Emiliano Tossou
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Depuis son annonce, le mécanisme visant à garantir l’interdiction des diamants russes dans les pays du G7 suscite les critiques de plusieurs acteurs, dont les pays africains producteurs de diamants. Ces derniers dénoncent le choix d’Anvers comme unique point de contrôle.
Dans un communiqué conjoint publié avec le Botswana, le mercredi 27 novembre, l’équipe technique du G7 sur les diamants a annoncé la mise en place d’un point de certification de diamants bruts dans le pays d’Afrique australe. Cette décision constitue une victoire clé dans la bataille que mènent les producteurs africains de diamants contre les effets pervers de l’embargo du G7 sur les diamants russes.
« Le Botswana et l’équipe technique du G7 chargée des diamants élaborent actuellement une feuille de route pour combler les lacunes identifiées, afin que le point de certification des exportations soit pleinement opérationnel au Botswana dès que possible l’année prochaine », indique le communiqué.
Afin de sanctionner la Russie pour la guerre qu’elle mène en Ukraine, le G7 interdit depuis le 1er janvier 2024 l’importation des diamants d’origine russe dans les pays membres de ce groupe informel. Le mécanisme destiné à garantir l’interdiction aurait obligé les producteurs ayant des clients dans les pays du G7 à faire transiter leurs diamants bruts par la ville belge d’Anvers, plaque tournante des diamants en Europe. Ce point de contrôle unique a suscité les critiques de l’Angola, du Botswana ou encore de la Namibie, qui jugent le mécanisme injuste.
Ces pays craignent des coûts supplémentaires liés au transit des diamants par Anvers, sans compter l’impact sur la relation directe entre les clients et les producteurs de diamants. Dr M’zée Fula Ngenge, président de l’African Diamond Council, a expliqué à l’Agence Ecofin que le G7 n’a pas mené en amont un travail préliminaire auprès des pays africains avant de prendre des décisions qui menacent pourtant ces pays.
Si l’accord annoncé mercredi avec le Botswana semble être un pas dans la bonne direction, des questions demeurent néanmoins, concernant le statut des diamants produits dans les autres pays africains. Qu’il s’agisse d’Anvers ou de Gaborone, l’obligation de transit des diamants africains par un point de contrôle certifié par le G7 constitue un problème de souveraineté.
« La souveraineté de l’Afrique et son droit à contrôler le destin de l’une de ses ressources les plus précieuses risquent d’être perpétuellement éliminés […] Les pays africains producteurs de diamants peuvent obtenir beaucoup plus de succès en menant et en contribuant à l’aventure de la traçabilité, plutôt qu’en acceptant d’être supprimés par elle », plaide le Dr M’zée Fula Ngenge.
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