Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire confirme ses ambitions dans le domaine automobile. À l’occasion de du dernier voyage d’Alassane Ouattara en Afrique du Sud, en juillet, le gouvernement ivoirien ainsi conclu deux accords importants : l’un avec l’Association des constructeurs sud-africains et l’autre avec le cabinet B&M Analysts, spécialisé dans le conseil pour le développement des secteurs industriels.
Pour la Côte d’Ivoire, il s’agit de s’inspirer des mécanismes qui ont permis le succès de l’Afrique du Sud dans ce secteur pour développer sa future zone industrielle dédiée la conception et à l’assemblage des véhicules. Le cabinet sud-africain lancera une étude en ce mois de septembre pour élaborer un livre blanc, et, à partir de novembre 2022, le gouvernement prévoit une table ronde des constructeurs automobiles à Abidjan. L’objectif des autorités du pays est de mettre en place un écosystème « cohérent et compétitif », nous explique-t-on de sources gouvernementales.
Il faut dire que le marché automobile ivoirien, est l’un des plus dynamiques de la région ouest-africaine, avec plus de 20 000 véhicules neufs vendus en 2021, soit une progression de 17 % sur un an. Et sur les six premiers mois de cette année, ce sont 11 687 voitures qui ont été écoulées, selon les statistiques du Groupement interprofessionnel automobiles, matériels et équipementiers (Gipame). Parmi les marques les plus distribuées par les concessionnaires présents dans le pays : Renault, Peugeot, Honda, Toyota, Mitsubishi, Mercedes-Benz, Volkswagen, Audi, Ford, Hyundai, Nissan, Suzuki ou encore Kia.
Renault, Volkswagen, Sinotruk…
Dans sa stratégie, la Côte d’Ivoire veut certes « créer des unités d’assemblage dans une zone industrielle dédiée, mais [le pays entend] aller plus loin en créant aussi des unités de fabrication d’accessoires (pièces de rechange et des composants automobiles) », explique, sous couvert de l’anonymat, un membre du gouvernement. La présidence ivoirienne suit de près ce projet, mais plusieurs ministères en assurent la coordination et l’opérationnalité. Quelques constructeurs ont déjà entamé des discussions avec le gouvernement ivoirien pour s’installer dans la future zone industrielle qui sera basée au port de San-Pédro. Pour développer cette plateforme, le pays a sollicité, dans le cadre d’un partenariat, l’appui du marocain Tanger Med, qui a construit et gère l’un des plus importants complexes industrialo-portuaires du continent. Le groupe français Renault a déjà exprimé ses intentions, ainsi que l’allemand Volkswagen et son concessionnaire local, le groupe Sifca. Le chinois Sinotruk s’est aussi signalé par le biais de son représentant local, le conglomérat Yeshi Group.
Le plus avancé dans les négociations est le constructeur franco-italien Iveco, qui a signé un mémorandum d’entente avec le gouvernement ivoirien pour l’implantation d’une unité à San-Pédro. Iveco avait déjà lancé en janvier une unité d’assemblage d’autobus avec son partenaire ivoirien, Sotra, la société de transport public, dans le district d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne. L’investissement, estimé à plus de 70 millions d’euros, dote ce premier site d’une capacité annuelle de 1 000 véhicules de type bus de 18 à 26 places par an, destinés au marché ivoirien. Outre les autobus, le constructeur y produira également des ambulances, des véhicules de transport de troupes pour les forces de sécurité, mais aussi des camions de chantier commercialisés sous la marque Daily Ivoire.
Iveco prend ainsi une longueur d’avance sur plusieurs autres constructeurs qui avaient annoncé la création de chaînes d’assemblage dans le pays. Toyota, maison mère de CFAO Motors, a signé en 2019 un accord avec le gouvernement ivoirien pour l’ouverture d’une unité de montage de véhicules utilitaires, mais le projet, toujours en négociation avec la Côte d’Ivoire, n’a pas beaucoup avancé.
Des projets suspendus
Au-delà du pays, c’est le marché sous-régional de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa) et aussi celui de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avec un marché captif de plus de 400 millions de consommateurs, que visent les constructeurs. À noter cependant que dans la région, le Nigeria et le Ghana sont très avancés dans ce domaine. C’est dans ce dernier que le groupe japonais a ouvert en août 2021 une unité d’assemblage d’une capacité de 1 330 pickups, via un investissement de 7 millions de dollars destiné à alimenter le marché ouest-africain qui ne remet pas en cause le projet ivoirien, assure le constructeur.
En 2015, le groupe indien Ashok Leyland, filiale du conglomérat Hinduja Group, avait, lui aussi, signé avec les autorités ivoiriennes un contrat de livraison de plus de 3 000 bus de transport pour un montant de 200 millions de dollars financé par un prêt d’Exim Bank India. À l’époque, Ashok Leyland prévoyait d’implanter une usine d’assemblage à Abidjan. Là aussi, le projet ne s’est pas encore concrétisé. Enfin, deux autres constructeurs portaient, eux aussi, des projets similaires. Le groupe français Renault, qui vend en moyenne 1 000 voitures par an dans le pays, avait évoqué le sien en 2019. Quant au groupe indien Tata Motors, qui fournit des autobus à Sotra, il avait un temps discuté avec le transporteur ivoirien de l’implantation d’une chaîne de montage. Autant de projets qui pourraient ressortir des cartons.
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