Africa-Press – Côte d’Ivoire. La décision d’Ahoua Don Mello de briguer la magistrature suprême en octobre prochain marque un tournant inattendu au sein du PPA-CI. L’ancien ministre, vice-président du parti chargé de la promotion du panafricanisme, entend assumer pleinement ses ambitions dans un contexte où l’ombre de l’inéligibilité de Laurent Gbagbo continue de peser lourdement.
Malgré les turbulences internes, Don Mello a confirmé aux confrères de Jeune Afrique sa volonté irrévocable de se lancer dans la course.
« Je déposerai ma candidature. Mais j’espère qu’un dernier sursaut, un dialogue, aura lieu », confie-t-il, soulignant que sa décision est le fruit d’une réflexion approfondie. Ce choix intervient après une lettre adressée fin juin à Laurent Gbagbo, dans laquelle il proposait que plusieurs cadres du parti soient autorisés à présenter leur candidature en prévision d’un éventuel blocage sur la réinscription de leur leader sur les listes électorales. Cette initiative, restée partiellement confidentielle jusqu’à sa fuite dans la presse le 11 juillet, n’a pas manqué de semer le trouble.
Ahoua Don Mello défend sa démarche comme une réponse à un impératif de survie politique pour le parti. Il affirme vouloir prévenir une absence de candidature crédible du PPA-CI, ce qui, selon lui, fragiliserait toute l’opposition. « Il s’agit d’une nécessité absolue pour l’avenir du parti », plaide-t-il, conscient toutefois des crispations provoquées par son initiative.
Au-delà de son propre camp, Don Mello affiche une ambition plus large: rassembler les forces de gauche éparpillées. Il révèle avoir engagé des échanges avec des figures politiques majeures telles que Simone Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan ou encore Mamadou Koulibaly. Représentant régional des BRICS et vice-président d’une alliance internationale liée au même groupe, il affirme vouloir soumettre sa candidature à une concertation plus large avec d’autres leaders de l’opposition, dont ceux du MGC et du FPI. « Le moment venu, nous nous réunirons autour du meilleur profil pour maximiser nos chances », dit-il.
Quant à la question des parrainages, qui inquiète nombre de candidats, il se veut rassurant. « Ce n’est pas un problème », tranche-t-il, écartant d’un revers de main cet obstacle logistique.
Mais ses prises de position n’ont pas été sans conséquences. Au sein du PPA-CI, certains cadres ont vu dans cette posture une tentative à peine voilée de mettre Gbagbo devant le fait accompli, ou pire, de remettre en cause sa ligne politique. En réaction, Laurent Gbagbo a procédé le 23 juillet à l’éviction de deux proches de Don Mello des instances du parti. Ce dernier, en guise de réponse, lance: « On ne peut pas faire ce qu’on reproche aux autres ».
Dans un climat politique tendu, la candidature d’Ahoua Don Mello, connu pour être proche de la Russie entre autres via son engagement au sein des Brics, s’impose comme une nouvelle équation à résoudre, entre fidélité à un héritage politique et volonté de redéfinir les règles du jeu à gauche.
Enfin, comme pour tout candidat déclaré à la candidature pour la présidentielle d’octobre prochain, reste à savoir si l’ancien DG du BNETD obtiendra les parrainages necessaires et si, ensuite, son dossier sera validé par la Conseil constitutionnel.
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