
Baudelaire Mieu
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Si la Banque mondiale accuse des retards dans le décaissement des fonds liés à ses programmes d’aide au pays par rapport aux autres institutions de financement, le cadre réglementaire et l’exécution effective des projets n’y sont pas étrangers.
La question du taux de décaissement de la Banque mondiale dans le cadre du programme 2023-2027 avec le gouvernement ivoirien est au cœur des discussions dans les cercles de pouvoir à Abidjan. Et pour cause : les autorités ivoiriennes ont constaté des lenteurs et certains retards de la part de l’institution de Bretton Woods dans le financement des projets de l’État.
En visite le 21 novembre dans les bureaux du Premier ministre, Robert Beugré Mambé, à Abidjan, Marie-Chantal Uwanyiligira, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d’Ivoire, le Bénin, la Guinée et le Togo, a rassuré son hôte quant au fait que l’institution allait accélérer les décaissements en faveur du pays.
Pour l’heure, le taux de décaissement est estimé par le gouvernement à environ 19 %, soit le niveau le moins important de tous les bailleurs de fonds engagés en Côte d’Ivoire, a rappelé le chef du gouvernement dans une sorte de plaidoirie visant à relever le niveau d’exécution des financements.
« La Côte d’Ivoire est l’un des pays dont on a pu augmenter les ressources. Il s’agit non seulement d’un pays d’accueil, mais son poids dans l’économie de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) est extrêmement important. Pour nous, si la Côte d’Ivoire réussit dans ces programmes, c’est toute la région qui se porte mieux, et la Banque aura atteint sa mission de réduction de la pauvreté », lui a répondu la directrice des opérations.
Pourtant, si l’on compare avec les autres bailleurs multilatéraux engagés avec la locomotive d’Afrique de l’Ouest francophone, dont les décaissements avoisinent 40 % – notamment avec la Banque islamique de développement (BID) en tête –, la Banque mondiale fait figure de retardataire. En l’occurrence, les contraintes et formalités administratives sont réputées plus allégées au niveau de la BID qu’au sein de la Banque mondiale.
Selon les estimations du ministère de l’Économie, du Plan et du Développement, le portefeuille de la BID, qui représente 1,5 milliard de dollars pour 21 projets, atteint un taux de décaissement de 47 %. Même son de cloche du côté de la Banque africaine de développement (BAD) qui, au premier trimestre, dans le cadre de sa stratégie pays sur la période 2023-2028, tenait un portefeuille de 45 projets pour un montant de plus de 1 450 milliards de francs CFA (2,21 milliards d’euros environ) pour 40 % d’exécution à date.
De nets progrès
De son côté, le portefeuille actif de la Banque mondiale, adopté en février dans le cadre du partenariat avec la Côte d’Ivoire, est estimé à 7,3 milliards de dollars pour 36 projets axés sur l’amélioration du capital humain, la réduction des inégalités, ou encore la création d’emploi porté par le secteur privé.
Les principaux domaines concernés sont l’éducation et la santé (29 % du portefeuille), le développement durable (28 %) et les infrastructures (27 %), le reste étant ventilé en une multitude de projets multisectoriels, dont, entres autres, l’accompagnement du gouvernement pour favoriser l’accès à l’électricité de plus de 80 % des ménages à l’horizon 2026, et la multiplication par dix du nombre de personnes détenant des titres fonciers.
Toutefois, comme la Côte d’ivoire accuse des retards dans l’exécution des ses projets, et qu’en parallèle les réformes stagnent, la mise à disposition des financements est, elle aussi, retardée. Au passif du pays, on compte la lourdeur des études de faisabilité, des problèmes de gestion financière des projets, ou encore un renforcement de l’environnement institutionnel et réglementaire qui prend du temps. Il est cependant un élément que la Banque mondiale n’hésite pas à mettre en avant : l’indemnisation rapide des populations affectées par l’exécution de nouveaux projets.
Entre 2022 et 2023, la Côte d’Ivoire a réalisé quelques progrès pour booster les décaissements à taux de 9 à 19 % en 2023, mais l’objectif pour le gouvernement est d’atteindre 20 %. Adama Coulibaly, le ministre de l’Économie et des Finances a dû monter au créneau l’an dernier pour faire monter le volume des décaissements.
Source: JeuneAfrique
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