête de la Cour de cassation. Ils ont convenu que chacun prendrait ses nouvelles fonctions avec son cabinet actuel.

Lui aussi magistrat hors hiérarchie, il est la mémoire de la Cour de cassation. Il en a fréquenté plusieurs présidents, de René François Aphing-Kouassi à Mamadou Koné.

Il connaît d’ailleurs Chantal Nanaba Camara de longue date. Un temps brouillés, une médiation de leurs proches leur a permis de se rabibocher. Aujourd’hui, cette dernière s’appuie beaucoup sur Drissa Nouplezana-Ouattara et il n’est pas exclu que ce dernier la rejoigne au Conseil constitutionnel.

L’actuelle ministre des Affaires étrangères et cacique du parti présidentiel, le Rassemblement des houphouëtistes pour démocratie et la paix (RHDP), entretient des relations étroites avec Chantal Nanaba Camara.

Cette dernière a été l’une des marraines de la fille de Kandia Kamissoko Camara, lors de ses noces, dans la pure tradition du groupe ethnique malinké. Elle était récemment aux côtés de la ministre dans le cadre de ses activités de maire d’Abobo.

La députée et vice-présidente de l’Assemblée nationale fréquente la magistrate depuis plusieurs années. Toutes deux se vouent un respect mutuel. Amy Toungara est l’épouse d’Adama Toungara, l’ancien ministre des Mines et du Pétrole, devenu médiateur de la République en 2018.

La future présidente du Conseil constitutionnel est une intime de Jean Kacou Diagou, le président et fondateur du groupe de bancassurance NSIA. Janine Diagou, l’une des filles de ce dernier, n’hésite d’ailleurs pas à l’appeler « maman ».

Chantal Nanaba Camara a toujours été très présente pour cette dernière. Il n’était pas rare de la rencontrer dans les réceptions organisées dans les salons de la résidence de Janine Diagou, située dans le quartier résidentiel de Cocody-Danga à Abidjan.

Cet homme d’affaires, fils de Désiré Boni, ministre des Travaux publics, de la Construction et de l’Urbanisme sous Félix Houphouët-Boigny est très apprécié de la magistrate.

Elle le considère comme son filleul, tout comme le frère de celui-ci, Olivier. Elle n’hésite pas à leur apporter son soutien. Cette proximité s’explique par des liens de parenté par alliance.

Les relations entre Chantal Nanaba Camara et le souverain du peuple Abouré ne sont pas récentes. Intronisé le 4 mai 2021, ce dernier fait partie des confidents de la nouvelle présidente du Conseil constitutionnel. Moossou est le fief des opposants Simone Ehivet-Gbagbo, ex-Première dame et du directeur de protocole du président Houphouët Boigny, Georges Ouégnin.

Le frère de ce dernier, Georges Armand-Ouégnin, est député du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et vice-président de l’Assemblée nationale, tandis que sa fille, Yasmine Ouégnin, est une élue du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié.

Ce magistrat très discret qui a travaillé étroitement avec Tia Koné, l’ancien président de la Cour suprême, est un proche de Chantal Nanaba Camara.

Une fois installée dans ses nouvelles fonctions, elle le maintiendra à son poste de président de chambre, même s’il peut aujourd’hui faire valoir ses droits à la retraite. Vé Bouah faisait partie de ses protecteurs sous les mandats de Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo.

Maurice Chaudron est un promotionnaire de Chantal Nanaba Camara à l’École de la magistrature. Comme Vé Bouah, il siège à la Cour suprême – devenue Cour de cassation depuis plusieurs années.

Alors qu’il pouvait lui aussi faire valoir ses droits à la retraite, elle l’a reconduit dans ses fonctions. Tous deux entretiennent d’excellentes relations.

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