Par Nadoun Coulibaly
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le digital banking plutôt que la multiplication des agences tous azimuts, le profit incorporé au capital pour doper les fonds propres plutôt que la redistribution aux actionnaires… À Abidjan, Mansa Bank veut agir autrement pour se faire sa place au soleil. Sur un marché local fort de près de 30 enseignes bancaires, et considéré par les analystes financiers comme l’un des plus matures et les plus concurrentiels de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), la banque fondée par l’ancien DG d’Atlantique Banque Sénégal, El-Hassana Kaba affiche des performances déjà solides.
Sur les cinq dernières années, elle revendique un résultat net cumulé de 10 milliards de F CFA et un total bilan estimé à 450 milliards de F CFA en 2024. De quoi nourrir les ambitions de cette banque adossée au holding Mansa Financial Group, qui en détient 38,65 %, et dont les actionnaires incluent également la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et Askia Assurance (7,64 % chacun). En mars, le fonds ghanéen Oasis Capital, qui possédait 16,12 %, a revendu ses parts aux fondateurs et à un nouvel entrant privé, dont l’identité reste confidentielle.
Une banque sans agences
Particularité de Mansa: elle fonctionne sans réseau d’agences. L’établissement, qui se présente comme une « banque mono-agence », a opté pour une structure légère, s’appuyant sur le numérique et un portefeuille d’entreprises clientes. Avec un capital initial de 12 milliards de F CFA, aujourd’hui porté à 22 milliards par incorporation des bénéfices, la banque mise sur un modèle à faibles coûts fixes, concentré pour l’instant sur Abidjan.
Une marche à rebours de l’approche des banques concurrentes qui ont bâti leur profitabilité sur l’expansion géographique via un réseau d’agences décentralisées, avant d’entamer la digitalisation de leurs services. « Mansa Bank veut s’inscrire dans les pas de Bridge Bank qui est une véritable banque de PME et corporate, explique un financier ouest-africain basé à Abidjan. Elle est peu encline à faire dans la banque universelle de détail. De fait, la capacité d’avoir des dépôts libres est relativement faible sans compte-épargne ».
En effet, si l’établissement d’El-Hassana Kaba n’ambitionne pas d’élargir massivement sa clientèle de détail, l’ouverture d’une seconde agence à San Pedro est néanmoins prévue. Une application de mobile banking est en développement et sa mise en service est prévue avant fin 2025.
Cap sur 1 000 milliards en 2030
« Nos performances sont portées par notre approche axée sur la digitalisation et l’innovation. Il y a eu une course aux agences dans les années 2000. Nous n’en sommes plus là, même si quelques banques continuent dans ce sens. Avec les changements d’habitudes des consommateurs et clients, notre ADN est porté par la banque de demain tout en ciblant le financement de tous les segments de l’économie », défend Amy Diaby-Koné, la directrice administrative et financière de Mansa Bank, ancienne CFO d’Atlantic Business International (ABI).
La banque ambitionne aussi de se diversifier. Une société de gestion et d’intermédiation (SGI) est en cours de création afin de conseiller des PME désireuses de se faire financer via le marché financier régional, voire de s’introduire à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).
Avec une capitalisation cible de 35 milliards de F CFA d’ici à fin 2025, Mansa Bank veut doubler la taille de son bilan à l’horizon 2030. Mais l’environnement concurrentiel, dominé par des poids lourds comme Société générale, NSIA Banque ou Ecobank, reste exigeant. D’autant que la collecte de dépôts – clé d’un refinancement efficace – demeure un défi majeur pour tout nouvel entrant sur ce marché.
Source: JeuneAfrique
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