Face à Asky, Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire misent sur l’union

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Face à Asky, Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire misent sur l’union
Face à Asky, Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire misent sur l’union

Nelly Fualdes

Africa-Press – Côte d’Ivoire. En se donnant mutuellement accès à l’intégralité de leur réseau respectif, les transporteurs sénégalais et ivoirien rebattent les cartes du paysage concurrentiel ouest-africain. Face à eux, Asky reste soutenu par Ethiopian Airlines, la plus grande compagnie panafricaine.

Des trois compagnies à vocation internationale basées dans la sous-région (hors Nigeria, qui évolue dans un contexte à part), deux ont décidé d’unir leurs forces. La signature, qui se préparait depuis plusieurs mois, comme Jeune Afrique l’avait révélé fin octobre, a finalement eu lieu le 8 décembre à Dakar : Air Sénégal et Air Côte d’Ivoire ont conclu un accord de partage de codes qui doit englober tout leur réseau, et qui devrait être opérationnel « dès le mois de février 2024 », a indiqué le pavillon sénégalais dans un communiqué.

Un partenariat de ce type avait déjà existé en 2019, à la naissance d’Air Sénégal, mais il ne concernait que la route commune aux deux compagnies, Dakar-Abidjan, que les deux transporteurs desservaient quotidiennement, chacun proposant à ses clients la possibilité d’embarquer sur le vol opéré par son concurrent.

Le vendredi 8 décembre 2023 à Dakar, Air Côte d’Ivoire et Air Sénégal ont signé un protocole d’accord pour matérialiser leur volonté de collaboration technique et commerciale avec pour objectif d’optimiser les coûts et d’améliorer l’efficacité opérationnelle.#aircotedivoire #fly pic.twitter.com/oYQ3O4015G

Abandonné quelques mois plus tard, cet accord de coopération renaît donc. Et, cette fois, les deux compagnies veulent aller plus loin que le partage des destinations : elles souhaitent aussi dégager des synergies dans les domaines cruciaux que sont l’achat de carburant, le stock de pièces détachées – un sujet d’actualité brûlante –, la maintenance, ou encore la gestion opérationnelle, en poussant notamment à la reconnaissance mutuelle des licences de pilotes obtenues dans chacun des deux pays.

Près de 50% de destinations en plus

La compagnie sénégalaise, en application stricte du plan de redressement dessiné par sa nouvelle direction et appuyé par KPMG, a en effet impulsé une politique de la main tendue à l’égard des autres transporteurs : outre Air Code d’Ivoire, elle a en effet noué fin septembre un partenariat avec Royal Air Maroc, et annonce être « en cours de finalisation » d’accords de continuation avec Air France pour les destinations de Lyon, Marseille, Barcelone et Milan, qu’elle arrêtera de desservir à compter de la fin de janvier 2024. Grâce à tous ces partenariats, l’offre d’Air Sénégal « augmentera considérablement – de près de 50 % – pour désormais proposer, en propre ou avec ses différents partenaires stratégiques, un total de 29 destinations contre 20 aujourd’hui », annonçait Air Sénégal dans un communiqué paru fin novembre.

D’autres discussions sont toujours en cours, notamment avec le transporteur américain Delta Airlines, afin de proposer des continuations à son Dakar-New York, ou avec South African – à qui Air Sénégal ouvrirait son réseau à partir de Dakar –, ou encore avec Rwandair.

D’autres, enfin, ont été entamées mais ne se poursuivront vraisemblablement pas. C’est le cas de celles avec Asky, qu’Air Sénégal avait approché pour lui proposer un partage de codes pour la route Dakar-Lomé, commente une source proche du dossier, selon laquelle la proposition avait été accueillie avec réserve. « En nouant un tel accord avec Air Côte d’Ivoire, Air Sénégal s’éloigne, de fait, d’Asky », commente notre source.

Ethiopian, un allié de poids

Il faut dire que si le modèle d’Air Sénégal se démarque, notamment par le fait que la compagnie ait acquis quasiment dès ses débuts des long-courriers lui permettant de se lancer vers l’Europe et les États-Unis, entre Air Côte d’Ivoire et Asky, la bataille est plus frontale.

Tous deux ont vu le jour au début des années 2010 (2010 pour Asky, 2012 pour Air Côte d’Ivoire), et ont dès lors affiché l’ambition de devenir LE transporteur ouest-africain. Tous deux ont grossi progressivement en bâtissant un réseau régional, et se considèrent désormais comme assez solides pour acquérir des gros-porteurs et voler au-delà du continent.

Si la consolidation du secteur n’est pas encore en vue – le partenariat noué n’a rien de capitalistique –, deux camps tendent à se dessiner avec, d’un côté, le duo Air Sénégal-Air Côte d’Ivoire, et, de l’autre, Asky, appuyé par son puissant actionnaire Ethiopian Airlines, plus grande compagnie du continent.

Ce dernier « aurait bien aimé pouvoir s’appuyer sur une escale dakaroise pour proposer des vols vers les États-Unis », comme il le fait déjà depuis Lomé et depuis Abidjan, assure notre source. Pour l’instant, cela n’a pas été possible, faute d’octroi de droits de trafic en ce sens par le gouvernement sénégalais. Mais les choses pourraient évoluer. Signataires de l’accord de Yamoussoukro sur la libéralisation du ciel aérien comme de la Zlecaf, le Sénégal comme l’Éthiopie se sont engagés en 2022 dans un projet-pilote de Marché unique du transport aérien africain (Mutaa), censé concrétiser la promesse d’open-sky pour la quinzaine de pays volontaires…

Source: JeuneAfrique

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