Africa-Press – Côte d’Ivoire. Le 26 mars 1981, la nomination de Mgr Bruno Kouamé comme évêque de la cathédrale d’Abengourou n’a pas été saluée par un tonnerre d’applaudissements. A Bouaké où il se trouvait, ce fut un silence de…cathédrale.
A l’annonce de la nouvelle, tous ses fidèles soutenaient la thèse de sa condamnation à mort. Mgr Eugène Abissa Kouakou, évêque d’Abengourou, est mort le 10 août 1978. Mgr Laurent Yapi, son successeur, a rendu l’âme le 17 août 1980, à la surprise générale.
Dans la stupeur, tous étaient convaincus que le sort de Mgr Bruno Kouamé était scellé. Le 31 mai 1981, le nouvel évêque d’Abengourou lançait cette parole prophétique: « Non, je ne mourrai pas. Je vivrai pour annoncer les merveilles du Seigneur ».
Les Premiers ministres ivoiriens, logés à la même enseigne, sont-ils condamnés à connaître ce même sort!? Parti, le 2 mai 2020 à Paris, pour officiellement un contrôle de routine, le chef du gouvernement, Amadou Gon Coulibaly, a rendu l’âme le 8 juillet de la même année, après son retour au pays, le 2 juillet.
Son successeur, Hamed Bakayoko, vient de le rejoindre dans l’Au-delà. Evacué le 18 février 2021, toujours dans la capitale française, il a passé l’arme à gauche, le 10 mars, soit moins d’un mois, en Allemagne.
En moins d’un an, deux Premiers ministres ont tiré leur révérence. Au point de laisser imaginer qu’un mauvais sort plane sur la primature dont le fauteuil apparaît très risqué. Des rumeurs, comme celles qui ont annoncé depuis plusieurs jours le décès de Bakayoko, soutiennent que le ministre d’État Patrick Achi, intérimaire du défunt Premier ministre nommé le 8 mars, aurait été victime d’un malaise vagal.
C’est la psychose généralisée, amplifiée par des rumeurs persistantes d’empoisonnement. « Les gens ne veulent pas qu’on le dise, mais j’ai été empoisonné », accusait, le 28 novembre 2018, le général de gendarmerie à la retraite Gaston Ouassenan Koné, vice-président du PDCI-RDA.
Et le transfèrement de Hamed Bakayoko, en Allemagne et en urgence, quand son état de santé s’est dégradé à Paris a mis les puces à l’oreille après le sejour dans ce pays de l’opposant russe Alexeï Navalny pour être soigné, en août 2020, d’un présumé empoisonnement.
Sans compter que si Amadou Soumahoro, président de l’Assemblée, rentré au pays le 24 février 2021, a vaincu la mort après des mois de traitement en Turquie, l’état de santé de Jeannot Ahoussou Kouadio, président du Sénat ivoirien, ne rassure pas. Il suit, depuis le 2 juillet 2020, des soins au pays de Merkel pour officiellement une Covid-19 insaisissable. Et personne ne sait quand cet engrenage diabolique va prendre fin.