Pourquoi la blockchain pourrait rassurer les investisseurs frileux

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Pourquoi la blockchain pourrait rassurer les investisseurs frileux
Pourquoi la blockchain pourrait rassurer les investisseurs frileux

Julien Briot-Hadar

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Selon la Banque mondiale, en moyenne 7,5% de ses décaissements au profit des pays en voie de développement sont détournés vers des centres financiers extraterritoriaux. Le développement de la blockchain peut contribuer à promouvoir une gouvernance plus éthique.

Économiste français, expert en conformité aux normes des entreprises et spécialiste des questions de fraude fiscale

L’année 2023 a été marquée par un retrait massif des investisseurs actifs dans l’écosystème technologique africain. Leur nombre est passé de 1149 en 2022 à 569 en 2023. Dans son rapport annuel 2023, Partech Africa évoque une baisse de 50 %. Le recours à la blockchain est la seule solution pour rassurer les investisseurs. En effet, elle permet à tous les utilisateurs de vérifier la validité et la légitimité des transferts de fonds. Plus besoin donc de faire confiance à un tiers pour maintenir les soldes de compte, ni de compter sur un seul utilisateur pour l’autoriser.

Une solution pour une meilleure gestion des fonds

Réseau « peer to peer », la blockchain est une technologie dont les principes sont décrits pour la première fois vers la fin du XXe siècle. C’est un registre numérique inaltérable, bâti sur la base d’un consensus, entre les participants, de toutes les étapes ou séquences d’une opération. Elle enregistre non seulement chaque transaction, c’est-à-dire les parties, l’heure, la certification et d’autres détails pertinents dans un bloc, mais relie également les informations de chaque bloc de transactions entre elles, ce qui donne une image complète de la vie d’un produit.

Tous les intervenants dans l’utilisation des fonds contribuent à l’enrichissement de la base de données (de chaque bloc correspondant aux étapes des financements), et contrôlent la bonne gestion de ces fonds. Pour garantir la fiabilité et l’intégrité des données, la blockchain fait appel à des « mineurs » choisis parmi ses intervenants – participants au projet financé, contributeurs ou lecteurs – qui, suivant des règles prédéfinies (conditions d’utilisation des fonds) valident les informations avant de les inscrire (pour toujours) sur la blockchain. Les blocs d’informations, horodatés et ajoutés à la chaîne, ne peuvent plus être modifiés et deviennent une preuve électronique de la bonne utilisation des fonds (sujet complexe de la preuve en cette matière d’informations cryptées).

La mise en place de la blockchain pourrait permettre de rassurer les populations locales et mettre fin à des détournements de l’aide au développement. Il ressort d’une étude commanditée le 18 février 2020 par la Banque mondiale qu’en moyenne 7,5% des décaissements de l’institution au profit des pays en voie de développement sont détournés vers des centres financiers extraterritoriaux, comme Singapour, les Émirats Arabes Unis ou Hong-Kong.

Assurer la traçabilité des opérations

L’un des principaux problèmes auxquels les entreprises sont donc confrontées est la traçabilité et la transparence de leurs opérations. Si la blockchain avait été mise en place pour ces décaissements, sur 100 millions de dollars, jusqu’à 7,5 millions de dollars environ n’auraient probablement pas été détournés. À chaque étape de décision, les différents intervenants auraient dû approuver la décision des autres participants, contrôler chaque étape des opérations et ainsi permettre d’éviter tout acte frauduleux. Avec ce moyen, tous les intervenants sont donc des contributeurs à la base de données, mais aussi, en même temps, des contrôleurs de la bonne gestion des fonds. Tous les prêteurs et donateurs autant que la société civile pourront ainsi retrouver la confiance dans la bonne utilisation des fonds prêtés pour le financement de projets. La blockchain peut être un outil, voire l’outil au service des investisseurs pour participer à mieux assurer une bonne gouvernance dans le suivi de certains flux financiers avec le continent africain et, donc, son développement au profit de tous.

En utilisant la blockchain, les gouvernements, les organisations et les individus peuvent renforcer la transparence, la responsabilité et l’intégrité des transactions financières, contribuant ainsi à promouvoir une gouvernance plus éthique. On notera avec intérêt que les Comores, le Ghana ou le Burkina Faso recourent déjà à cette technologie.

Il est clair qu’elle peut contribuer de manière significative à garantir une plus grande crédibilité des transactions, car elle permet un archivage sécurisé et une traçabilité complète de toutes les modifications apportées à un document archivé. En outre, chaque blockchain est protégée par une signature numérique unique qui fait office de clé pour lever tous les doutes restants sur la sécurité de celle-ci. C’est une solution qui impliquerait un contrôle par l’ensemble des intervenants, des prêteurs aux bénéficiaires finaux.

Source: JeuneAfrique

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