Bilal Mousjid
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Décriés ou non réalisés, certains projets africains du milliardaire Gautam Adani font peser des doutes sur les ambitions continentales du conglomérat asiatique.
Le milliardaire indien Gautam Adani mise beaucoup sur l’Afrique. C’est du moins ce que laissent entendre les annonces successives du conglomérat dans les médias. Dernière en date: une ambitieuse stratégie hydroélectrique visant à développer pas moins de 10 gigawatts (GW) dans plusieurs pays, dont la Tanzanie et le Kenya. « Bien que le groupe se concentre principalement sur la construction de réservoirs hydroélectriques à pompage en Inde, il est attiré par les pays qui ont une topographie favorable et une demande en hydroélectricité », notait en octobre l’agence de presse Reuters, citant quatre sources proches du dossier.
Deux ans plus tôt, le géant indien, présent dans la production d’électricité, l’industrie portuaire, la logistique ou encore le commerce, avait annoncé un plan d’investissement de plus de 100 milliards de dollars au cours de la décennie. Rien qu’au Maroc, Gautam Adani, qui fait partie du top 20 des hommes les plus riches au monde, avait promis, en octobre 2022, de mener à bien un projet de centrales éoliennes et solaires pour produire de l’hydrogène vert, notamment à destination de l’Europe. Là encore, le projet est ambitieux: 10 GW, soit plus de deux fois la capacité totale d’énergie renouvelable au Maroc.
« Rien de sérieux à ce stade »
S’il venait à voir le jour, le programme d’investissement constituerait un développement inédit d’Adani en dehors de l’Inde. Mais ces annonces n’ont pas été suivies d’effet. Selon le dernier rapport du groupe, où le projet ne figure nulle part, le royaume – qui n’est pas cité une seule fois – ne fait pas partie de sa stratégie. « Il a rencontré le top management de l’Agence marocaine d’énergie solaire – Masen et des responsables publics, mais ça ne va plus loin que des discussions. Rien de sérieux à ce stade », confie une source marocaine qui suit le dossier.
Un autre responsable, dont l’expertise fait autorité dans le domaine de l’hydrogène vert, abonde: « Beaucoup de groupes, comme CWP Global, Engie ou TotalEnergies, avancent en faisant des études ou en installant des équipes dans le pays. Adani n’a rien fait de tout ça. »
ent, le gouvernement cite plusieurs projets énergétiques emblématiques menés par Acwa Power, OCP, Nareva ou encore Taqa Morocco, qui compte injecter plus de 9 milliards d’euros dans le sud du royaume pour la construction d’une centrale d’énergie renouvelable dédiée à la production d’hydrogène vert. En revanche, du groupe Adani, aucune trace. « Les autres avancent contrairement à Adani », constate la même source.
Revers au Kenya
Accusé par la société d’investissement américaine Hindenburg de fraudes dans le but de grossir artificiellement la valorisation de son groupe, avant d’être blanchi dans son pays, Gautam Adani a également essuyé un revers au Kenya, où la Haute Cour a suspendu un marché de plus de 730 millions d’euros signé avec le gouvernement. Fruit d’un partenariat public-privé, ce contrat de trente ans portait sur un projet de transport électrique, mais était décrié pour un « manque de transparence ».
Loin de l’énergie, le géant asiatique fait état, dans son rapport financier de 2023 – où la Tanzanie et le Kenya ne sont pas plus cités que le Maroc – de son intérêt pour certains « marchés émergents » en Afrique « présentant un potentiel inexploité pour l’aéroport et le développement des infrastructures, permettant aux opérateurs indiens de bénéficier de la croissance de l’aviation et de la demande de services ».
Seule l’Afrique du Sud y est mentionnée, comme fournisseur de charbon. « L’objectif d’Adani Enterprises Limited est d’améliorer la sécurité énergétique et transformer la vie des Indiens en reliant l’écart entre la demande de charbon et l’approvisionnement grâce à une exploitation minière responsable et les importations. Nous avons établi une solide base de fournisseurs dans les régions riches en charbon, des régions comme l’Afrique du Sud, l’Australie, les États-Unis et l’Indonésie », précise le document.
Source: JeuneAfrique
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