Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao, affirme désormais avec force son statut de leader en matière de transformation locale. Derrière cette dynamique, une volonté politique claire portée par l’État, qui a mis en place une série de mesures incitatives pour booster le broyage du cacao sur le territoire national.
Au cœur de cette stratégie, le nouveau Code des investissements, promu par le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), se distingue par son attractivité pour les acteurs de la transformation industrielle. Il offre aux investisseurs des avantages fiscaux significatifs, notamment des réductions de droits de douane et des suspensions de TVA. Ces dispositifs permettent aux nouveaux entrants d’atteindre la rentabilité de leurs projets avant d’être soumis à des charges fiscales, allégeant ainsi considérablement la phase d’installation.
Depuis 2017, un autre levier essentiel a été mis en œuvre: la politique dite du « DUS différentiel ». Elle accorde un abattement fiscal sur le Droit Unique de Sortie (DUS) aux industriels signataires d’une convention.
En contrepartie, ceux-ci s’engagent à augmenter progressivement leur capacité de transformation sur une période de cinq ans. Les objectifs sont définis en fonction de la capacité de transformation initiale de chaque entreprise et du niveau de valorisation du produit transformé.
En marge du SARA, Yéo Daouda, Directeur adjoint chargé des études de l’industrialisation et de la prospective au Conseil du Café-Cacao, a affirmé au cours d’un entretien accordé à KOACI.COM que « cette politique vise non seulement à stimuler les investissements industriels, mais aussi à diversifier les produits dérivés du cacao transformé localement ».
Autre atout majeur offert aux transformateurs: la garantie de la disponibilité de la matière première. Contrairement aux règles classiques du marché, les transformateurs engagés dans le processus industriel bénéficient d’une flexibilité leur permettant de constituer un stock couvrant jusqu’à un mois et demi de leur capacité de transformation, indépendamment de contrats de vente immédiats. Ce dispositif favorise la continuité de la production, tout en réduisant les risques liés à l’approvisionnement.
Selon M. Yéo, les résultats de ces politiques sont tangibles. En 2011, la capacité installée de transformation du cacao en Côte d’Ivoire était d’environ 530 000 tonnes par an. En 2024, elle dépasse les 1 065 000 tonnes, témoignant d’une nette progression. Le volume réellement transformé a suivi cette dynamique, passant de 431 000 tonnes en 2011 à environ 750 000 tonnes aujourd’hui.
« Cela représente un taux de transformation d’environ 42 %, en progression constante, bien que légèrement en deçà de l’objectif initial de 50 %. Cette situation s’explique par la croissance simultanée de la production nationale, qui vient mathématiquement freiner la progression du taux de transformation, malgré l’augmentation effective des volumes transformés », a-t-il précisé.
Les produits issus de la transformation locale sont variés: masse de cacao (ou liqueur), beurre de cacao, tourteaux et poudre de cacao.
Selon le Directeur adjoint du Conseil du Café-Cacao, cette diversification permet à la Côte d’Ivoire non seulement d’augmenter la valeur ajoutée captée localement, mais aussi de mieux répondre aux besoins des marchés internationaux.
En définitive, les efforts déployés par le Conseil du Café-Cacao et l’État de Côte d’Ivoire traduisent une volonté stratégique de faire de la transformation locale un pilier du développement économique.
« La progression des capacités industrielles, la qualité de la politique incitative et la sécurisation des approvisionnements placent la Côte d’Ivoire sur une trajectoire solide pour renforcer davantage sa place sur l’échiquier mondial, non seulement comme premier producteur, mais aussi comme acteur majeur de la transformation du cacao », a conclu M. Yéo.
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