Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le 15 juin 2022, le groupe consultatif du Plan national de développement (PND) ivoirien, qui court sur la période 2021-2025, s’est réuni à Abidjan. La rencontre s’est soldée par un succès, les annonces d’investissements dépassant très largement l’objectif fixé. Où en est aujourd’hui la mobilisation de ces financements extérieurs et quelle est la stratégie de développement mise en place, à la fois pour le pays et pour sa capitale économique ? Kaba Nialé, la ministre chargée du dossier, fait le point pour Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Combien de projets du PND concernent Abidjan, et quel est leur état d’avancement ?
Kaba Nialé : Abidjan est la capitale économique. Donc l’essentiel des activités économiques en Côte d’Ivoire se déroule autour de cette grande ville de 6 millions d’habitants, qui grandit vite et produit l’essentiel de la richesse du pays. Dès 2011, le président de la République, Alassane Ouattara, a lancé un certain nombre de projets importants qui concernent la mobilité urbaine, l’assainissement, la construction et l’urbanisation, et les infrastructures portuaires.
Prenons l’exemple des projets d’assainissement qui permettront de gérer la question des eaux de pluie. Lorsqu’il pleut à Abidjan, il y a parfois des inondations, des éboulements et quelquefois des morts tragiques. Il faut également trouver une réponse à la question de l’écoulement des eaux usées et des ordures ménagères que nous générons au quotidien. Une série de projets visent le même objectif : par exemple, l’aménagement de la baie de Cocody, estimé à 188 milliards de F CFA, dont la construction du “5e pont”. Non loin de là, la BAD finance la gestion intégrée du bassin versant du Gourou, qui entre dans sa deuxième phase.
Une nouvelle génération de projets est en phase de démarrage, tels que le Projet d’assainissement et de résilience urbaine [Paru]. Il concerne la construction des infrastructures de gestion des déchets solides, la construction d’une déchetterie à Bingerville, la réalisation d’infrastructures de drainage des eaux de pluie et la mise en place de services pour l’atténuation des risques d’inondation dans les communes d’Attécoubé, de Koumassi, de Marcory, de Cocody, de Yopougon et de Grand-Bassam. Le Projet d’assainissement et d’amélioration du cadre de vie du district autonome d’Abidjan [Paaca], estimé à environ 40,962 milliards de F CFA et financé par la BAD, permettra entre autres la réhabilitation et l’extension de 82,15 km de réseaux d’assainissement des eaux usées dans les zones nord et sud, et la réalisation de 16,15 km de canaux de drainage des eaux pluviales.
Une des préoccupations majeures à Abidjan est la mobilité. Qu’est-ce qui est prévu pour faciliter le transport urbain ? Où en sont les travaux de la ligne 1 du métro d’Abidjan ? Le délai de 2025 pourra-t-il être tenu ?
Les travaux de la ligne 1 avancent bien. Il a déjà fallu concevoir le projet, se mettre d’accord sur le trajet, mener des études, mobiliser les financements. Actuellement, nous sommes en phase de paiement des purges annuelles de recasement, c’est-à-dire les droits des personnes déplacées ou affectées par le projet. Impossible de mener un projet à bien sans prendre en compte ses conséquences sociales. En ce qui concerne le calendrier, la libération des emprises est en cours, sachant que 2025 est un délai déjà repoussé. Pour le moment, nous sommes dans les temps.
En ce qui concerne la mobilité urbaine en général, nous développons plusieurs solutions. Le projet de transport urbain de la ville d’Abidjan est terminé à 75 %, avec notamment les travaux d’aménagement de l’échangeur du rond-point de la mairie d’Abobo et l’aménagement de la voie de contournement “Y4”.
Grâce aux investissements dans les infrastructures, Abidjan est devenue la vitrine du développement de la Côte d’Ivoire. Mais cela a entraîné l’augmentation des loyers et rendu plus difficile l’accès à la propriété. Quelles peuvent être les réponses à ce problème ?
La ville grandit vite et cela crée une certaine pression sur le foncier. Les classes vulnérables et moyennes se retrouvent à la périphérie. L’État doit faire face à la demande croissante de logements sociaux et donner de quoi satisfaire à la fois les acteurs économiques et les populations.
Le but est d’accompagner les producteurs et les assureurs. L’État a donc diversifié la qualité de son offre. Avant, la politique consistait à faire de la vente directe uniquement. Aujourd’hui, la nouvelle politique consiste à faire de la location de logements sociaux, mais aussi de la location-vente. Il faut constituer un fonds de garantie pour les assureurs car, comme vous le savez, nous avons une population très orientée vers le secteur informel dont les revenus ne sont pas toujours réguliers. Un fonds de garantie aux logements sociaux [FGLS] a été mis en place pour soutenir les acquéreurs, ainsi que les constructeurs et promoteurs.
L’État constitue une réserve foncière qui couvre la voirie, le drainage, l’assainissement, l’électricité, et la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière [Sicogi] a été remplacée par l’Agence nationale de l’habitat, chargée de porter cette politique.
Combien de logements visez-vous à terme ?
Dans le cadre de mise à disposition de logements sociaux dans Abidjan et sa périphérie, nous prévoyons la construction de 150 000 logements d’ici à 2025.
Comment prenez-vous en compte la question environnementale dans votre politique de développement urbain ?
Tous les projets d’aménagement, avant financement, doivent faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et social. Les partenaires au développement accordent une attention particulière à ce volet. Ces études, pilotées la plupart du temps par l’Agence nationale de l’environnement, conditionnent l’octroi d’un crédit.
Où en est le projet du « 4e pont », financé par la BAD, dont vous êtes la gouverneure pour la Côte d’Ivoire ?
Il est en retard, du fait des déguerpissements et des purges. À la suite d’un certain nombre d’accidents mortels et d’incidents sur le chantier, le projet a été arrêté par le département de sauvegarde environnemental et social de la BAD. Des procédures de sauvegarde ont été mises en place avec l’opérateur, et le projet a repris normalement. Les travaux suivent leur cours.
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