En Côte d’Ivoire, les grands chantiers de Tidjane Thiam pour le PDCI

10
En Côte d’Ivoire, les grands chantiers de Tidjane Thiam pour le PDCI
En Côte d’Ivoire, les grands chantiers de Tidjane Thiam pour le PDCI

Florence Richard

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Financement du parti, remobilisation des cadres et des militants, programme pour la présidentielle de 2025, organisation des obsèques de Bédié… Pour le nouveau patron du premier parti d’opposition, les défis sont nombreux.

Une première étape franchie. L’ancien banquier Tidjane Thiam, 61 ans, a réussi son pari en remportant haut la main l’élection à la présidence du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), lors d’un congrès extraordinaire organisé le vendredi 22 décembre à Yamoussoukro. Mais le plus dur reste à venir pour celui qui incarne désormais le nouveau visage de l’opposition ivoirienne.

Le polytechnicien, qui a quitté la Côte d’Ivoire après le coup d’État de décembre 1999 contre Henri Konan Bédié, dont il était alors ministre du Plan et du Développement, devra en effet redresser une formation politique en perte de vitesse face au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Ouattara et qui compte sur lui pour reconquérir un pouvoir lui échappant depuis un quart de siècle.

Les participants au congrès ont en effet adopté une résolution le portant candidat à la prochaine présidentielle, en 2025. Thiam a d’ores et déjà promis de travailler à l’unité de l’ancien parti unique, en menant très prochainement des consultations afin de constituer une équipe « inclusive » pour préparer cette échéance majeure.

Rassembler le PDCI

Né après l’indépendance et incarnant la relève générationnelle au sein du PDCI, Thiam a deux ans devant lui pour remobiliser cadres et militants du parti septuagénaire fondé par Félix Houphouët-Boigny – l’oncle de sa mère, Mariétou Sow –, à l’encadrement vieillissant et miné par des querelles internes ces dernières années. « Il faut qu’il leur redonne espoir, mais aussi qu’il maitrise le parti. C’est un appareil lourd, avec plus de 5 000 secrétaires de section et environ 350 délégués. Il doit aller à leur rencontre, se faire connaître, sillonner les régions et proposer un programme de gouvernement attractif », estime un cadre.

Mais pas question de tout changer d’un coup. « Le PDCI a besoin de changement, c’est certain, mais il ne faut pas qu’il donne l’impression de renverser la table et de vouloir tout modifier. Il faudra qu’il trouve un juste équilibre », affirme cette même source. Tidjane Thiam devra rassembler autour de sa personne et de son programme, en particulier les personnalités qui n’ont jamais caché leurs ambitions politiques depuis des années, comme le député Jean-Louis Billon, le maire de Yamoussoukro Kouamé Kouassi Patrice, dit « KKP », avec qui les relations sont notoirement tendues, ou encore l’ancien ministre Thierry Tanoh.

Signe que le parti n’en a pas encore fini avec les dissensions internes, le congrès du PDCI, initialement prévu le 16 décembre à Abidjan, avait dû être reporté une première fois en raison d’une procédure judiciaire initiée par deux militants qui dénonçaient « l’opacité » du processus, avant de retirer leur plainte le 21 décembre. « Il est loin des clivages, à équidistance des uns et des autres, loin des querelles et des controverses », estime, confiant, le coordinateur général de la communication du PDCI, Soumaïla Bredoumy Kouassi.

Trouver de l’argent

Mais c’est aussi la question du financement du PDCI qui va se poser à l’ex-patron de Crédit Suisse de 2015 à 2020 – poussé vers la sortie après un scandale d’espionnage privé –, dans ce parti entretenu jusque-là principalement par Henri Konan Bédié, son indéboulonnable patron pendant trois décennies, décédé le 1er août à l’âge de 89 ans alors qu’il était l’unique candidat à sa propre succession. Si Tidjane Thiam a été un donateur, notamment lors des dernières élections locales de septembre, il devra très vite multiplier les sources de financement.

Reste, enfin, à organiser les obsèques de Bédié, main dans la main avec les autorités ivoiriennes et la famille de l’ancien chef de l’État. Selon nos informations, les funérailles d’Henri Konan Bédié devraient être organisées entre avril et mai 2024, après la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

Deux mois par ailleurs très symboliques : avril correspond à l’anniversaire du PDCI, qui célébrera ses 77 ans. C’est aussi au mois d’avril 1994 que, pour la première fois, Bédié a été porté à la tête de l’ancien parti unique. Quant au mois de mai, c’est celui de l’anniversaire de l’ex-chef de l’État, né le 5 mai 1934. C’est à cette date qu’il pourrait être porté en terre dans son village natal de Pépressou.

Source: JeuneAfrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here