La Côte d’Ivoire a-t-elle eu tort de faire appel au FMI ?

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La Côte d’Ivoire a-t-elle eu tort de faire appel au FMI ?
La Côte d’Ivoire a-t-elle eu tort de faire appel au FMI ?

Thaïs Brouck

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le conseil d’administration du Fonds monétaire international vient d’approuver un décaissement de 495 millions de dollars pour la Côte d’Ivoire. Mais, avec la hausse des taux d’intérêt, les prêts accordés par l’institution sont de moins en moins avantageux. Explications.

Le Fonds monétaire international a délivré son satisfecit. À l’issue de la première revue de l’accord conclu avec la Côte d’Ivoire en mai dernier, et qui porte sur un financement total de 3,5 milliards de dollars, son conseil d’administration a décidé, le 4 décembre, d’un décaissement de 495 millions de dollars. « Les performances de la Côte d’Ivoire dans le cadre du programme soutenu par le Fonds ont été solides, reflétant l’engagement des autorités à consolider la stabilité macroéconomique, a déclaré Kenji Okamura, directeur général adjoint de l’institution basée à Washington. Sa croissance est l’une des plus élevées en Afrique, et le pays a réalisé l’assainissement budgétaire le plus important de la région de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] au cours des six derniers mois. »

Le FMI table sur une croissance du PIB de 6,5 % en 2024, soit près du double de la moyenne attendue en Afrique subsaharienne. Il salue également les efforts du gouvernement pour réduire son déficit budgétaire.

Un taux d’intérêt variable

L’accord financier conclu avec la Côte d’Ivoire en mai dernier porte sur deux mécanismes distincts. Pour un tiers de l’accord, il s’agit de la facilité élargie de crédit (FEC), qui propose des prêts à taux concessionnels, soit proches de 0 %. Mais, pour les deux tiers restants, il s’agit du mécanisme élargi de crédit (MEDC).

Les taux pratiqués par le FMI se calquent alors sur le taux d’intérêt des droits de tirage spéciaux (DTS, l’unité de valeur du FMI). Celui-ci est fixé chaque semaine « sur la base de la moyenne pondérée des taux d’intérêt des titres de dette à trois mois émis sur le marché monétaire des pays dont la monnaie entre dans la composition des DTS », rappelle la réglementation de l’institution de Bretton Woods.

Ainsi, lorsque les taux d’intérêt augmentent dans les pays riches, le taux d’intérêt des DTS suit. Au 5 décembre, le taux d’intérêt pratiqué était de 4,15 %. Un taux sans commune mesure avec celui pratiqué deux ans plus tôt. Il n’était en effet que de 0,5 % en décembre 2021. Aujourd’hui, il coûte donc plus de huit fois plus cher de faire appel au FMI qu’au lendemain de la crise du Covid-19.

Plafonnement des taux

Ces derniers mois, une réforme en profondeur du système du financement international est réclamée par les pays en développement. En amont des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI d’octobre dernier, le président ivoirien, Alassane Ouattara, avait par exemple plaidé pour un « plafonnement des taux d’intérêt pour les pays à faible revenu ». Force est de constater que l’ancien directeur général adjoint du FMI n’a pas encore été entendu.

Mais, malgré la hausse des taux des DTS, les prêts du FMI restent un moindre mal pour la Côte d’Ivoire. Sur le marché régional, à fin novembre, le pays n’a pu obtenir qu’un taux de 5,5 % pour une émission d’obligations assimilables du Trésor d’une maturité de trois ans. Et, alors que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vient, une nouvelle fois, de relever son taux directeur pour atteindre 3,5 %, les pays de la région ne sont pas près de tourner le dos au FMI.

Source: JeuneAfrique

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