Africa-Press – Côte d’Ivoire. Surnommé « Photocopie » dans les rangs du parti présidentiel en raison de sa ressemblance physique avec son frère aîné Alassane Ouattara (ADO), Téné Birahima Ouattara est d’une grande discrétion. Pourtant, il est incontournable au sein du pouvoir ivoirien. Cet homme âgé de 68 ans a abandonné sa carrière de banquier pour accompagner le futur président dans son aventure politique, débutée au cours des années 1990. Les visiteurs du cabinet (où il disposait d’un bureau) et des résidences du couple Ouattara l’apercevaient régulièrement.
Par la force des choses, les décès des Premiers ministres Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020, et de Hamed Bakayoko en mars 2021, l’ont propulsé dans la lumière. Aujourd’hui ministre d’État, ministre de la Défense, un poste stratégique, Téné Birahima Ouattara s’attelle à renforcer le dispositif sécuritaire afin de prémunir le pays contre de nouvelles attaques terroristes. Il est par ailleurs le principal relais d’Alassane Ouattara auprès des juntes au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée.
Tiémoko Meyliet Koné
Nommé vice-président en 2022, l’ancien gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) est un proche de Téné Birahima Ouattara. Les deux hommes se sont connus dans le sillage d’Alassane Ouattara qui poursuivait alors sa carrière au sein de cette même banque, dont il fut gouverneur.
Leurs liens se sont renforcés quand Tiémoko Meyliet Koné est devenu le conseiller d’Alassane Ouattara, au cours de la période trouble de la crise postélectorale, de novembre 2010 à avril 2011. Le ministre de la Défense n’hésite pas à le solliciter régulièrement. Tous deux collaborent étroitement, ADO ayant délégué nombre de prérogatives à son vice-président.
Patrick Achi
L’actuel Premier ministre est lui aussi un allié de « Photocopie ». Tous deux se fréquentent depuis le temps où ils étaient dans l’opposition, et en particulier après la création du Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP) en 2005, en tant que coalition de partis politiques.
Leurs relations se sont renforcées lors de leur réclusion au Golf Hôtel d’Abidjan, durant la crise post-électorale. Ils sont aujourd’hui très proches et le ministre de la Défense consulte très régulièrement Patrick Achi.
Abdourahmane Cissé
Téné Birahima Ouattara a connu Abdourahmane Cissé après l’élection d’Alassane Ouattara à la tête du pays. Il fut un observateur attentif, tout comme le défunt Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, de l’ascension de ce dernier dans les cercles du pouvoir, jusqu’au poste de secrétaire général de la présidence.
Aujourd’hui, les deux hommes entretiennent d’excellentes relations et une certaine complicité au sein de l’exécutif.
Fidèle Sarassoro
Fidèle Sarassoro est le fils de Hyacinthe Sarassoro, figure politique et intellectuelle majeure de Côte d’Ivoire, membre-fondateur du RDR et professeur de droit reconnu. Fidèle Sarassoro s’est expatrié pour travailler aux Nations unies, notamment en tant que représentant spécial adjoint de Ban Ki-moon pour la RDC. À son retour au pays au moment de l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, il a pris la tête du programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion des ex-combattants (DDR). Fidèle Sarassoro a travaillé sur ce dossier délicat avec Téné Birahima Ouattara, alors ministre chargé des Affaires présidentielles.
Cette collaboration s’est renforcée lorsque Sarassoro a été nommé directeur de cabinet d’ADO en janvier 2017, après l’entrée au gouvernement du titulaire du poste, Marcel Amon Tanoh. Il fut précédemment le conseiller spécial du président et chef de cabinet chargé de l’agenda de ce dernier.
Mais Fidèle Sarassoro a une autre casquette : il est aussi secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité (CNS). Il a ainsi piloté le plan de riposte pendant la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Il gère également le dossier sensible de la lutte anti-terroriste, en étroite collaboration avec le ministre de la Défense.
Téné Birahima Ouattara a choisi comme directeur de cabinet cet ancien promotionnaire de l’École nationale d’administration (ENA) française après le décès du ministre de la Défense d’alors, Hamed Bakayoko, qui cumulait cette fonction avec celle de Premier ministre. C’est d’ailleurs Jean-Paul Malan qui a géré la passation des pouvoirs.
Jean-Paul Malan est arrivé à la Défense lorsqu’Alain-Richard Donwahi dirigeait le ministère, en 2017. Il fut auparavant secrétaire exécutif du CNS, où il a côtoyé Téné Birahima Ouattara lorsque celui-ci était en charge du portefeuille des Affaires présidentielles. Aujourd’hui, leur collaboration est très fluide.
Anliou Soumahoro
Il fait partie des fidèles du ministre de la Défense, dont il est le directeur de cabinet adjoint. Anliou Soumahoro fut son directeur de cabinet lorsque Téné Birahima Ouattara était ministre des Affaires présidentielles, en charge de nombreux dossiers.
Très discret, voire effacé, ses apparitions publiques sont rares. Anliou Soumahoro est un homme de mission, parfois caritatives. Il est par exemple chargé, lors du ramadan, d’acheminer les dons de la présidence aux imams du pays. En février dernier, il avait remis des dons aux veuves de militaires et de gendarmes.
Lassina Doumbia
Le chef d’état-major des armées travaille quotidiennement avec le ministre de la Défense. Les deux hommes, qui siègent au CNS, multiplient les réunions stratégiques, notamment sur la lutte contre le terrorisme. Il n’est pas rare de voir Lassina Doumbia aux côtés de « Photocopie » lors de visites aux troupes dans les casernes ou sur le terrain. À partir de l’arrestation des soldats ivoiriens en juillet dernier à l’aéroport de Bamako par les autorités de la transition malienne, le général de corps d’armée a fait partie de toutes les missions de médiation pour leur libération.
Le ministre ne prend aucune décision sur les équipements et la logistique des forces armées, sans consulter préalablement le général Doumbia. Ce dernier fut par ailleurs le premier commandant des Forces spéciales des forces armées de Côte d’Ivoire (FS-FACI), placées sous la tutelle directe de la présidence.
Alexandre Apalo Touré
Le commandant supérieur de la gendarmerie, l’une des unités d’élites des forces de sécurité ivoiriennes, est un homme de confiance du ministre de la Défense. Bien qu’il puisse faire valoir ses droits à la retraite, le général Alexandre Apalo Touré a été reconduit plusieurs fois à son poste. Il a l’oreille de Téné Birahima Ouattara.
Vassiriki Traoré
Ancien préfet de Bouaké, la seconde ville du pays, et de Ferkessédougou, le fief régional des Ouattara (Tchologo nord), Vassiriki Traoré a fait son entrée à la présidence en qualité de conseiller spécial. Puis, il a gravi les échelons pour devenir le coordonnateur national du Conseil national du renseignement (CNR).
Au palais, il a travaillé étroitement avec Téné Birahima Ouattara sur les questions de renseignements et de terrorisme. Après la nomination au gouvernement en 2021 du directeur des services extérieurs de la présidence d’alors, Amadou Coulibaly dit « Am’s », « Photocopie » avait confié ce poste à Vassiriki Traoré.
Ahmed Cissé
Le discret président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) est un parent du ministre. Par ailleurs, tous deux ont officié au sein du groupe Atlantic de l’homme d’affaires Bernard Koné Dossongui où ils se sont croisés, le premier arrivant quand le second partait.
Ahmed Cissé fréquente régulièrement Téné Birahima Ouattara. Il lui fait passer des messages du secteur privé que ce dernier fait remonter au gouvernement, à Patrick Achi ou à ADO. Le ministre n’est pas intervenu dans le choix d’Ahmed Cissé comme candidat unique à la présidence du patronat, en novembre dernier.
Cessé Komé
Président malien du conglomérat Koïra, Cessé Komé est installé en Côte d’Ivoire depuis 1984 où il côtoie régulièrement le ministre. Il est le propriétaire du Radisson Blu d’Abidjan, ainsi que de celui de Bamako. C’est dans ce dernier établissement qu’une délégation de chefs religieux a logé en août, venue au Mali afin de tenter d’obtenir la libération des soldats ivoiriens.
Fin septembre 2022, toujours dans le cadre de ce même dossier, il a par ailleurs accompagné Ally Coulibaly, conseiller spécial d’ADO, à Nioro-du-Sahel dans l’ouest du Mali, afin d’y rencontre le chérif Mohamed Ould Cheikh Hamahoullah.
Mahamadou Bonkoungou
Réputé proche de l’ancien Premier ministre Hamed Bakayoko, le tycoon burkinabè Mahamadou Bonkoungou a ses entrées chez Téné Birahima Ouattara. Après un appel d’offres, son groupe Ebomaf a été retenu pour le bitumage de l’axe Ferkessédougou-Kong (Nord), lorsque « Photocopie » était le député-maire de Kong, puis président du Conseil régional du Tchologo.
En cette qualité, ce dernier a suivi de près l’évolution des travaux. Le chef de l’État Alassane Ouattara s’est déplacé en octobre 2020 pour l’inauguration de ce chantier qui a désenclavé Nassian, Kong et ses environs. Ce tronçon facilite aussi les patrouilles de sécurisation du Nord, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Catherine Colonna
Le ministre de la Défense entretient d’excellentes relations avec la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères. Lors de son séjour en Côte d’Ivoire, en décembre 2022, Catherine Colonna n’a pas manqué de s’entretenir avec Téné Birahima Ouattara, qu’elle a retrouvé lors d’un déjeuner autour des grands sujets de coopération, liés à la défense et à la sécurité.
Le Quai d’Orsay a organisé un roadshow pour lever environ 46 millions d’euros pour la construction de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme de Jacqueville. une structure lancée en 2017 par les présidents Alassane Ouattara et Emmanuel Macron. En juillet 2022, Téné Birahima Ouattara a participé à Paris à une conférence des bailleurs consacrée au financement de la deuxième phase du projet. Cette rencontre était, entre autres, pilotée par Catherine Colonna.
Sébastien Lecornu
Depuis sa nomination en mai 2022 au poste de ministre des Armées, Sébastien Lecornu a déjà rencontré Téné Birahima Ouattara à plusieurs reprises. Leur dernière entrevue date du 20 février, lorsque Lecornu s’est rendu à Abidjan dans le cadre de la nouvelle articulation du dispositif militaire français dans la région.
Les deux ministres se sont rendus sur la base des Forces françaises de Côte d’ivoire (FFCI), à Port-Bouët. Au menu de leurs discussions : la lutte contre le terrorisme au Sahel et le renforcement des capacités opérationnelles de l’armée ivoirienne.
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