Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le service de streaming IrokoTV cible une valorisation à huit voire neuf chiffres et réduit la voilure notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana. Le service nigérian de streaming vidéo opère un revirement drastique dans sa stratégie de développement. L’entreprise fondée en 2011 par Jason Njoku cible désormais en priorité les diasporas installées en Europe et en Amérique du Nord, et ambitionne de lever entre 20 et 30 millions de dollars grâce à une future cotation sur le marché des investissements alternatifs de la Bourse de Londres.
Entre 80 et 100 millions de dollars
L’opération, prévue au cours des douze prochains mois, valoriserait le plus grand catalogue en ligne de films de Nollywood au monde entre 80 et 100 millions de dollars selon son fondateur.
La société a même attiré des abonnés caribéens à New York Les discussions avec les courtiers débuteront dans les semaines à venir, indique Jason Njoku, qui détient une participation de 18 % dans cette entreprise sans dette.
Cela signifie que l’entreprise vise un marché plus petit mais plus riche, quitte à perdre jusqu’à 70 % de ses clients au Nigeria et au Ghana. La croissance sur ses principaux marchés d’Afrique de l’Ouest que sont le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire n’est donc plus la priorité pour la plateforme.
« Le nombre d’abonnés internationaux a augmenté l’année dernière sans que l’entreprise se concentre sur eux ou ne dépense de l’argent, explique le patron du ‘Netflix africain‘. La société a même attiré des abonnés caribéens à New York ».
Une base d’abonnés plus durable
Résultat, les prix pour les clients de la diaspora ont été portés à 60 dollars par an contre 25 dollars auparavant, sans que cela ne fasse fuir cette clientèle internationale, affirme l’entrepreneur britannico-nigérian, soulignant le manque d’alternatives de service de streaming pour la diaspora ouest-africaine.
La stratégie d’Iroko est simple et logique « Une base d’abonnés internationaux est beaucoup plus durable et devrait découler sur une croissance du nombre d’utilisateurs internationaux et du chiffre d’affaires moyen par utilisateur en 2021 », ajoute-t-il.
C’est un revirement majeur pour Njoku, qui a annoncé en mai 2020 que la stratégie d’Iroko semblait « assez simple et logique ». « On croyait que notre valeur de sortie était directement proportionnelle à notre capacité à démontrer aux investisseurs ou acquéreurs potentiels la taille, l’échelle et les fantastiques opportunités de divertissement en Afrique. »
Mais les dévaluations successives du naira et le risque que d’autres interviennent l’ont incité à changer d’avis. Le FMI a d’ailleurs déclaré cette semaine que le naira est surévalué à 18 % et qu’une nouvelle dévaluation est nécessaire – avis rejeté par le gouvernement nigérian. Le système actuel de taux de change multiples handicape les entreprises
Une devise plus faible, dit Njoku, fait grimper les coûts tout en réduisant les revenus. La meilleure solution, selon lui, serait de « libéraliser le naira ». Cela conduirait à une monnaie plus faible à court terme, mais le manque de visibilité à terme sur le naira est encore plus critique que son niveau, estime l’entrepreneur de 40 ans.
« Le système actuel de taux de change multiples empêche les entreprises de se projeter au-delà de trois à six mois », déplore-t-il.
Quand Iroko s’est lancé sur le marché en 2015, une cotisation annuelle de 3 000 nairas correspondait à 18 dollars, explique Jason Njoku. Depuis, ce montant est tombé à 7,5 dollars au taux de change officiel du naira et à 6,4 dollars sur le marché parallèle. Iroko a répondu à la crise économique en décembre dernier en multipliant par 3,5 les prix au Nigeria et au Ghana.