Accord USA-Chine sur terres rares et plans en Afrique

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Accord USA-Chine sur terres rares et plans en Afrique
Accord USA-Chine sur terres rares et plans en Afrique

Aurel Sèdjro Houenou |

Edité par : Feriol Bewa

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Selon Benchmark Minerals, l’Afrique devrait assurer jusqu’à 9 % de l’approvisionnement mondial en terres rares grâce aux mines qui s’y annoncent. Une prévision qui positionne le continent comme source alternative à une Chine qui domine encore largement la production de ces métaux.

Le samedi 1er novembre, le gouvernement américain a confirmé la conclusion d’un accord avec la Chine pour que cette dernière suspende ses restrictions à l’exportation de terres rares mises en place cette année. Obtenue lors de la rencontre entre les présidents Donald Trump et Xi Jinping en Corée du Sud, cette levée vise à garantir l’approvisionnement des utilisateurs américains et de leurs fournisseurs auprès de Pékin.

Un développement qui apparaît néanmoins comme une simple accalmie, alors que Washington accélère ses efforts pour sécuriser des sources alternatives à l’offre chinoise, notamment en Afrique.

Un plan de 2 ans, avec un rôle stratégique pour l’Afrique

Le secteur mondial des terres rares, métaux essentiels pour les éoliennes, les moteurs de véhicules électriques et l’industrie de la défense, est actuellement largement dominé par la Chine. Selon diverses estimations, l’empire du Milieu en contrôle environ 70 % de la production et 90 % des capacités mondiales de raffinage. Une domination transformée en instrument de coercition dans sa guerre commerciale avec les États-Unis, dont les industries dépendent encore des importations provenant de son rival asiatique.

Washington entend réduire cette dépendance, se fixant un délai de deux ans pour développer des chaînes d’approvisionnement alternatives. C’est ce qu’a confié au Financial Times le secrétaire au Trésor américain Scott Bessent, peu après l’annonce de l’accord de levée des restrictions à l’exportation en Chine. Pour lui, Pékin aurait commis « une grave erreur » en imposant ses mesures restrictives, alertant les USA sur la nécessité d’accélérer la diversification vers d’autres marchés.

Cette stratégie américaine dans les terres rares prend déjà forme en Afrique, à coups de subventions et d’accords stratégiques sur plusieurs projets en développement. En Afrique du Sud par exemple, le projet de terres rares Phalaborwa (Rainbow Rare Earths) bénéficie du soutien de l’agence américaine DFC, qui s’est engagée en 2023 à injecter 50 millions USD dans son développement, via TechMet.

La semaine dernière, la société britannique Pensana a annoncé que la Banque d’export-import des États-Unis (EXIM) a émis l’intention de lui accorder un prêt de 160 millions USD pour développer sa mine de terres Longonjo en Angola. Un soutien qui s’inscrit, apprend-on, dans le cadre d’un partenariat plus large visant à établir une « chaîne d’approvisionnement américaine complète ». Intégrée « de la mine à l’aimant », cette dernière reposera sur le concentré de terres rares produit à Longonjo d’ici début 2027, « avant que le gouvernement américain restreigne les importations chinoises ».

Le jeudi 30 octobre, l’australien RareX annonçait quant à lui la signature d’un protocole d’accord avec l’US Strategic Metals, une plateforme américaine à intégration verticale (contrôle d’étapes successives d’une même chaîne de valeur)dédiée aux minéraux critiques. L’initiative, qui vise une coopération entre les deux parties en matière de traitement des minéraux, mettra notamment en lumière le projet de terres rares Mrima Hill, en cours d’acquisition par la société au Kenya.

La Chine ne chôme pas…

Ces visées américaines se révèlent dans un contexte où Pékin mise elle aussi sur l’Afrique pour consolider son leadership. Le projet d’acquisition de Peak Rare Earths, opérateur australien du projet de terres rares Ngualla en Tanzanie, illustre cette situation. Face à une offre de 195 millions de dollars australiens (environ 127 millions USD) du chinois Shenghe Resources, le gestionnaire d’actifs américain General Innovation Capital avait surenchéri en septembre dernier via une offre non sollicitée de 240 millions AUD.

Une tentative qui ne s’est pas concrétisée, la proposition de Shenghe ayant finalement été retenue. Ce duel à distance autour de Ngualla, une future mine capable de produire annuellement 37 200 tonnes de concentré de terres rares sur plus de 20 ans, laisse supposer que les acteurs chinois restent également partie prenante dans les dynamiques de sécurisation de nouvelles sources de production de terres rares en Afrique, malgré leur domination déjà large dans le secteur.

Pour autant, Washington continue de mettre en œuvre des mesures pour rattraper son retard, comme en témoigne la récente création d’un nouveau consortium axé sur les minéraux critiques. En octobre, la Maison-Blanche a également annoncé des partenariats stratégiques avec le Japon et l’Australie, deux autres acteurs déjà actifs dans le secteur minier africain. Pour l’Afrique, l’un des actuels et potentiels futurs circuits de la course d’approvisionnement en terres rares, l’enjeu réside dans la capacité des pays à tirer pleinement profit de cet intérêt croissant, de sorte à maximiser les revenus générés par les ressources locales.

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