En Afrique de l’Ouest, les caisses d’épargne jouent-elles leur survie face aux banques ?

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En Afrique de l’Ouest, les caisses d’épargne jouent-elles leur survie face aux banques ?
En Afrique de l’Ouest, les caisses d’épargne jouent-elles leur survie face aux banques ?

Nadoun Coulibaly

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Caisses populaires au Burkina, Cofina, Advans, Coris Méso Finance… Un peu partout dans la sous-région émergent des acteurs spécialisés dans le financement de très petits entrepreneurs. Une floraison qui attise la convoitise des banques traditionnelles.

C’est la course au microcrédit en Afrique de l’Ouest. Dans la sous-région, une multitude de caisses d’épargne et de crédit ciblent aussi bien les petits déposants que les PME et les très petites entreprises: Caisses populaires du Burkina, PAMECA au Sénégal, Nyèsigiso au Mali réunis au sein de la Confédération des institutions en Afrique de l’Ouest (CIF-AO) mais aussi Cofina, Coris Méso Finance, Acep, Baobab ou encore Advans Côte d’Ivoire.

Un marché déjà bien fourni

Idrissa Nassa, patron du groupe Coris révélé par son modèle d’accompagnement des PME, y est sensible. Il veut calquer l’expansion de sa filiale de mésofinance sur celle de son établissement bancaire. À l’instar de la maison mère présente dans dix pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, Coris Méso Finance (CMF) veut accélérer son expansion régionale.

D’après nos sources, le fondateur du groupe financier burkinabè Coris a obtenu le feu vert du régulateur bancaire pour implanter CMF à Abidjan. « CMF devient une microfinance de grande capacité, en mesure d’octroyer des concours plus importants car les banques ayant des filiales dédiées utilisent ce créneau pour capter la clientèle difficile à financer dans le système bancaire classique », décrypte Mahamadi Zoromé, patron de la Banque Agricole du Faso.

Cinq ans après avoir démarré ses activités au Burkina, la filiale de Coris Holding débarque sur un nouveau territoire déjà bien occupé. En attendant le démarrage des activités de Coris Méso Finance Côte d’Ivoire, plusieurs enseignes, comme le groupe Cofina, du banquier ivoirien Jean-Luc Konan, Advans ou encore Witti Finances, cofondé par Didier Logon et Hervé-Serge N’Dakpri, ont pignon sur rue sur la place d’Abidjan.

Rude concurrence des banques régionales

Advans Côte d’Ivoire revendique par exemple plus de 120 000 clients bénéficiant d’un encours de crédit totalisant 65 milliards de francs CFA, soit environ 100 millions d’euros. Numéro deux de la mésofinance, en termes de parts de marché derrière Cofina, Advans affirme avoir octroyé depuis son lancement plus de 100 000 prêts pour une somme estimée à 497 milliards de F CFA. « Les mastodontes comme Cofina ou Baobab ne jouent pas dans la même catégorie que les systèmes financiers décentralisés de petite taille. Cela permet à chaque acteur de prendre des risques en corrélation avec ses fonds propres. Leurs tickets s’élèvent en moyenne à 100 millions de francs CFA, ce qui se rapproche des concours bancaires », estime Jacque-Gaëtan Tobo, patron d’ADEC, une microfinance digitale basée à Abidjan.

Désormais, ces acteurs doivent donc composer avec la rude concurrence des banques régionales à l’image de Coris Bank qui duplique sa filiale microfinance au rythme de la croissance externe du groupe financier burkinabè. Atlantic Microfinance For Africa (AMIFA) suit la même tendance que sa maison-mère.

De même pour la Compagnie financière Africaine (Cofina) fondée en 2015 par le banquier ivoirien Jean-Luc Konan et précurseur de la mésofinance – segment à cheval entre le microcrédit et la banque classique dont les concours atteignent parfois le milliard de F CFA – connait un développement rapide. Arrivée sur le marché compétitif du Burkina en 2018, contrôlé par le Réseau des Caisses populaires avec 45 % de part des ressources, Cofina joue déjà les premiers rôles et s’adjuge la 2ème place avec 43, 3 milliards de FCFA mobilisés, soit 10 % des parts de marché du secteur burkinabè. Son bilan s’établit à 52,4 milliards de F CFA.

L’appel à plus de régulation

S’appuyant sur l’exemple du Nigeria, des voix s’élèvent pour appeler le régulateur bancaire à mettre en place plusieurs agréments permettant une meilleure segmentation du marché de la microfinance. « Le secteur du microcrédit connaît une effervescence remarquable dans notre région marquée par une rapide urbanisation et une démographie galopante. Cela génère une demande accrue de services financiers pour les petites entreprises et le secteur informel, mal abordé par les banques traditionnelles. Ces acteurs trouvent dans les microcrédits une solution viable à leur développement. À Cofina, nous exploitons ainsi les nouvelles technologies pour faciliter et sécuriser les transactions, rendant ainsi le microcrédit plus attrayant », explique Serge Massamba Ndombélé, membre fondateur du groupe Cofina et chargé de la stratégie et de la clientèle institutionnelle.

Financeurs par excellence du secteur informel local qui concentre parfois jusqu’à 80 % du tissu économique, les caisses d’épargne et de crédit sont également des collecteurs de ressources. L’épargne collectée par les six réseaux de la Confédération des institutions financières en Afrique de l’Ouest (CIF-AO) a franchi le cap de 502 milliards de F CFA en 2022.

Disposant de 165 caisses et 806 points de vente avec plus de 5 millions de clients, le réseau a distribué 435,8 milliards de F CFA, en hausse de 14 points sur un an pour un résultat net de 14,5 milliards. Depuis le démarrage de ses activités en 2014, le groupe Cofina estime avoir injecté plus de 1 567 milliards de crédits dans les économies de huit pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. L’an dernier, le groupe a atteint 435 milliards de F CFA de bilan comptant pour quelque 336 000 clients. Bien que le secteur soit de plus en plus attractif, le défi est de garantir la qualité du portefeuille et surtout, de lever des ressources pour se capitaliser et assurer la pérennité du modèle.

Source: JeuneAfrique

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